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De la théorie de la gravitation à la relativité générale

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 18 déc. 1966

En 1966, le mathématicien André Lichnerowicz explique comment les notions de l'espace et du temps ont changé. Les limites de la théorie de la gravitation d'Isaac Newton ont conduit Albert Einstein à élaborer de la théorie de la relativité restreinte.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
18 déc. 1966
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000636

Contexte historique

Par Christelle Rabier

En 1966, la théorie de la relativité proposée par Albert Einstein au début du XXe siècle est largement admise par les physiciens. Elle reste mal connue du grand public, d'autant plus facilement que ses propositions heurtent le sens commun. Mathématicien de formation, André Lichnerowicz a beaucoup étudié la mathématique de la relativité générale. Pour ces travaux, il est élu à la chaire de Physique mathématique du Collège de France en 1952. Par ailleurs, il s'est très tôt intéressé au renouvellement de la pédagogie des mathématiques et comprend l'intérêt de la télévision comme instrument de vulgarisation. La présentation de la relativité est un pari qu'accepte André Lichnerowicz, en l'abordant par la question de l'espace-temps et de sa forme.

Jusqu'au début de XXe siècle, les théories physiques pensent temps et espace comme des entités distinctes, absolues, données a priori. Albert Einstein avance une théorie, qui révolutionne la conception de la réalité physique : la théorie de la relativité, formulée en deux temps. En 1905, dans un article intitulé " De l'électrodynamique des corps en mouvement ", il formule la relativité restreinte, qui permet d'élaborer le concept d' " espace-temps ". Dix ans plus tard, il reformule la théorie de la gravitation de Newton par la relativité générale : selon elle, l' " espace-temps " est courbé. Dans le documentaire, André Lichnerowicz fait l'économie de l'exposition de la notion d'espace-temps pour en présenter simplement la " courbure " par la gravitation.

L'invention de l'espace-temps par Einstein en 1905 clôt un long siècle de discussion des théories de Newton, portant sur la gravitation et sur la lumière. Dans l'espace et le temps newtoniens absolus, tout mouvement est relatif l'un par rapport à l'autre ; dans cette théorie, toutes les vitesses de corps en mouvement de même direction et de même sens s'additionnent. Or, une série d'expériences conduites en 1881 et en 1887 par Albert A. Michelson et Edward Morley établit que la vitesse de la Terre n'a aucun effet d'entraînement sur la vitesse de la lumière. Au terme d'un siècle de débats sur plusieurs paradoxes (comme la périhélie de Mercure) et de difficultés conceptuelles, Albert Einstein propose alors deux principes qui révolutionnent la conception de la réalité physique : le principe (de la constance) de la lumière et celui de la relativité. La théorie de la relativité restreinte présentée en 1905 est une théorie cinématique : elle propose d'étudier le mouvement, indépendamment des forces qui le produisent et d'en proposer une bonne description mathématique. A partir de ces deux principes, il propose ainsi un ensemble d'équations (transformation de Lorentz) qui permet de comparer les vitesses des corps lorsqu'on change de point de vue, c'est-à-dire d'observateur inertiel. Grâce au mathématicien Hermann Minkowski, il offre à partir de 1908 une formulation mathématique simple de ces équations de " transformation de Lorentz ", dans lequel le temps représente une quatrième dimension d'un espace à 4 dimensions : c'est " l'espace-temps ". Il faudra alors près de dix ans à Albert Einstein pour formuler une dynamique, ou théorie des causes (lois) des mouvements des corps. Dans cette théorie, il abandonne les règles de la géométrie euclidienne et énonce une interprétation géométrique de la gravitation.

Aidé de son ami le mathématicien Grossmann, Einstein s'est initié aux géométries non-euclidiennes, qui ont été développées au XIXe siècle. Ces géométries sont très difficiles à comprendre intuitivement. On peut s'aider de l'image d'une sphère pour tenter d'en comprendre l'intérêt. Sur une sphère dont la surface est courbe, deux méridiens, pourtant parallèles au niveau de l'équateur - ils sont perpendiculaires à celui-ci - se coupent aux pôles. Dans la théorie relativiste de la gravitation qu'Einstein propose, les masses " courbent " l'espace-temps. La relativité générale est longtemps restée une belle construction intellectuelle, dont les implications théoriques furent patiemment explorées par des mathématiciens comme André Lichnerowicz. Il s'agit aujourd'hui d'une " théorie très vivante, en prise avec la réalité et qui a été confirmée par beaucoup d'expériences de haute précision " (Thibault Damour). La première d'entre elles fut la vérification en 1919 de la prédiction selon laquelle les très grandes masses stellaires dévient les rayons lumineux. Bien qu'elle ne modifie pas les résultats de la gravitation newtonienne pour les vitesses et les masses de notre quotidien, il n'en reste pas moins qu'elle est aujourd'hui une des théories les mieux vérifiées de la physique : " les physiciens ont acquis la conviction qu'elle a remplacé définitivement tous les autres essais (considérés jusqu'à présent) de description théorique de la gravitation " (T. Damour). Ses résultats sont exploités en astrophysique, mais aussi par des technologies de précision. Ainsi, sans les corrections de calcul apportées par la relativité, le système GPS (Global Positioning System, système de positionnement terrestre) très familier aujourd'hui n'aurait pas fonctionné.

Bibliographie :

Albert Einstein, La Relativité. La Théorie de la relativité restreinte et générale, Paris, Payot, 1990. (Texte de présentation de sa théorie pour le grand public).

Thibault Damour " La relativité générale " in Qu'est-ce que l'Univers ?, Université de tous les savoirs, sd Yves Michaud, vol. 4, Paris, Odile Jacob, 2002, pp. 205-220.

Jean Eisenstaedt, Avant Einstein, Relativité, lumière, gravitation, Paris, Le Seuil, 2005.

Jean-Pierre Luminet, L'univers chiffonné, Paris, Gallimard " Folio Essais ", 2005.

Éclairage média

Par Christelle Rabier

L'émission " Quatre savants, une science " est une production du Service de la Recherche. Le Service de la Recherche de l'ORTF est créé en 1960, sous la direction de Pierre Schaeffer. Son objet est de créer les formes du nouveau média audiovisuel, réunissant autour de lui, des " artistes ayant le goût de la technique, aussi bien que des techniciens ayant des dons artistiques ", des " esprits originaux " (Raymond Janot, directeur de l'ORTF).

Le magazine " Un certain regard " est emblématique des productions du Service de la recherche. Disposant d'une plage de diffusion mensuelle, elle propose des sujets très variés. C'est à Michel Tréguer, de formation polytechnicienne, et à Roger Kahane que Pierre Schaeffer a confié la réalisation d'une émission originale présentant la science contemporaine. L'émission fut saluée pour son effort de réduire la distance entre la science et les savants et le grand public. Le choix des réalisateurs s'est porté sur un intervenant qui s'exprime de façon limpide et décontractée, mobile devant la caméra, dans le cadre familier de sa salle de classe. Les réalisateurs ont recouru au dessin animé pour permettre de visualiser les propos du mathématicien. Ces petites animations servent aussi à scander les séquences de l'émission et donner un peu de légèreté avec une émission au sujet difficile.

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