Ce que pense Michel Audiard du Festival de Cannes

06 mai 1964
01m 33s
Réf. 00089

Notice

Résumé :

Entretien avec Michel Audiard, venu présenter en compétition à Cannes "Cent mille dollars au soleil", qui pense que le Festival est devenu une "foire amusante" et qui se moque de l'avis des jurés sur son film.

Type de média :
Date de diffusion :
06 mai 1964
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Transcription

Journaliste
Il est aussi agréable de se trouver sur la Côte d'Azur au moment des premières chaleurs. A défaut des starlettes appartenant semble-t-il à une espèce révolue, les plaisirs de la plage demeurent, avec leur cortège de jolies filles dévêtues, indifférentes en apparence seulement à ceux qui les admirent. Mais Michel Audiard, lui, ne s'intéresse qu'au festival.
Michel Audiard
En son temps, le Traité de Westphalie a eu une utilité. On a un peu oublié laquelle, et je crois que le festival de Cannes, c'est le même cas. Ça a correspondu à quelque chose à sa création et puis, maintenant, c'est devenu une sorte de foire amusante. D'ailleurs si elle se passait à Hénin-Liétard, il n'y aurait personne. A Cannes, c'est agréable.
Journaliste
Pourtant, vous êtes là.
Michel Audiard
Ben, je suis là parce que j'ai ... d'abord ma correction pour mes interprètes, pour mon metteur en scène. Et puis, c'est de la balade. Après, je vais aller jouer aux boules à Saint-Paul de Vence. Moi, je me marre ici. Nous, on a sorti "100 000 dollars au soleil" il y a une semaine. On a fait 90 000 entrées la première semaine. Qu'est-ce que vous voulez que ça me foute que 12 personnes de plus enfermées dans une chambre décrètent que ce film est bon ou mauvais ? Ça m'indiffère totalement. Mais pour le cinéma, moi je suis pour les semaines du cinéma français partout. Et à Cannes qui s'y prête admirablement, pourquoi ne pas faire une grande quinzaine du cinéma mondial ? Moi, ça m'intéresserait demain qu'il y ait une conférence sur le cinéma avec Chaplin, avec John Ford, avec des gens comme ça, avec De Sica. Enfin, des gens qui nous intéressent. Je vous assure qu'il y aurait du monde. Beaucoup plus que pour photographier les miches des starlettes sur la plage.
Journaliste
Peut-être qu'il y a moins de vedettes qu'autrefois aussi.
Michel Audiard
Il y a moins de filles aussi. Pour les producteurs, c'est ennuyeux.
Journaliste
C'est une raison mineure.
Michel Audiard
Oh, oh, on dit ça !