Joe Sacco à propos de Palestine une nation occupée

22 janvier 1997
03m 03s
Réf. 00239

Notice

Résumé :

A l'occasion de la sortie de Palestine une nation occupée en France, Joe Sacco définit son livre comme du journalisme de bande dessinée. Il commente l'actualité israélo-palestinienne et critique les accords d'Oslo. Son livre est vendu aux Etats-Unis et à Londres mais pas en Israël.

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22 janvier 1997
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Éclairage

Né à Malte en 1960, Joe Sacco a grandi en Australie puis aux Etats-Unis, où il obtient son diplôme de journalisme à l'Université d'Oregon en 1981 avant de se tourner vers la bande-dessinée. Après un intermède maltais, il fonde et édite le mensuel Portland Permanent Press entre 1985 et 1986, avant de rejoindre, à Los Angeles, l'équipe de Fantagraphics books, tenant une rubrique dans The Comic Journal.

A la même époque, il crée le journal satirique Centrifugal Bumble-Puppy. Publiant son autobiographie graphique Yahoo (1988-92), il voyage à travers l'Europe en 1988 puis en Israël en 1992 : il en résulte Palestine, qui réunit les albums Palestine : Une nation occupée (1993) et Palestine : Dans la bande de Gaza (1995). Ce roman graphique de non-fiction, le premier du genre, dans lequel il met l'innovation graphique au service de l'engagement journalistique, lui vaut le prestigieux American Book Award en 1996.

Après la Palestine, ce sont Sarajevo en 1995 - une expérience dont il tire Soba (1998) et d'autres histoires réunies plus tard dans War's end (2205) - et La Hague, où il couvre les procès des criminels de guerre bosniaques pour le magazine d'Art Spiegelman, Details, en 1998. En 2000, Gorazde, basé sur son expérience dans l'ex-Yougoslavie, achève de le consacrer comme l'un des auteurs de bande dessinés les plus novateurs de la planète.

Aurélia Caton

Transcription

Laure Adler
Alors je sais pas si Vertige Graphique est une grosse maison d'édition, dans le sens où vous l'entendez, mais en tout cas c'est une formidable maison d'édition puisqu'elle vient d'éditer ce livre de Joe Sacco, Palestine, une nation occupée. Alors là on abandonne, on abandonne le combat entre le texte et le dessin, puisque Joe Sacco, vous pratiquez soit des pages entières de dessin, soit des pages entières de texte. Est-ce qu'au départ, Palestine, une nation occupée, c'était un reportage ?
Joe Sacco
J'ai étudié le journalisme au collège, à l'université, et en tant que gamin, je faisais des bandes dessinées et je voulais mettre les deux choses ensemble, alors j'ai considéré ça vraiment comme un reportage. Mais sous forme de bande dessinée, c'est du journalisme de bande dessinée. Je crois qu'il y a des tas de choses qu'on peut faire avec la bande dessinée sous cette forme. Vous pouvez dépeindre les réalités dans des situations comme celles-là, en Palestine, visuellement. Mais vous avez aussi, il faut inclure un petit peu du texte pour faire passer une explication politique et pour donner le contexte de ce que vous voyez.
Laure Adler
Alors vous avez vu les tous récents évènements politiques, est-ce que vous croyez à cette paix, est-ce que vous vous félicitez de la libération d'Hébron ?
(Silence)
Joe Sacco
Ecoutez, les accords d'Oslo, bon moi j'ai un problème avec les accords d'Oslo, parce que les Palestiniens se sont rendus. Et je suis content que ils ont quitté la part de Hébron, qu'ils ont laissé mais il y a toujours des implantations, il y a des implantations à l'intérieur d'Hébron et je crois que les problèmes vont continuer. Et mon problème principal avec ce qui se passe maintenant c'est, il semble que les Palestiniens, que l'Autorité palestinienne est devenue en fait les adjoints des Israéliens à Gaza et en Cisjordanie.
Laure Adler
Est-ce que votre livre est vendu à la fois en Israël et en Palestine ?
Joe Sacco
Non, autant que je le sache, non. C'est arrivé jusque là-bas, les gens l'ont acheté à Londres et l'ont rapporté des Etats-Unis. J'ai été interviewé par la presse israélienne sur ce bouquin, donc je sais qu'il est arrivé là-bas mais pas, c'est pas vendu de façon ouverte là-bas.
Laure Adler
Qu'est-ce que vous préférez, qu'on dise de ce livre qu'il est un grand reportage, dans le sens noble du terme, qu'il est une réflexion politique ou qu'il est un livre d'art ?
Joe Sacco
C'est, ça dépend des lecteurs. Pour moi, c'était, ça reflète ma personnalité. J'ai senti que je pouvais aller en Palestine et que j'aurais pu écrire quelque chose en prose, je l'aurai fait. Mais je pense que je suis un écrivain dans le corps d'un, quelqu'un qui fait des bandes dessinées, c'est ce que j'ai fait.