Troubles et répression en Tunisie

07 février 1952
55s
Réf. 00034

Notice

Résumé :

Au début de l'année 1952, la Tunisie est secouée par des émeutes. Les forces françaises interviennent violemment dans la région du Cap Bon.

Date de diffusion :
07 février 1952
Source :
Lieux :

Éclairage

Les spectateurs français ne découvrent véritablement la crise politique tunisienne qu'en 1952. La Tunisie n'était jusqu'alors que très rarement évoquée sur les écrans de cinéma – si ce n'est dans l'édition régionale des Actualités françaises projetée en Afrique du Nord. L'éruption de violence du début de l'année 1952 contraint la presse filmée à rendre compte de la contestation nationaliste, même si les informations restent des plus sibyllines.

La note du 15 décembre 1951 qui mettait abruptement un terme à un processus de réformes déjà sévèrement enlisé a inauguré une période de tensions. L'attitude du nouveau résident général Jean de Hauteclocque met le feu aux poudres. Les arrestations de leaders néo-destouriens se multiplient, provoquant des émeutes dans tout le pays. Le journal filmé privilégie nettement les victimes françaises, en évoquant la mort tragique du colonel Durand, en charge de la subdivision de Sousse, abattu alors qu'il tentait de négocier avec les manifestants.

La région du Cap Bon est, avec le Sahel, la plus agitée : des fermes sont pillées et incendiées, des colons et des gendarmes pris à partie. L'expédition punitive menée par les troupes françaises s'accompagne de maintes brutalités. La presse américaine, la première, se saisit du scandale. Les Actualités françaises montrent ici des images rares de la répression, probablement fournies par l'armée dans le but de répondre aux accusations. C'est une bien curieuse « opération de police » que présente le commentateur, une opération de police qui met en scène des soldats et des tanks. Les images des blindés au milieu des « gourbis » témoignent d'un déploiement de force disproportionné : il s'agit autant d'étouffer la rébellion que de faire un exemple.

Les vues de Tunis présentent le même décalage entre, d'une part, des images de guerre et, de l'autre, le caractère euphémistique du commentaire. En réaction aux exactions dans le Cap Bon, l'Union générale tunisienne du travail et le Néo-Destour lancent, le 1er février, une grève générale qui transforme la médina de Tunis et ses environs en ville morte. « Aucune agitation ne s'est produite et la ville est demeurée parfaitement calme », se réjouit le commentateur devant les images menaçantes des soldats stationnés Porte de France devant des faisceaux de fusils.

Morgan Corriou

Transcription

Journaliste
La Tunisie fait le bilan de ses journées de trouble. Les obsèques du colonel Durand, assassiné à Sousse, alors qu’il essayait de parlementer avec les manifestants, se sont déroulées à Takrouna en présence de monsieur de Boisséson, représentant le Résident général. Cependant, les opérations de police menées dans la région du Cap Bon, foyer particulièrement actif de l’agitation, ont permis de découvrir des dépôts d’armes, parmi lesquelles certains fusils tronqués destinés à servir d’engins d’assaut.
(Musique)
Journaliste
A Tunis enfin, à la suite d’un ordre de grève générale, tous les souks de la médina ont fermé ainsi que les boutiques avoisinant le marché central. Aucune agitation ne s’est produite et la ville est demeurée parfaitement calme.
(Musique)