Les premiers (et derniers) Jeux de la Communauté, Madagascar, avril 1960 (1ère partie)

13 avril 1960
05m 30s
Réf. 01039

Notice

Résumé :

Les jeux de la communauté, séquence 1. Présentation des jeux à Madagascar, images des athlètes de tous les pays de la communauté dans les marchés, rencontres et amitiés, puis entrée au stade et discours officiels.

Type de média :
Date d'événement :
13 avril 1960

Éclairage

En 1958, le modèle fonctionnel du Commonwealth britannique est sans aucun doute à l'esprit des dirigeants français lorsque se dessine le modèle de la Communauté (1958-1960), pensé explicitement – comme le nom le suggère d'ailleurs – comme un ensemble similaire à celui constitué autour de la Grande-Bretagne au début des années 1930. En effet, lorsque la Grande-Bretagne avait établi en 1931 le Commonwealth of Nations, il s'agissait à la fois d'intégrer sur un pied d'égalité ses dominions « blancs » (Australie, Nouvelle-Zélande, etc.) et d'assurer de façon pragmatique la continuité entre l'empire colonial de l'époque victorienne et de nouveaux rapports impériaux plus informels : le parallèle est facile à faire avec l'échafaudage institutionnel qui, en 1958, préside à l'instauration de la Communauté franco-africaine. Un certain nombre de pratiques et de symboles visaient à resserrer les liens entre Londres et ses anciennes possessions : réunion annuelle des chefs d'État et des Premiers ministres, création d'un secrétariat permanent, choix de fêtes commémoratives et... prolongation, sous le nom de Jeux du Commonwealth (1930) des rencontres sportives inter-coloniales qui s'étaient progressivement établies depuis le début du XXe siècle.

C'est une tentative semblable qui est faite par la France, avec l'organisation d'une grande rencontre sportive à Tananarive du 13 au 19 avril 1960, sous les auspices du président malgache Philibert Tsiranana. Ce dernier profite notamment de l'occasion pour conforter son pouvoir, affirmer la position particulière de Madagascar et resserrer ses liens avec la France gaullienne. On repère dans ce petit film divers moments des premières heures de l'événement : présentation des joueurs, discours et ouverture officielle des jeux. Huit cents athlètes, dans 19 délégations distinctes, sont réunis pour s'affronter dans huit disciplines sportives. Ils viennent non seulement des divers territoires de l'ex-empire, mais également de France même. L'ouverture officielle est assurée au stade Mahamasima par le président de la République malgache, Philibert Tsiranana, et par le Haut-Commissaire français à la Jeunesse et aux Sports, Maurice Herzog.

Si les intentions affichées étaient de resserrer les liens au sein de la Communauté, l'objectif des premiers (et derniers) Jeux ont, de ce point de vue, largement raté leur objectif (voir la notice : Les premiers (et derniers) Jeux de la Communauté – 2e partie).

Sophie Dulucq

Transcription

Journaliste
A Tananarive cependant ce retour de la saison sèche a eu cette année une conséquence inhabituelle. Mêlée au va et vient quotidien des rues, des silhouettes insolites aux allures sportives sont apparues. Par petits groupes, 800 athlètes venus des horizons des plus divers découvraient la vie quotidienne de la capitale de la grande ile. En effet, à la suite d’un vœu émis par le sénat, le conseil exécutif de la communauté avait pris la décision de préparer les premiers jeux de la communauté. Le gouvernement Malgache ayant proposé de les organiser, il fut décidé qu’ils auraient lieu à Tananarive. Pour tous les athlètes les premières prises de contact devaient s’établir sur le plan humain. Les premières paroles, les premiers sourires se sont échangés au hasard des rencontres dans les rues.
(Musique)
Journaliste
Et puisque dans tous les pays du monde les rues convergent vers le marché, c’est au marché, le Zoma, que nos sportifs se sont le plus souvent retrouvés, attirés par les scènes traditionnelles et colorées du grand marché de Tananarive. Il faut dire que les spécialités locales ont beaucoup contribué à faciliter les rapprochements. L’infinie variété des couvre-chefs, notamment, a été l’occasion d’abondants échanges d’impression où la bonne humeur était naturellement de rigueur.
(Musique)
Journaliste
Mais, pour instructives et profitables qu’elles soient, ces rencontres ne constituaient cependant qu’un prélude.
(Musique)
Journaliste
Ceinturé par les collines, dominé par l’ancien palais de la reine, le stade Mahamasina attendait les athlètes et la foule de plusieurs milliers de spectateurs qui allaient chaque jour peupler ces gradins. Autour du président de la république Malgache, monsieur Tsiranana, et du haut-commissaire à la jeunesse et au sport, monsieur Herzog, des représentants des autorités de tous les pays participants allaient participer à l’ouverture officielle des jeux sur ce stade au nom symbolique, puisqu’il signifie le lieu où on devient sacré. Après avoir remercié le gouvernement Malgache d’avoir bien voulu organiser cette manifestation, monsieur Maurice Herzog dira : « cette rencontre est l’expression d’une volonté librement affirmée de rapprochement et de confrontation. Ce que servent ces jeux tient en un seul mot : l’amitié ». De son côté le président Tsiranana, avant de déclarer ouvertes les épreuves, devait s’adresser aux athlètes et leur donner à méditer ces ultimes conseils. « Entraînez-vous à vous apprécier, à vous mesurer sans passion Ne vous livrez pas à un chauvinisme étroit, mais affrontez-vous avec la volonté de faire honneur à votre pays. Que les amitiés que vous nouerez sur ce stade soit le souvenir que vous emporterez de ces jeux ». Nous allons revoir les principales épreuves qui ont illustré ces premiers jeux grâce aux films qui ont été tournés en cette occasion par les actualités françaises.
(Musique)
Journaliste
13 Avril 1960, autour du président Tsiranana, 15 000 spectateurs sont prêts à applaudir la confrontation sportive des 19 états et pays de la communauté. Du Congo et du Gabon à la Mauritanie, du Mali aux confins du Tchad, un flot d’athlètes et d’officiels étaient arrivés quotidiennement grâce à un véritable pont aérien qui reliait aussi bien la grande île à la France qu’aux Antilles et aux îles du Pacifique.
(Musique)
Journaliste
Après le défilé, le président Tsiranana se fait présenter toutes les délégations.
(Musique)
Journaliste
Il s’attarde auprès des athlètes de Madagascar et encourage ses champions, en particulier Rodary, Randrianasola et Rabemila. Ce fut à Rabemila que revint l’honneur de prononcer à haute voix ce serment olympique que tous les athlètes redisent en même temps dans le secret de leur cœur : « je jure de combattre avec loyauté pour l’honneur de mon pays »
(Musique)
Journaliste
Les jeux sont commencés