Philippe Noiret parle de "Fort Saganne"

11 mai 1984
05m 46s
Réf. 00455

Notice

Résumé :

Philippe Noiret parle du personnage qu'il interprète dans "Fort Saganne" d'Alain Corneau, présenté hors compétition au 37ème Festival.

Date de diffusion :
11 mai 1984
Source :
FR3 (Collection: SOIR 3 )

Transcription

Geneviève Guicheney
Mesdames, messieurs, bonsoir. Le trente septième de Cannes a ouvert ses écrans il y a tout juste deux heures. Il reste, au fil des années, le premier festival de cinéma du monde. Cette fois encore, le tout cinéma mondial est au rendez-vous. Le film du gala d'ouverture, présenté hors concours, est "Fort Saganne" dont vous voyez, ici, les trois principaux interprètes : Gérard Depardieu, Catherine Deneuve et Philippe Noiret. Mais nous allons tout de suite en savoir davantage avec Henry Chapier en direct de Cannes. Le festival, Henry, s'annonce-t-il aussi chaud que le désert de "Fort Saganne" ?
Henry Chaplin
Oui, Geneviève, parce que vous n'avez pas pu voir la suite des images que vous avez projetées. Il y a eu une véritable empoignade pour s'approcher de Deneuve, Depardieu et Philippe Noiret. Et moi, il faut que je vous avoue qu'il y a longtemps que je n'avais pas vu ça, ici. Il y a comme un retour au Star System et une grande faveur pour les films de grand spectacle comme celui d'Alain Corneau. Il faut aussi que je vous dise de quoi il s'agit. "Fort Saganne", c'est vraiment l'exaltation de l'épopée coloniale. Ca se passe en 1912. C'est un retour, si vous voulez, à un cinéma romanesque où ce qui compte d'abord, ce n'est pas du tout l'idéologie mais le héros, le roman, les sentiments, et la valeur exemplaire d'une expérience vécue comme celle du personnage de Depardieu dans le désert, c'est-à-dire celle de Saganne. Et bien, c'est un film, évidemment, qui donnera lieu à quelques controverses, je dois vous dire, parce qu'il n'est pas tout à fait dans l'axe où on l'attend. C'est-à-dire que c'est un film dont l'idéologie n'est pas tout à fait à la mode. C'est, d'ailleurs, assez surprenant qu'il ait ouvert le festival, et c'est tant mieux. Je voulais que vous regardiez, à présent, des images qui sont d'une très grande beauté car ce film-là, vraiment, n'a plus rien du tout à envier au grand cinéma américain, absolument rien. C'est un très beau film du point de vue de la mise en scène, de l'image, du spectacle. Voilà les images de "Fort Saganne".
de film Extrait
(bruits)
Henry Chaplin
C'est un peu notre Lawrence d'Arabie, n'est-ce pas, Geneviève ? Je voulais, à présent, que vous entendiez Philippe Noiret, son point de vue à lui sur ce film dont il est une vedette aussi importante que Gérard Depardieu. Philippe Noiret a, en effet, un rôle capital et il a un regard tout à fait à lui sur le film qu'il vient de faire. Ecoutez-le, écoutez Philippe Noiret à propos de "Fort Saganne":
Philippe Noiret
J'avais lu le roman de Gardel bien avant qu'on ne me propose quoi que ce soit dans le film. C'était un roman qui m'avait beaucoup touché, qui m'avait passionné et touché énormément et beaucoup ému car je trouvais que pour la première fois depuis longtemps, il y avait un regard lucide sur ces personnages qui ont été, au début, je veux dire dans les années 30 et 40, magnifiés, peints avec des couleurs bleu blanc rouge et flatteuses, et ensuite, je veux dire, je parle des militaires qui ont été tant décriés dans les années 60 et 80. Et je pense que pour une fois, dans le roman de Gardel, comme dans le film, on s'aperçoit que ces militaires sont des hommes et qu'ils sont plus nuancés que ce qu'on avait l'habitude de voir jusqu'ici ou de lire sur eux. Il est bien évident que c'est un personnage qui est inspiré, ou tout du moins, qui est de la famille des Lyautey ou de ces gens-là, c'est-à-dire de ces espèces de pro-consuls de la France parce qu'ils avaient une liberté absolument totale ou presque totale puisque les relations avec Paris, avec le gouvernement étaient très difficile donc ils prenaient des initiatives. Ensuite, alors, plus particulièrement pour Dubreuil, je pense que c'est un aristocrate et qu'il est évident qu'il ne porte pas un amour énorme à la République mais qu'il a un amour de la France et une notion de la mission colonisatrice de la France, qui est une chose, encore une fois, sur laquelle on peut discuter, mais qui a existé et qui a été le moteur de tas de gens à cette époque-là.
Henry Chaplin
Jack Lang viendra nous rejoindre tout à l'heure sur ce plateau, non pas en tant que ministre mais plutôt en tant qu'amoureux du cinéma. A tout à l'heure, Geneviève.