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Allocution d'Alain Krivine candidat de la LCR en 1969

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 17 mai 1969

Discours de campagne électorale d'Alain Krivine, candidat de la Ligue Communiste Révolutionnaire à la présidence de la République en 1969.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
17 mai 1969
Production :
INA
Page publiée le :
2003
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000119

Contexte historique

Par Eve Bonnivard

C'est la première fois qu'un candidat trotskiste se présente à l'élection présidentielle. La surprise est de taille : le mot d'ordre de la Jeunesse communiste révolutionnaire (devenue entre temps la Ligue communiste révolutionnaire), n'était-il pas, lors des législatives de 1968, "élections piège à cons" ? Alain Krivine s'en explique dans Présidentielles, les surprises de l'histoire : "La participation dépend des scrutins (…) Bien sûr, il y a des périodes exceptionnelles où l'élection apparaît comme la trahison d'un mouvement social. En 1968, ce mot d'ordre "élections piège à cons" était juste. Mais il ne faut pas en faire une théorie. La gauche traditionnelle a essayé d'enterrer un mouvement extraparlementaire dans les urnes".

En avril 1969, Alain Krivine est à l'armée. Il apprend que la Ligue qui, depuis sa dissolution par le gouvernement en juillet 1968, s'est réorganisée dans la clandestinité, a décidé de le présenter à la présidentielle. Dans la Constitution, il est prévu que le candidat à la présidence doit avoir satisfait à ses obligations militaires. S'ensuit donc un débat de juristes qui dure plusieurs semaines, pour savoir si le candidat y a satisfait ou pas. Le ministre de l'Armée Pierre Messmer tranche finalement en sa faveur.

Au soir du premier tour, Alain Krivine recueille 240 000 voix, soit 1,05% des voix. Pour un candidat qui se réclame de 1968, c'est très faible même si, à l'époque, la LCR a le sentiment d'être sortie de la marginalité, de s'être fait connaître.

Éclairage média

Par Eve Bonnivard

Alain Krivine raconte avoir "gardé un souvenir épouvantable de ces épreuves télé" : "On était assis derrière une table, il n'y avait pas de téléprompteur, et hop ! il fallait réciter son truc. Je n'avais pris aucun cours (…), j'avais déjà un peu l'habitude de parler en public mais devant cette espèce de caméra, avec le rouge qui s'allumait, le "top", les officiels derrière, les contrôleurs de la commission machin (…) Absolument glaçant".

On ne saurait le détromper sur ce point : encravaté, raide, docte, le militant révolutionnaire, en se pliant aux règles de la campagne télévisuelle officielle, semble s'être transformé en candidat bourgeois. Sans doute plus à l'aise dans un meeting, il apparaît là emprunté. Le contraste entre le fond de son discours, aux accents violemment révolutionnaires, et la forme de son intervention est saisissant.

Autre paradoxe : le candidat trotskiste à la présidentielle n'a de cesse de brocarder l'élection, allant jusqu'à dire que "jamais la gauche socialiste ne pourra imposer ses solutions par les urnes", et que "nous ne faisons aucune confiance au bulletin de vote". Quel est, alors, le sens de sa candidature ? Tenter par les urnes ce qui a échoué dans la rue ? Ou simplement porter la parole de 1968 ? La référence, omniprésente, à 1968, laisse penser que Krivine se veut le candidat de Mai 68 et ne se prête au jeu électoral que pour mieux, en cas de victoire, le subvertir. Mais retourner contre la bourgeoisie les armes dont elle se sert, n'est-ce pas une tactique révolutionnaire déjà classique ? [Présidentielles, les surprises de l'histoire, 1965-1995, Olivier Duhamel et Jean-Noël Jeanneney, Seuil, 2002]

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