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Allocution de Georges Pompidou en 1969

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 16 mai 1969

Discours de campagne électorale de Georges Pompidou, candidat UDR à la présidence de la République en 1969.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
16 mai 1969
Production :
INA
Page publiée le :
2003
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000115

Contexte historique

Par Eve Bonnivard

La démission inattendue du général de Gaulle ouvre la voie à une nouvelle élection présidentielle anticipée. Georges Pompidou, qui avait déjà laissé entendre lors d'un voyage à Rome qu'il serait candidat, le confirme dès le 29 avril. Celui qui se présente comme l'héritier naturel du Général (auquel il rend un hommage appuyé au début de l'extrait) place d'emblée sa campagne sous le double signe de la continuité et du changement, ouverture directe aux modérés qui avaient "lâché" de Gaulle en avril 1969 ou aux centristes qui l'avaient combattu.

Cette tactique apparaît payante puisque se rallient à sa candidature, Valéry Giscard d'Estaing et des Républicains Indépendants, ainsi qu'un certain nombre de centristes comme René Pleven, Jacques Duhamel ou Jean Lecanuet. Face à lui, la gauche apparaît divisée et impuissante. C'est en fait du centrisme d'opposition que va venir le danger. L'issue du référendum et l'intérim qu'il exerce en tant que Président du Sénat ont fait connaître Alain Poher, qui talonne Pompidou dans les sondages.

Mais le premier tour du scrutin, le 1er juin 1969, confirme le statut de grand favori de Georges Pompidou : avec 43,9% des suffrages ; il devance nettement Alain Poher (23,4%) et Jacques Duclos (21,5%). La gauche non-communiste, elle, s'effondre : Gaston Defferre ne recueille que 5,1% des suffrages, Michel Rocard 3,7% et Alain Krivine 1,1%.

Éclairage média

Par Eve Bonnivard

Lors de la campagne présidentielle de 1969, la télévision n'a plus ce caractère de nouveauté qu'elle avait en 1965. L'image du candidat, sa personnalité, son aisance devant les caméras prennent désormais de l'importance. Une aubaine pour Pompidou qui est, naturellement, très télégénique. "Pompidou avait l'habitude d'un auditoire, c'était un professeur qui préparait ses cours… Il sentait le public. La télévision, il s'y est mis très vite. "Soyez-vous même à la télévision", c'était sa réflexion et il l'était tout à fait. Avec une pointe de pittoresque, le sourcil charbonneux, l'œil noir, l'éclat du regard, de temps en temps la férocité d'un mot. "C'était un bon candidat", témoigne Michel Jobert. [Présidentielles, les surprises de l'histoire, 1965-1995, Olivier Duhamel et Jean-Noël Jeanneney, Seuil, 2002].

Le professeur de lettres, amateur d'art, a pourtant peu de goût pour l'audiovisuel moderne, à l'inverse du général de Gaulle, qui reconnut à plusieurs reprises le "talent" des réalisateurs. Mais il a su mettre les moyens de communication moderne au service de sa "résistible ascension" politique - pour reprendre l'expression de Pierre Viansson Ponté -, notamment lors des causeries au coin du feu. Dans cette allocution, Pompidou met l'accent sur le rôle qu'il a joué dans le déroulement des événements de mai 1968, rappelant : "Il fallait tenir : d'abord rétablir l'ordre sans faire couler le sang, sans nous jeter dans la guerre civile. Il fallait remettre la France au travail (...) et puis déjouer le complot politique". Et concluant : "C'est à ce moment-là que j'ai compris que quand viendrait le jour, je n'aurai pas le droit de me dérober".

Par décence vis-à-vis du général de Gaulle, Georges Pompidou souhaite une campagne modérée. Pour autant, il ne renonce pas au temps d'antenne qui lui était attribué, variant entre des allocutions solennelles et des interviews avec des journalistes ou des hommes politiques de sa majorité. De même il intervient à plusieurs reprises sur les ondes des radios périphériques. Toutes ses interventions visent à imposer l'image d'un homme énergique, compétent, modéré et proche des préoccupations quotidiennes des Français, image d'une politique de continuité et d'ouverture.

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