Atmosphere at the 1962 Cannes Festival

François Chalais

La projection des "Amants de Teruel", le film le plus discuté, jusqu'à présent, du festival allait commencer. Les conversations étaient celles qui sont les nôtres depuis déjà douze jours. Ici, on se plaignait, comme chaque année, d'ailleurs, y compris les bonnes, du petit nombre d'oeuvres véritables présentées au public. Et là, en revanche, on soulignait que dans leur ensemble, les films étaient tous, peut-être, trop uniformément de qualité honorable. Aucun n'affirmait que ce qu'on a vu de plus passionnant, c'était pas un long métrage mais un film court : "La Rivière du Hibou". Bref, dans l'attente de la "Jeanne d'Arc" de Robert Bresson et de "Divorce à l'italienne" de Petro Germi, on jouait sur le mode aimable et grinçant qui est de règle, ici, au repos des festivaliers. C'est alors que le scandale éclata. Un scandale, enfin, le premier. Le voici tel que nous l'avons vu. Un scandale plus bête que méchant, d'ailleurs. Un scandale bête à pleurer. Espérons, pourtant, qu'elle ne pleurera pas trop, cette petite oie désireuse de montrer inconsidérément qu'elle n'est plus blanche. Et dépêchons-nous d'oublier puisque ceux qui lui ont fait accomplir de tels gestes avaient oublié qu'elle avait à peine seize ans. Pendant ce temps, cocktails, conférences de presse et réceptions se succèdent. On oublie le rythme effréné des projections à l'aide de champagne, de petits-fours, de saucisson truffé avant le lendemain d'oublier les crises de foie de la veille grâce au secours lénifiant des projections.