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Proposé par Institut national de l’audiovisuel
Date de diffusion : 12 oct. 1945 | Date d'évènement : 09 août 1945
Dans ce sujet d'actualité, la physique de l'atome est expliquée pour faire comprendre avec des schémas le principe de la réaction nucléaire utilisée pour les bombes expérimentées aux États-Unis puis larguées sur les villes japonaises de Hiroshima et Nagasaki.
Contexte historique
Le 6 août 1945, une bombe atomique à l'uranium est larguée sur Hiroshima ; le 9 août, Nagasaki, ville située plus au sud, est rayée de la carte par l'explosion d'une autre bombe fabriquée cette fois avec du plutonium. Outre les milliers de victimes (au moins 150 000 morts immédiates), l'utilisation des bombes atomiques marque un tournant capital dans l'histoire de l'humanité : désormais l'homme possède un moyen de destruction massive.
Malgré leur caractère tragique, ces bombardements sur le Japon ne suscitent pas en 1945 dans le camp des alliés, et en France notamment, une vague de désapprobation. Ceci s’explique par le fait que l’Europe est elle-même meurtrie par six années de guerre, marquées par des destructions et des drames majeurs. Ensuite, le Japon est alors considéré comme un ennemi, un empire allié d'Hitler et du camp nazi et fasciste, qui viennent d’être vaincus en Europe. Il fait aussi noter une curiosité du public pour la technologie utilisée, l'atome, qui est alors très récente en 1945 et dont les effets sont impressionnants. L’archive ci-dessus montre comment un large public s’intéresse ainsi à la manière dont elle a été élaborée.
L'histoire de technologie nucléaire a en effet débuté à la fin du XIXe siècle : la radioactivité est découverte en 1896 par le Français Henri Becquerel ; en 1898, Marie Curie introduit le terme radioactivité pour décrire les rayons émis par l'uranium, le thorium, le polonium et le radium : en 1911, le Néo-Zélandais Ernest Rutherford découvre que l'atome est constitué d'un noyau et d'autres particules élémentaires, les électrons et les protons ; en 1934, les Français Irène et Frédéric Joliot-Curie utilisent la réaction nucléaire pour créer de nouvelles matières, au même moment que l'Italien Enrico Fermi. Ce dernier, réfugié aux États-Unis pendant la guerre réalise, le 2 décembre 1942, la première réaction atomique contrôlée dans un réacteur atomique installé sous les gradins du stade de l'université de Chicago.
Dans le cadre du plan Manhattan, qui mobilise des milliers de chercheurs, les États-Unis mettent au point une arme atomique : en 1945, trois bombes sont prêtes. La première est expérimentée le 16 juillet, à Alamogordo, au Nouveau-Mexique, les deux autres sont utilisées contre l'ennemi japonais.
Pourquoi cette attaque inédite sur l’ennemi japonais ? « Les États-Unis et l’URSS, alliés depuis 1941, ont décidé de mettre fin à la guerre en amenant le Japon à la reddition complète », explique le professeur d’histoire contemporaine Robert Belot dans L’Atome et la France (éditions Odile Jacob, 2015). Si en Europe, les combats ont cessé le 8 mai 1945, ils se poursuivent en Asie-Pacifique. Les États-Unis accentuent leur pression sur le Japon dans les neuf derniers mois de la guerre. Selon l’historien américain George H. Quester, les Américains larguent durant cette période 160 000 tonnes de bombes conventionnelles sur les grandes villes du Japon, tuant 225 000 personnes et en en blessant 640 000. Soixante-quatre villes nippones sont partiellement détruites à la veille de l’attaque atomique.
Au matin du 6 août 1945, c’est une bombe d’un nouveau genre qui est utilisée. Trois bombardiers américains B-29 survolent le Japon. « L’un est chargé de prendre des mesures et de relever des données. L’autre doit filmer et photographier la scène historique. Le troisième, Enola Gay, va procéder au largage sur la population de la première bombe d’uranium de l’histoire. C’est la ville de Hiroshima qui est visée : 300 000 habitants. À 8 h 15, heure locale, cette ville devient un enfer. En quelques secondes, 70 000 personnes sont foudroyées ; 70 000 autres personnes décéderont ensuite, soit la moitié de Hiroshima. Trois jours après, à 11 h 20, la même opération (mais avec du plutonium) frappe la ville de Nagasaki et provoque la mort de 80 000 habitants », rappelle Robert Belot (op.cit.).
L’empereur nippon reste muet après la première bombe. Mais le 8 août, Staline lui déclare la guerre, ce qui amène le Japon à demander l’armistice (arrêt des combats) deux jours plus tard. Demande refusée par le gouvernement américain, qui fait savoir, le 11 août, qu’il n’acceptera qu’une capitulation inconditionnelle. Pour marquer sa détermination, ce dernier fait bombarder Honshu par 800 avions B-29 le 14 août 1945. Acculé, le Conseil impérial accepte la capitulation sans condition. « Le monde découvre la terrifiante efficacité d’une nouvelle arme », écrit Robert Belot.
Le sujet d’actualité ci-dessus reflète l’enthousiasme que suscite l’arme atomique en 1945. Comme le rappelle Robert Belot dans son livre L’Atome et la France, l’opinion française loue une arme qui impose la paix. Le journal Le Parisien libéré, salue la prouesse scientifique : « Il est évident que nous allons assister là à une révolution dans le domaine scientifique » (7 août 1945). Le journal catholique La Croix (8 août 1945) célèbre le pouvoir de la science : « D’une puissance égale à 20 000 tonnes de dynamite, la première bombe atomique pulvérise Hiroshima. Il s’agit d’une découverte scientifique d’une portée incalculable. » Dans ce concert d’éloges, le philosophe Albert Camus dénote. Dans le journal Combat du 8 août 1945, l’écrivain dénonce le « formidable concert que la radio, les journaux et les agences d’information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique ». Il considère que l’arme atomique amène l’humanité vers un « suicide collectif » : « On nous apprend, en effet, au milieu d’une foule de commentaires enthousiastes que n’importe quelle ville d’importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d’un ballon de football. (…) Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques. »
Éclairage média
Le reportage des Actualités françaises est réalisé en utilisant des images de plusieurs sources remontées ici pour l'occasion : des plans courts se succèdent rapidement et servent de support au commentaire.
Pour évoquer l'arme nucléaire, l'angle scientifique est privilégié. Telle une saga, les progrès scientifiques et la mobilisation de centaines de savants ont permis de découvrir les secrets de l'atome et de les utiliser pour concevoir une arme. Les destructions des villes japonaises n'apparaissent qu'à la fin du documentaire et encore sont-elles atténuées par l'approche scientifique.
L'impression laissée par ces images serait bien différente si le document s'était ouvert par les vues des villes détruites. Il s'agit bien d'édulcorer la violence de guerre et de ne pas traumatiser les populations.
Niveaux et disciplines
Informations et crédits
- Type de ressource :
- Forme :
- Collection :
- Les Actualités françaises
- Date de l'évènement :
- 09 août 1945
- Date de diffusion du média :
- 12 oct. 1945
- Production :
- INA
- Page publiée le :
- 2003
- Modifiée le :
- 11 avr. 2025
- Référence :
- 00000000172