Starlettes, les coulisses de l'exploit

17 juin 1965
12m 52s
Réf. 00100

Notice

Résumé :

Reportage décalé et décapant sur les starlettes, jolies jeunes filles venues à Cannes dans l'espoir de se faire remarquer par un producteur ou un metteur en scène. L'une d'elle est venue avec sa mère, une autre aborde tous les gens de cinéma qu'elle rencontre, etc.

Type de média :
Date de diffusion :
17 juin 1965
Source :

Transcription

(Musique)
Claude Thomas
Cela se passe à Cannes, au temps du festival, mais non pas du côté de la pompe et des orgues de la renommée. Sans mention dans la grande presse mondiale, sauf parfois à la rubrique des faits divers, en cas de malheur. On les rencontre partout, de midi au petit matin, et elles sont tant à aller et venir aux abords du prestigieux palais, qu'on perd très vite toute intention de distinguer l'une de l'autre. Alors, que justement, chacune d'elle n'est venue que dans l'espoir d'être remarquée parmi toutes les autres et il arrive que les coulisses du festival retentissent de leurs exploits en tout genre.
Inconnue
" Tu recherches toujours tes cils ? ", " Oui ", " Oh, écoute ", " Alors, qu'est-ce qu'il a dit ? ", " Il a dit qu'il voulait absolument te faire des photos à Saint Trop, que c'était très très joli, qu'il avait de très jolies chaussures, et qu'il avait absolument besoin, de toi, et qu'en même temps, il attendrait la fin du festival parce que je lui ai dit qu'il n'en était pas du tout question, que tu étais débordée ".
Nanette
" Oui, j'y vais à neuf heures ".
Interviewer
Elle est venue avec maman et prépare la chose comme une première partie de bac.
Nanette
" A onze heures ? Parce que moi, j'ai une autre séance ".
Claude Thomas
Ou un concours de gymnastique.
Nanette
" Non, ils veulent que je sorte avec eux ".
Claude Thomas
Et chaque personnage rencontré prend valeur d'examinateur.
Inconnu
Le soir, il fait froid, c'est normal parce que c'est la mer. Mais il a fait chaud, aujourd'hui.
Claude Thomas
Comme pour tout examen, il y a des épreuves orales. Le monsieur a ou n'a pas de bonnes intentions. Il est ou il n'est pas influent au festival. Comment savoir sans essayer ?
Inconnu
J'ai acheté un appartement ici, à Cannes, à cause du port. C'est fait, à la Croix de garde, au Rêve d'or. Vous en avez entendu parler ? Je crois que c'est la plus belle affaire de Cannes. Il est nouveau ? Il sera terminé dans quelques mois, il est presque terminé. Ses jardins sont magnifique, un parc extraordinaire. Ils ont gardé le parc, ils ont rasé la villa, et ils ont gardé la piscine, ils ont tout gardé, d'un richissime milliardaire. Quand ton bateau est dans l'axe du point que tu veux suivre, tu remets la barre légèrement avant, et souvent, même, tu la mets un peu plus.
Claude Thomas
Il y a aussi et surtout des exercices pratiques.
Inconnu
Là, tu sais, tu vas aller droit dans l'eau... Mets-toi au fond du bateau.
Claude Thomas
La barre, le sourire, le bikini et la conversation doivent aller de pair en un savant équilibre qui pourrait mener sinon à un bout d'essai du moins à un brin de conduite jusqu'à la porte d'un studio. A ce jour, pourtant, personne ne la connaît encore. Et cependant, elle a déjà un nom.
Nanette
Moi ? Mon prénom ? Nannette.
Adeline
