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Albert Camus

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 03 janv. 1980 | Date d'évènement : 04 janv. 1960

À l'occasion des 20 ans de sa mort, le 4 janvier 1960, la télévision rendait hommage à Albert Camus en retraçant son parcours intellectuel.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
04 janv. 1960
Date de diffusion du média :
03 janv. 1980
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
06 nov. 2023
Référence :
00000000513

Contexte historique

Par Vincent Casanova

Né en Algérie en 1913, dans un milieu modeste, Albert Camus incarne avec Jean-Paul Sartre, quoique différemment, la figure de l'intellectuel engagé d'après 1945. L'expérience de la Seconde Guerre mondiale, qu'il passe à Paris, est décisive. Un temps secrétaire de rédaction à Paris-Soir, il entre dans le mouvement de résistance « Combat » et devient ainsi, à la Libération, rédacteur en chef du journal du même nom. En 1942, Camus publie son premier roman L'Etranger ; il en résumait l'histoire en une phrase : Dans notre société, tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère risque d'être condamné à mort. En cela, Meursault, le personnage principal, est étranger à la société où il vit acceptant sans aucune attitude héroïque, de mourir pour la vérité. La même année, il théorise son propos – l'absurde de la condition humaine – dans un essai, Le Mythe de Sisyphe.

À la Libération, ses pièces de théâtre Le Malentendu (1944), Caligula (1945), qui révèle Gérard Philipe, et Les Justes (1949) assurent le triomphe d'un théâtre mettant « en situation » des individus définitivement solitaires. Ainsi de la même manière que Jean-Paul Sartre, Camus, moraliste avant d'être dramaturge, philosophe avant d'être romancier, fait-il de son théâtre un support philosophique, consentant dès lors à n'être plus qu'un écrivain quand il cessera d'écrire comme il le déclare ici. Par la suite, L'Homme révolté (1951) entraîne une vive polémique puis une brouille définitive avec Sartre qui lui reproche (un peu hâtivement) de confondre dans une même critique nazisme et stalinisme. Il cherche plutôt à définir une morale collective qui exalte la solidarité humaine face au mal, dans le prolongement de son roman La Peste (1947).

Sa position pendant la guerre d'Algérie rencontre également une certaine incompréhension, notamment au travers de ses chroniques dans l'hebdomadaire L'Express où il appelle en 1956 à la trêve civile. Son récit La Chute surprend encore en livrant le monologue d'un prophète pour temps médiocres. La lucidité (égale à celle de Camus à propos de la solitude de l'écrivain) de Clamence, le personnage principal, vient révéler son humanisme sceptique. La littérature, la politique ou la métaphysique ne produisent que des illusions dont il faut d'abord prendre conscience pour tenter de forger sa propre liberté. C'est pour traduire cette pensée que son style dépouillé donne l'illusion de la neutralité. Ainsi, pour avoir mis en lumière les problèmes se posant de nos jours à la conscience des hommes, il reçoit le prix Nobel de Littérature en 1957 avant de mourir « absurdement » dans un accident de voiture conduite par le neveu de son éditeur Gallimard en 1960.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Que le journal télévisé consacre une édition spéciale à la veille du vingtième anniversaire de sa mort témoigne de l'importance d'Albert Camus, souvent considéré comme l'intellectuel le plus « juste » de son époque. En effet, il est parvenu à rester à distance du communisme (à la différence de Sartre) et de l'anticommunisme (tel Raymond Aron), opposition propre à la guerre froide et qui, au seuil des années 1980, est en passe de disparaître dans le champ intellectuel français.

Par ailleurs, sa belle allure (que l'on a souvent opposée à celle de Sartre et qui se traduit ici par son attitude décontractée en parlant veste ouverte et main dans la poche) et la clarté de son expression ont pu contribuer à la construction de cette image médiatique. Enfin, sa mort tragique et prématurée sur laquelle d'ailleurs s'ouvre le reportage (des images d'archives de l'époque viennent rappeler la violence de l'accident) ont assuré à Camus l'aura d'un écrivain fauché en pleine gloire, rappelée ici par la consécration absolue, la remise du prix Nobel de littérature en 1957. En cela, l'ensemble du reportage perpétue, vingt après, l'image d'une figure immaculée.

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