Manifestation d'anciens combattants à l'occasion du procès Jeanson [muet]

septembre 1960
01m 03s
Réf. 00007

Notice

Résumé :

Manifestation d'anciens combattants contre le réseau Jeanson, réseau de militants « porteurs de valises » pour le FLN et militants actifs pour la paix en Algérie, emprisonnés à Paris.

Type de média :
Date de diffusion :
septembre 1960
Source :
AF (Collection: Non Utilisés )
Personnalité(s) :

Éclairage

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Francis Jeanson (1922-2009) avait fui le STO et rejoint les Forces françaises libres d'Afrique du Nord. Une douzaine d'années plus tard, en 1957, ce philosophe anticolonialiste continue le combat. Il créé le réseau Jeanson chargé, pour le FLN, de collecter des fonds qui proviennent d'un impôt révolutionnaire. Après le démantèlement de son réseau en 1960, il quitte la France, échappant ainsi à la prison. En effet, jugé par contumace, il est condamné pour haute trahison à dix ans de réclusion et ne revient en métropole qu'après son amnistie, en 1966.

Quoi qu'il en soit, le procès du réseau qui commence le 5 septembre 1960 est considéré comme étant un moment fort de la guerre d'Algérie au cours duquel les opposants à celle-ci purent largement s'exprimer. De plus, le jour même où s'ouvre le procès est publié le Manifeste des 121, un texte rédigé par Dionys Mascolo et Maurice Blanchot, et signé par des intellectuels. Titré « Déclaration sur le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie », le texte clarifiait la situation en usant du vocable « guerre » pour qualifier les faits. « Ni guerre de conquête, ni guerre de "défense nationale", ni guerre civile, la guerre d'Algérie est peu à peu devenue une action propre à l'armée et à une caste qui refusent de céder devant un soulèvement dont même le pouvoir civil, se rendant compte de l'effondrement général des empires coloniaux, semble prêt à reconnaître le sens. C'est, aujourd'hui, principalement la volonté de l'armée qui entretient ce combat criminel et absurde, et cette armée, par le rôle politique que plusieurs de ses hauts représentants lui font jouer, agissant parfois ouvertement et violemment en dehors de toute légalité, trahissant les fins que l'ensemble du pays lui confie, compromet et risque de pervertir la nation même, en forçant les citoyens sous ses ordres à se faire les complices d'une action factieuse et avilissante ».

Probablement filmées le jour du procès ou à proximité de celui-ci, des images ont capté ce moment où d'anciens combattants d'Afrique du Nord sont réunis devant la prison du Cherche-Midi pour manifester leur désapprobation face aux actions du réseau. Le fait qu'elles n'aient pas été diffusées est plus significatif encore que le sont ces images relativement sobres et montrant des manifestants déterminés mais calmes. Comment en effet ne pas y voir en effet le geste de la censure, soucieuse de ne pas rendre visibles les tensions susceptibles de fissurer l'opinion ?

Béatrice Fleury