On espère toujours. Comme je vous ai dit, tout à l'heure, si on n'espérait rien, on se tirerait une balle dans la tête. On dirait : "Laissons cette vie matérielle, retournons dans le spirituel". Mais comme moi, j'aime que les choses soient faites chaque chose en son temps, moi, je le dis : j'aimerai bien trouver quelque chose, pas qui me permette d'être célèbre (je m'en fiche absolument) mais là, je serai peut-être un petit peu matérialiste, mais enfin, j'aime être franche et je dirai que j'aime l'argent parce que j'aime la good life. D'ailleurs, je n'aime pas l'argent pour l'argent. Je n'aime pas l'argent en soi. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, on n'aime pas en soi, on aime par rapport à quelque chose. Donc, j'aime l'argent parce que l'argent me permet, par exemple, de vivre au Carlton, ce qui n'est pas déplaisant, d'avoir de belles robes, ce qui n'est pas déplaisant non plus. De bien manger. Qu'est-ce que vous voulez ? Moi, j'aime bien être nourrie. J'aime la good life et je suis très franche. Je suis comme tout le monde. Là-dessus, je crois que je parle une langue universelle, tout le monde me comprendra.
Claude Thomas
Très franche et presque simple, Adeline est venue seule. Mais avec de sévères principes. Connaître tout le monde et se faire reconnaître du plus grand nombre. Si vous la suivez au bar du Carlton, vous pourrez apprécier sa technique, sachant qu'elle rencontre pour la première fois tous ceux à la tête desquels elle va se jeter. A l'abordage ! Attention, un plongeon sur Christian-Jacque sans filet.
Adeline
" Qu'est-ce que vous faites là ? ", " Je tourne ! ", " Ah oui ? Vous tournez quoi ? ", " Je tourne en rond, à la recherche d'un rôle. Je cherche. Je ne trouve pas. Quand on cherche trop, on ne trouve pas ", " Mais vous trouverez ", " Oui, j'ai du talent, n'est-ce pas. Nice to meet you again ".
Claude Thomas
Signalé un anglais à bâbord. Un américain à tribord. Et très vite, un piqué à mort sur Henri Verneuil. Fin du premier round, match nul. Romy mais pas Schneider, hélas pour elle, pour vous aussi peut-être.
Inconnu 2
" Voyons un peu ce qu'on va faire avec cette tête et ces cheveux ? "
Claude Thomas
Son coiffeur pense qu'elle est bien partie. Mais les coiffeurs ne font pas encore partie du jury. Alors... A dire le vrai, l'abordage n'est pas le point fort de Romy. Aussi, faute de gravir du premier coup les escaliers de marbre de la renommée, Romy descendra l'échelle du premier bateau à concours : celui des photographes de presse. Et chacun sait que d'une photo bien placée peut dépendre une carrière complète avec tête d'affiche, Cadillac, piscine, etc. Mais tirer la photo n'est rien. Et Romy en possède déjà quelques centaines. C'est le cliché sur les rotatives qui compte. Et pour cela, il faut gagner sans tricher, en souriant à tout, même au mufleries. Et bien non, elle n'a pas gagné le prix. En prévision du prochain concours, il reste les leçons particulières. Et celui-ci connaît justement, paraît-il, tous les secrets. Que les puritains se rassurent : cela se passe en plein jour, au beau milieu de la croisette. Ce soir, à force d'acrobaties et d'équilibre en tout genre, Romy aura un peu mal aux reins. Mais au bout de la route, peut-être, il y aura une photo à la une. Oui, demain peut-être, Nanette, Adeline ou Romy seront starlettes, après-demain, vedette. Claudine Auger est là, à toutes les premières pages pour témoigner que la chose est possible et que la technique est bonne. Peut-être même un jour, par la grâce de quelque James Bond réussiront-elles l'exploit suprême, telle Ursula Andress, de descendre en déesse entre les colonnes du temple du cinéma les marches de la gloire. Alors, les étonnements polis de Christian-Jacque ou d'Henri Verneuil, les mains vagabondes des photographes, les monologues des messieurs à appartement de luxe, le strip-tease permanent sur capot de voiture ou pont de bateau ne seront plus que mauvais souvenirs. Mais comme on le dit vulgairement, " Il fallait le faire ".