Prospection de pétrole dans le Sahara

18 septembre 1957
03m 09s
Réf. 00073

Notice

Résumé :

Reportage sur les activités de prospection menées par la France dans le Sahara, notamment dans le domaine énergétique.

Date de diffusion :
18 septembre 1957
Source :
Thèmes :

Éclairage

Alors que la guerre d'Algérie bat son plein, la découverte de gaz et de pétrole dans le désert est une parfaite occasion à la fois de montrer le savoir-faire français, et de créer un lien indissoluble entre l'Algérie et la France. Heureux hasard, les recherches, initiées en 1946 par la SN Repal (Société nationale de recherche de pétrole en Algérie), aboutissent en 1956 avec la découverte d'énormes gisements de pétrole à Edjeleh et Hassi-Messaoud, et de gaz à Hassi R'Mel. La production est rapidement très importante, avec 8,6 millions de tonnes de pétrole en 1960 et 15,6 millions de tonnes en 1961, juste avant l'indépendance. D'énormes infrastructures sont construites pour amener le gaz et le pétrole du désert jusqu'à la Méditerranée. Ces éléments seront importants dans les négociations entre la France et les représentants de l'Algérie indépendante.

Le sujet, d'une durée très longue de plus de trois minutes, s'appelle en fait « Bâtir sur le sable », comme on le voit sur le générique de début. Diffusé le 18 septembre 1957, il met en avant la fièvre prospective française dans le domaine énergétique au Sahara, en prenant soin de créer à plusieurs reprises des liens forts entre les deux côtés de la Méditerranée. Il commence d'ailleurs sur la situation de l'industrie française, indiquant que le pétrole est désormais très recherché, et poursuivant sur l'évocation de l' « immense mérite des Français » d'avoir prospecté aussi loin dans le désert, « l'une des zones les plus hostiles de la planète ». C'est même une « bataille du pétrole » qui est évoquée, « l'esprit d'entreprise » des Français étant souligné sur fond de musique rythmée et de cuivres, qui fait place aux cordes quand le speaker évoque « des ports algériens en sommeil » comme Bougie (Béjaïa) « ranimés » par le commerce à venir. Car le pétrole « est vital pour l'Algérie, comme l'Algérie est vitale pour la France », apprend-on vers la fin, sur fond d'infrastructures. Ainsi, le discours passe de l'économique au politique, le contexte de la guerre d'Algérie n'étant pas abordé mais étant bien présent dans la tête de tous les spectateurs. Le film se termine sur fond de flamme dans le désert, tandis que la musique tonitruante s'achève : « La France a toujours su saisir la planche de salut que lui tendait le destin. Aujourd'hui cette chance ultime, cette occasion de redressement, s'appelle Sahara ». Le texte pourrait difficilement être plus clair sur la nécessité de conserver l'Algérie française.

Sébastien Denis

Transcription

(Musique)
Journaliste
Le lancement d’un pétrolier pourrait être le symbole moderne de l’activité, de la prospérité. Dans un monde avide d’énergie, le prestige du pétrole ne fait que grandir. Comme tous les chantiers navals du monde, ceux de France ont leurs carnets de commande bloqués pour plusieurs années. Dans le même temps, de nouvelles réserves énergétiques sont prospectées. Le pétrole facilite la recherche pétrolière dans les immensités désertiques dont la véritable conquête commence avec l’apparition du moteur. Au Sahara, la mission Hardouin Dubreuil a ouvert la voie. Les premières autochenilles parties à l’assaut des dunes de sable préfiguraient les monstres mécaniques qui, un quart de siècle plus tard, allaient être engagés par la France dans la bataille du pétrole. Nul ne dira assez l’immense mérite des Français qui, en dix ans, ont mis sur pied cette prospection à des centaines de kilomètres de la mer, dans une des zones les plus hostiles de la planète.
(Musique)
Journaliste
Certes, l’enjeu en valait la peine. Dans un territoire neuf fois grand comme la France, c’est une surface représentant une fois et demie celle de notre pays qui est actuellement prospectée. Et le sous-sol déjà exploré a révélé l’existence de réserves dépassant un demi-milliard de tonnes. Un certain nombre de gisements, dont les noms hier inconnus sont aujourd’hui célèbres, sont parvenus au stade de l’exploitation, et les recherches continuent.
(Bruit)
Journaliste
On a coutume de charger les Français de tant de défauts qu’il nous plaît de souligner l’esprit d’entreprise et les talents d’organisateur dont ils font preuve au Sahara, et cela dans les plus petits détails de cette œuvre gigantesque.
(Musique)
Journaliste
Le succès est venu couronner ces efforts, révélant à tous, du même coup, que l’avenir de la France, de l’Afrique du Nord et de toute l’Afrique noire était au Sahara. Le pétrole n’aura pas seulement pour effet de ranimer les ports algériens en sommeil comme Bougie. Le pétrole est vital pour l’avenir de la France, de l’Afrique du Nord et de l’Afrique noire, vital pour l’Algérie, comme l’Algérie est vitale pour la France. Il permettra de résoudre notre problème de devises étrangères en rendant la France énergétiquement indépendante. Dans tous les domaines, les prolongements de cette œuvre sont incalculables. C’est ainsi que la nécessité de rechercher de l’eau pour les forages a révélé l’existence de nappes souterraines dont l’exploitation pourrait permettre de vivifier le désert. Et encore, ce désert n’a-t-il pas révélé aux hommes toutes ses possibilités. Seule la partie septentrionale a été jusqu’ici prospectée. Le Sud reste encore une énigme et laisse place à d’autres espoirs. Dans les circonstances difficiles qu’elle a traversé dans son histoire, la France a toujours su saisir la planche de salut que lui tendait le destin. Aujourd’hui, cette chance ultime, cette occasion de redressement s’appelle Sahara.