Exposition Louis Le Brocquy au musée Picasso d'Antibes

18 juillet 1989
02m 19s
Réf. 00163

Notice

Résumé :

Rencontre avec le peintre Louis Le Broquy, qui travaille sur les portraits d'écrivains, à l'occasion d'une exposition au musée Picasso d'Antibes.

Type de média :
Date de diffusion :
18 juillet 1989
Source :
FR3 (Collection: Atr2 )

Éclairage

Si l'on juge l'importance d'un artiste à sa cote sur le marché de l'art, Louis le Brocquy, né à Dublin en 1916, est assurément l'un de peintres majeurs de l'Irlande contemporaine. Très introduit dans la milieu culturel irlandais, il s'est lié tant avec des romanciers, Samuel Beckett, Seamus Heaney, qu'avec des artistes plus populaires tels que Bono, chanteur du groupe U2. On a souvent dit de Louis le Brocquy qu'il était un Bacon mondain.

Surnommé le "chasseur de tête civilisé", il s'est illustré en peignant une série de portraits particulièrement forts de personnalités du milieu culturel, qui lui ont été inspirés par les têtes polynésiennes du Musée de l'Homme à Paris. James Joyce, Francis Bacon, Pablo Picasso, Federico Garcia Lorca furent quelques-unes de ses "têtes coupées", et représentent selon lui des "avatars de conscience humaine".

Conforme à la tradition bohème du XXe siècle, Le Brocquy quitte l'Irlande en 1938 pour visiter les principales collections artistiques européennes. Ses premiers travaux sont influencés par Manet, Degas et la peinture espagnole, en particulier le Greco, Vélasquez et Goya. Il évolue ensuite vers le cubisme, traitant dans ses tableaux de la solitude et de la marginalité. Ces thèmes sont notamment prégnants dans sa série sur les gens du voyage, dont les conditions de vie, indépendantes mais précaires, l'interpellent grandement.

Cécile Olive

Transcription

Journaliste
Au château-musée Picasso d'Antibes, Louis Le Brocquy expose jusqu' au 30 septembre plus d'une soixantaine d'études et d'images de poètes, peintres ou écrivains célèbres. Jean-François Tealdi et Bernard Perrano sont allés à la rencontre de ce créateur mondialement estimé qui partage, depuis plus d'un quart de siècle, sa vie entre l'Irlande et la Côte d'Azur.
(Musique)
Jean-François Tealdi
Louis Le Brocquy peint des hommes célèbres comme Yeats, Beckett, Picasso, Joyce ou Lorca parce que, dit-il, ils sont célèbres mais vulnérables et poignants. Né en Irlande, à Dublin, Le Brocquy a été influencé dès son plus jeune âge par la peinture espagnole et notamment par la gradation des blancs et des gris. Même s'il travaille depuis 30 ans à Carros Village, l'influence de ses ancêtres celtes est toujours présente dans ces visages qui vont au-delà de la simple apparence, cherchant à refléter l'intériorité de l'individu. Louis Le Brocquy s'est refusé, toutefois, à reproduire des portraits à une époque où la photographie et le cinéma font cela tellement mieux. Il préfère, au contraire, effacer les traits trop connus pour faire ressortir l'autre image enfouie : celle des hommes hors du commun.
Louis Le Brocquy
Nous sommes si habitués, tous, au visage humain. Nous sommes si accoutumés de regarder le visage en tant qu'une expression de quelqu'un qui est connu par nous que, dans un sens réel, on ne voit plus, on ne voit qu'une conception de cette vision, et pas la vision elle-même.
Jean-François Tealdi
Dans vos portraits, il y a une chose qui n'est pas trop déstructurée. Ce sont les yeux.
Louis Le Brocquy
Peut-être bien les yeux, ce sont le portail principal de... l'entrée principale à l'esprit qui... cette réalité impalpable qui gît derrière la vision extérieure du visage.
Jean-François Tealdi
Louis Le Brocquy, jusqu'au 30 septembre, au château-musée Picasso à Antibes.
(Musique)