Palmarès du festival de Cannes 1978

30 mai 1978
06m 57s
Réf. 00450

Transcription

(Musique)
Journaliste
TF1, 20 heures avec Dominique Baudis. Palmarès de Cannes : la palme d'or pour "L'Arbre aux sabots" de l'italien Olmi. La française Isabelle Huppert, grand prix d'interprétation féminine pour son rôle de "Violette Nozière". Des extraits des films primés, des commentaires de notre envoyé spécial Eric Gilbert. Libération des prix industriels : le gouvernement engage une opération de réarmement économique pour renforcer les entreprises. Conséquences de ces libérations, un exemple concret : celui d'une casserole qui augmentera de 4 à 5 %. Sommet de l'Otan : Carter lance une mise en garde aux soviétiques et appelle les occidentaux à la vigilance.
Dominique Baudis
Bonsoir. Il aura fallu une très longue délibération pour que les jurés du festival de Cannes se décident, à l'unanimité, à couronner un film italien, "L'Arbre aux sabots" signé par Ermanno Olmi. Différents prix ont été également attribués à d'autres oeuvres et à certains comédiens. Nous y reviendrons dans un instant avec Eric Gilbert qui présentera, dans le détail, tout ce palmarès de Cannes. Tous les critiques et tous les festivaliers, comme on dit dans le jargon, sont, en tout cas d'accord pour souligner la qualité de ce festival 78. Près de cinq cent films ont été projetés à Cannes durant ces deux semaines, et ils témoignent, dans l'ensemble, de la bonne santé du cinéma mondial. Au bout du compte, c'est le cinéma italien qui se détache, et très largement. Ermanno Olmi, donc, je vous le disais, pour "L'Arbre aux sabots", qui obtient la palme d'or, mais aussi un prix spécial du jury décerné à Marco Ferreri pour son "Rêve de singe". Notons, au passage, que cette réussite du cinéma italien qui obtient, deux années de suite, la palme d'or, couronne la coopération qui s'est instaurée dans ce pays, entre le grand et le petit écran. L'année dernière, déjà, "Padre Padrone", qui avait obtenu la palme d'or, était un produit de la télévision italienne, comme "L'Arbre aux sabots" de cette année. Le cinéma français, maintenant. Il figure au palmarès grâce à Isabelle Huppert qui obtient le prix d'interprétation féminine pour sa "Violette Nozière" de Claude Chabrol. Le festival de Cannes, avec l'immense brassage qu'il représente, nous donne l'occasion de faire un peu le bilan de santé de l'industrie cinématographique. Et en France, finalement, contrairement à ce que l'on entend dire, souvent, le cinéma ne se porte pas si mal. Avec plus de deux cent films par an, la France figure parmi les plus gros producteurs du monde. Elle devance, par exemple, et assez nettement, les Etats-Unis. Quant au public, et là aussi, contrairement aux idées reçues, il ne boude pas les salles de cinéma. Bon an, mal an, on compte cent soixante dix, cent quatre vingt millions de places vendues et près de la moitié pour voir des films français. Certes, dans la mesure où la fréquentation est constante alors que la production augmente, la concurrence, d'année en année, se fait un peu plus vive et chaque film lancé sur le marché n'est pas assuré du succès. Il n'empêche que le cinéma est loin de dépérir. Et la télévision n'est pas condamnée à lui porter ombrage. Bien au contraire, d'ailleurs, si l'on en juge par l'exemple italien et ce surperbe "Arbre aux sabots" sur la quallité duquel tous les jurés sont tombés d'accord. Cannes, Eric Gilbert.
Eric Gilbert
Unanimité du jury, unanimité de la critique, reste, maintenant, à connaître le verdict du public. Car "L'Arbre aux sabots" est un film sans vedette au rythme volontairement lent (il dure trois heures) qui raconte la vie des paysans lombards à la fin du siècle dernier. C'est une série de tableaux sur leurs travaux et sur la condition de ces fermiers exploités par leurs propriétaires. A l'image du réalisateur Ermanno Olmi, un cinéaste qui a toujours vécu loin des milieux du cinéma, c'est une oeuvre prenante mais discrète.
de film Extrait
[italien]
Eric Gilbert
"Rêve de singe" de Marco Ferreri et "The Shout" de Jerzy Skolimowski, les deux films qui se partagent le grand prix spécial du jury tournent, eux, autour de thèmes beaucoup plus spectaculaires et plus inquiétants. "Rêve de singe", c'est l'homme confronté à ce qu'il croit être son double à l'occasion d'une crise de civilisation. Et "The Shout", c'est une histoire de possession : un individu qui prétend avoir des pouvoirs extraordinaires va manipuler le couple dont, un jour, il a forcé la porte. Ce rôle est tenu par l'acteur anglais Alan Bates.
de film Extrait
[anglais]
Eric Gilbert
Les français, eux, à Cannes, n'auront eu, finalement, qu'un lot de consolation : le prix d'interprétation féminine qu'Isabelle Huppert doit, d'ailleurs, partager avec l'actrice américaine Jill Clayburgh. Isabelle Huppert, vingt quatre ans, est couronnée pour "Violette Nozière" de Claude Chabrol. Elle incarne la jeune fille qui, en 1933, avait empoisonné son père et sa mère. Dans l'extrait que nous allons voir, nous retrouvons Isabelle/Violette confrontée à sa mère qui, elle, avait survécu à cet empoisonnement.
de film Extrait
Non ! Supprime-toi, malheureuse. Tu ne peux plus vivre maintenant. Maman, pardon, je t'en supplie, maman. Je te pardonnerai après le jugement, quand tu seras morte. Je n'ai pas voulu te tuer, maman !
Eric Gilbert
Comme tous les palmarès de Cannes, ce palmarès, ce soir, est discuté et même critiqué. Certains reprochent aux jurés leur timidité voire leur conformisme. Mais demain, sans doute, les passions cannoises se seront apaisées, et de toute façon, en appel, ce sont toujours les spectateurs qui ont le dernier mot.