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Discours de Jacques Chirac sur la responsabilité de Vichy dans la déportation

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 16 juil. 1995

En 1995, Jacques Chirac reconnaît la responsabilité de l'État français dans la déportation durant l'Occupation et appelle à la vigilance et à la lutte contre l'extrême droite.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
16 juil. 1995
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000535

Contexte historique

Par Carole Robert

Les années 1970 constituent un tournant décisif dans la mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Des débats, des films et des ouvrages provoquent la prise de conscience progressive et collective d'une complicité du régime de Vichy dans le génocide des Juifs. L'ouvrage de Robert Paxton La France de Vichy, publié en France en 1973, part des archives allemandes pour montrer que Vichy a voulu une politique de collaboration dès 1940 et a participé à la répression contre les Juifs de manière autonome.

En 1972, les polémiques provoquées par l'affaire Touvier, ancien responsable de la milice gracié discrètement par Georges Pompidou, révèle à quel point la Seconde Guerre alimente des passions douloureuses. Parallèlement, le film Le Chagrin et la Pitié de Marcel Ophüls (1971) démythifie l'image d'une France unanimement résistante. Le téléfilm américain Holocaust (1978), le film Shoah de Claude Lanzmann (1985) et l'ouverture des archives de Vichy multiplient les recherches sur la responsabilité française. L'ouvrage Vichy-Auschwitz de Serge Klarsfeld apporte les preuves qui accablent le régime de Vichy. 

L'extrême droite française rend les enjeux du travail de mémoire encore plus cruciaux et actuels. Le retentissement des grands procès contre Klaus Barbie (1983-1987) et Maurice Papon (1997-1998) participent aussi de l'évolution des savoirs et des mémoires. En 1992, Simone Veil inaugure le mémorial du martyr juif inconnu à Paris. Et, pour la première fois en 1993, le président de la République, François Mitterrand, assiste à la cérémonie en l'honneur des victimes de la rafle du Vél'd'Hiv, mais il refuse en revanche que la République française soit « comptable » des crimes de Vichy. Soixante ans après la fin de la guerre, le 16 juillet 1995, le président de la République, Jacques Chirac, reconnaît solennellement la responsabilité de l'État français dans les crimes commis pendant l'Occupation. Trois ans plus tard, Papon est condamné à dix ans de réclusion pour complicité de crime contre l'humanité.

Éclairage média

Par Carole Robert

Le reportage commence par des images de la cérémonie en plan large et est suivi de plans sur les officiels et le public. Un commentaire explicatif prépare le discours du président (cadre fixe, plan poitrine). Le début du discours est délibérément violent : Ces heures noires souillent à jamais notre histoire. Il s'agit de signifier la valeur historique de ce moment. Le commentaire en voix off intervient pendant le discours, entendu en in en second plan sonore, pour résumer certains des propos du président et préciser l'enjeu du discours : la lutte contre l'extrême droite.

Jacques Chirac prononce un discours en restant calme et posé, presque distant si l'on compare à l'émotion et au lyrisme du discours sur Jean Moulin du grand orateur qu'était Malraux (1964) ou à la colère passionnée de Robert Badinter en 1993. Bien rédigé sans être lyrique, le discours est orienté dans le sens de la lutte actuelle contre l'intolérance et le racisme à nos portes. Le président lance des piques à l'extrême droite qu'il appelle à combattre de façon urgente. La lenteur de sa diction, les regards réguliers lancés au public montrent sa volonté de maîtriser son aura et de donner l'image d'un homme calme et droit. 

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