Entrée des troupes françaises dans Hanoï

11 avril 1946
01m 11s
Réf. 00129

Notice

Résumé :

Un mois après la reconnaissance de facto par la France de la République démocratique du Vietnam, les troupes françaises, avec à leur tête le général Leclerc, commandant en chef des des forces françaises d'extrême-orient, font une entrée triomphale à Hanoï, où elles relèvent les troupes chinoises.

Date de diffusion :
11 avril 1946
Source :

Éclairage

Le 18 mars 1946, suite aux accords franco-chinois du 28 février et aux accords Ho Chi Minh-Sainteny du 6 mars 1946 permettant le débarquement des troupes françaises à Haïphong, le général Leclerc et ses hommes font « dans Hanoi une entrée solennelle saluée par les troupes chinoises qui leur laissaient la place ». Dans le montage, il n'existe aucune image des troupes chinoises et encore moins du salut rendu aux soldats français, mais, au moment de les évoquer s'ajoute soudain un effet sonore reproduisant les clameurs d'une foule en liesse. Si à l'époque, l'actualité permettait sans doute aux spectateurs de comprendre immédiatement ces cris de joie comme l'expression stylisée (puisqu'il n'y avait alors aucune prise de son direct) du soulagement des Français d'Indochine, il reste que la précipitation du montage sonore crée de nos jours une lecture ambigüe, associant ces acclamations à l'attitude des troupes chinoises. Après quelques plans d'ensemble en plongée, ces cris de joie sont définitivement identifiés aux Français amassés pour fêter l'arrivée du Corps Expéditionnaire Français d'Extrême-Orient. Les valeurs de plan (en plongée, contre-plongée, travelling embarqué depuis une jeep pour mieux saisir la dynamique des mains qui se tendent au passage des troupes françaises, etc.) sont là pour rappeler l'imagier collectif de la Libération des villes métropolitaines. Le choix des plans vise à mettre en évidence qu'il s'agit d'un même événement partagé de la même manière par la France et sa colonie. Ainsi, le passage de la jeep conduite par Leclerc et dans laquelle Jean Sainteny a pris place, montre-t-il à quel point il est difficile pour le général de se frayer un chemin parmi la foule reconnaissante.

La scène suivante signifie le retrait des troupes chinoises du Tonkin en montrant le départ du général chinois Lu Han. On peut noter aux côtés du général Leclerc, Jean Sainteny (en costume à droite de Leclerc sur le plan du perron), mais aussi le colonel Salan (en uniforme à gauche de Leclerc sur le plan du perron). Le commentaire précise « Le général Leclerc à qui le Vietminh faisait une garde d'honneur », mais le montage ne présente aucun plan venant illustrer ce moment.

Après une nouvelle scène de la foule amassée au pied de l'Hôtel de ville pour saluer Leclerc, le commentaire ajoute avec emphase : « Au sein de l'Union française, demain, l'Indochine va reprendre sa route ». Posée dans ce document audiovisuel daté de mars 1946 comme une certitude sur l'avenir, l'intégration du Vietnam dans l'Union française (sorte de Commonwealth à la française) est alors pourtant loin d'être acquise, comme le prouve le « clash d'Hanoï » (19 décembre 1946) qui provoque l'entrée en guerre définitive.

Delphine Robic-Diaz

Transcription

(Musique)
Journaliste
Au Tonkin, après l’échauffourée regrettable de Haïphong, les Français ont fait, dans Hanoï, une entrée solennelle saluée par les troupes chinoises qui leur laissaient la place. Un enthousiasme chaleureux a accueilli les Français.
(Musique)
Journaliste
Et le général Leclerc, au volant de sa Jeep, a été l’objet d’une ovation inoubliable. Après avoir reçu les adieux du général Lu-Han, commandant en chef des forces chinoises en Indochine du Nord, le général Leclerc, à qui les troupes du Viêt Minh faisaient une garde d’honneur, a dû se montrer à la foule qui le réclamait. La France, que certains croyaient pouvoir dire absente du cœur de l’Indochine, n’en est pas sortie. Au sein de l’Union française, demain, l’Indochine va reprendre sa route.
(Musique)