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Les frères Dardenne

22 mai 1999
02m 14s
Réf. 00270

Notice

Résumé :

Au Festival de Cannes, projection de Rosetta, le film sombre et réaliste des frères Dardenne. Interview de l'interprète principale, Emilie Dequenne.

Type de média :
Vidéo
Date de diffusion :
22 mai 1999
Source :
A2 (Collection: JA2 20H )
Personnalité(s) :
Emilie Dequenne / Luc Dardenne / Jean-Pierre Dardenne / Béatrice Schönberg
Thèmes :
Lieux :

Éclairage

C'est à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes que Luc et Jean-Pierre Dardenne, réalisateurs pourtant déjà expérimentés (surtout de films documentaires) avaient été révélés au grand public avec le choc de La Promesse où brillait un comédien prometteur, Jérémie Renier.

Ils réitèrent le "miracle" avec Emilie Dequenne trois ans plus tard, cette fois-ci dans le "grand bain", la compétition cannoise. Si la presse, époustouflée par le réalisme militant, la virtuosité des plans en caméra portée et l'énergie inextinguible de Rosetta qui promet à raison un prix d'interprétation à l'actrice, l'étonnement est grand et les huées nombreuses chez les "professionnels de la profession" à l'annonce de la Palme d'or.

Depuis, le paysage cinématographique européen s'est habitué au naturalisme cru des Dardenne, avec Le Fils (prix d'interprétation cannois à Olivier Gourmet en 2002) puis L'Enfant, une deuxième Palme d'or en 2005 - un privilège rare qu'ils partagent avec Emir Kusturica.

Charlotte Garson

Transcription

Béatrice Schönberg
En compétition pour ce dernier jour, Rosetta réalisé par les frères belges Luc et Jean-Pierre Dardenne. Comme ils le disent eux-mêmes, ils font un cinéma qui regarde la vie, et dans ce long métrage qui pourrait valoir un prix d'interprétation à la toute jeune comédienne, la vie est plus que sombre et souvent désespérante. Antoine Cormery et Bruno Livertout.
Antoine Cormery
Dans ce royaume du luxe et de l'opulence qu'est la Croisette, la présence d'Emilie Dequenne est comme une provocation tant cette jeune comédienne de 17 ans est, à l'écran, une incarnation inoubliable de Rosetta. Aux antipodes des palaces de la côte, Rosetta vit dans une caravane avec sa mère. Chaque jour, comme on part à la guerre, elle s'en va à la ville avec la rage de s'en sortir.
[Film]
« Entrez dans mon bureau. Entrez dans mon bureau, je vous dis ! C'est vrai que t'as dit que j'étais souvent en retard ? Peu importe, ce n'est pas le problème. Tu l'as dit ou pas ? J'ai signalé tes deux retards. J'ai dit que c'était à cause du bus... Pourquoi vous avez dit qu'elle l'avait dit ? Peu importe, ce n'est pas la raison pour laquelle vous avez été remerciée. Je fais bien mon travail ou pas ? Oui. Alors pourquoi est-ce que vous voulez que je parte ? Je vous l'ai dit. Vous avez été remerciée parce que vous avez terminé votre période d'essai. Pourquoi moi alors que je fais bien mon travail ? Parce que vous êtes la seule à avoir terminé votre période d'essai. Allez vous changer, revenez dans mon bureau. Non. ».
Emilie Dequenne
Disons que Rosetta est une fille qui a un peu la rage au coeur, beaucoup, d'ailleurs. Je crois qu'elle court après sa vie normale surtout. Elle essaie de la rattraper et c'est épuisant pour elle.
Antoine Cormery
Les coups que donne Rosetta témoignent paradoxalement de la fragilité d'un être rejeté en bordure du chemin comme des millions d'autres.
Luc Dardenne
Sur ces genres de personne qui sont exclues de la société et qui essaient de rentrer dedans, de se faire reconnaître, d'exister, pas seulement de vivre comme des animaux mais d'exister pour des autres êtres humains, des gens comme ça, on en rencontre beaucoup.
Jean-Pierre Dardenne
Si tout le monde regarde un peu, tout le monde peut rencontrer des Rosetta. C'est pas... on vit quand même dans une société qui a produit et qui continue à produire de multiples et de multiples Rosetta.
(Musique)
Antoine Cormery
Terminé in extremis pour le festival, ce film servi par une interprète exceptionnelle vous laisse un profond sentiment de malaise : celui d'avoir aperçu, à travers les paillettes et la soie, la terrible réalité de la vie.