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La France gagne la Coupe du monde de football

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 28 déc. 1998

Quelques mois après la victoire de la France en finale de la Coupe du monde de football, l'onde du succès court toujours.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
28 déc. 1998
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000585

Contexte historique

Par Vincent Casanova

En confiant à la France en 1992 l'organisation de la compétition, la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) qualifie automatiquement l'équipe de France pour l'édition de 1998. De grands travaux sont alors engagés et un nouveau stade (le Stade de France) aux dimensions internationales (près de 80 000 spectateurs) voit le jour à Saint-Denis.

Alors qu'elle n'avait pas réussi à se qualifier pour les deux éditions précédentes, la France effectue cette fois un parcours remarquable. Au premier tour, les bleus viennent à bout de l'Afrique du sud (3-0), de l'Arabie Saoudite (4-0) puis du Danemark (2-1). En huitième de finale, face au Paraguay, la France se qualifie au terme d'un match épique, dans les ultimes secondes de la prolongation, sur un but en or de Laurent Blanc. La ferveur et l'engouement commencent à gagner la France entière. En quart de finale, c'est l'Italie de Paolo Maldini et Roberto Baggio qui pousse les bleus vers une séance de tirs au but mémorable, au cours de laquelle Fabien Barthez émerge comme l'un des meilleurs gardien de la compétition. Les bleus sont alors en demi-finale, et tout un peuple retient sa respiration lorsque la Croatie ouvre le score juste après la mi-temps. C'est sans compter sur Lilian Thuram, qui délivre les siens en marquant deux buts à quelques minutes d'intervalle, propulsant la France en finale d'une coupe du monde pour la première fois de son histoire.

Le 12 juillet 1998, c'est l'apothéose: l'équipe de France de football, entraînée par Aimé Jacquet et emmenée par un Zinedine Zidane étincelant, s'impose 3 buts à 0 face au Brésil de Ronaldo. La France est championne du monde, les Champs Elysées envahis par une foule en liesse. Ce match vient effacer les échecs traumatisants des demi-finales perdues contre l'Allemagne en 1982 et en 1986. Les répercussions positives de cette victoire sur le moral des Français dureront plusieurs mois.

Le football, invention du XIXe siècle, doit sa popularité à deux propriétés essentielles. D'une part, il incarne, à travers ses compétitions, les conditions de la réussite dans le monde contemporain : sur le chemin du succès, il faut concilier mérite individuel, solidarité collective, chance, minimum de "filouterie" et justice favorable (celle de l'arbitre). D'autre part, il offre un support à l'affirmation des identités collectives, des championnats de quartiers aux compétitions internationales. Il est un des rares référents universels d'une culture mondiale, transgressant la diversité des régions, des nations, des générations. 40 milliards de téléspectateurs (en audience cumulée) ont ainsi suivi le Mondial qui s'est déroulé en France en 1998, ce qui en a fait l'événement le plus regardé depuis le début de l'histoire de l'humanité. Bagatelle la plus sérieuse du monde, bien plus consommé que pratiqué, le football apparaît comme le moyen le plus commun de découverte des particularités des uns et des autres. On connaît désormais une nation à travers son équipe, son style de jeu, sa composition. Devenu un spectacle télévisé, une industrie autant qu'une activité physique, un jeu collectif, le football donne l'occasion, en cas de victoire de faire la fête; ce ne sont plus dès lors onze joueurs qui semblent avoir gagné le match mais tout un pays (ou une ville). Paradigme de la vie collective, le football transforme les joueurs en stars, les érige en héros nationaux.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Bien que construit avec la volonté de mettre à distance la ferveur qui déferla sur la France après la victoire de l'équipe de France de football (c'est ce que doit incarner l'entretien de l'anthropologue des mondes contemporains Marc Augé), le reportage et son commentaire traduisent la tendance propre aux médias et à la télévision en particulier de construire tout événement en date historique. Ainsi le 12 juillet est-il assimilé à une nouvelle fête nationale. Le million de personnes qui envahit les Champs-Elysées (de l'Arc de Triomphe à la place de la Concorde) est comparé (et préféré) au défilé de l'armée du 14 juillet ; assimilée à une "révolution française" dans l'histoire du sport, la victoire aurait révélé le nouveau visage de la France, celui d'une France harmonieuse, black-blanc-beur, suspendant le temps et les inégalités.

En voulant caractériser le pouvoir fédérateur du sport, la télévision se glorifie elle-même en réalité dans la mesure où c'est elle qui donne cette dimension au sport. Les combats financiers véhiculés par l'achat des droits de retransmission des compétitions sportives internationales soulignent bien les enjeux que celui-ci représente.

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