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Les transistors et la miniaturisation de l'ordinateur

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 18 mai 1969

En 1969, dans l'usine IBM de Corbeil-Essonnes, le directeur technique montre les différentes étapes de miniaturisation des composants de l'ordinateur franchies en dix ans, avec l'utilisation du transistor et du circuit intégré.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du mĂ©dia :
18 mai 1969
Production :
INA
Page publiĂ©e le :
2006
ModifiĂ©e le :
29 juin 2023
RĂ©fĂ©rence :
00000000640

Contexte historique

Par Christelle Rabier

En 1969, la France a lancé son " Plan Calcul ". Plan gouvernemental français, il est instauré en 1966 par le général de Gaulle qui défend une politique d'indépendance nationale. Le plan Calcul est destiné à assurer l'indépendance du pays en matière d'ordinateurs puissants, à un moment où la France cherche à se doter de l'arme atomique. Ce choix politique fait suite au refus américain de vendre à l'armée française un mainframe Control Data, ordinateur central très puissant en 1963.

Sous couvert d'une politique anti-prolifération nucléaire, les Américains prennent une série de mesures interdisant la vente d'équipements de haute technologie à la France. L'année suivante, Bull, une des principales entreprises françaises dans le domaine des ordinateurs, est rachetée par General Electrics, ce qui détermine la commande du rapport Ortoli puis le lancement du plan Calcul. Les objectifs du plan Calcul sont de maintenir une industrie informatique nationale et de subvenir aux besoins de la défense nationale afin que celle-ci soit totalement indépendante. Il prévoit la création dès décembre 1966 d'une grande compagnie d'informatique privée mais aidée par l'État, la Compagnie Internationale d'Informatique (CII), pilotée par Thomson et la Compagnie Générale d'Électricité (CGE), ainsi que celle de l'IRIA, grand organisme public de recherche en informatique et en automatique, créé en janvier 1967 (devenu depuis l'INRIA), où sont privilégiées applications militaires et scientifiques. En 1969, l'évolution technologique, initiée depuis 1947 par les Américains, est considérable. Elle porte sur les composants eux-mêmes (conception du transistor) et sur le câblage des composants (invention du circuit imprimé).

L'effet transistor (de l'anglais " transfer resistor ", rĂ©sistance de transfert) fut dĂ©couvert en 1948 par John Bardeen, Walter Brattain et William B. Shockley, du laboratoire Bell, rĂ©compensĂ©s en 1956 par le Prix Nobel de physique : il s'agit d'une propriĂ©tĂ© d'un type de cristal parfait, intermĂ©diaire entre les mĂ©taux et les isolants Ă  l'Ă©lectricitĂ©, appelĂ©s pour cette raison " semi-conducteurs ", comme le germanium (Ge) et le silicium (Si). A tempĂ©rature ambiante, en particulier s'ils contiennent des impuretĂ©s, ils s'avèrent faiblement conducteurs. La fabrication de composants Ă  base de semi-conducteurs ou " transistors " explose rapidement, car les transistors n'ont aucun des dĂ©fauts des tubes Ă  vide en verre, utilisĂ©s jusqu'alors dans l'Ă©lectronique. Fragiles, les tubes consomment beaucoup d'Ă©lectricitĂ© et demandent un temps de chauffe. A contrario, les transistors n'exigent que des tensions faibles et peuvent donc fonctionner avec des piles. En dĂ©pit de leur petite taille ou plutĂ´t en raison de celle-ci, les transistors s'avèrent plus performants que les tubes. C'est d'ailleurs en raison des grandes limites des tubes Ă  vide, utilisĂ©s dans les relais de communication, que les laboratoires Bell se sont lancĂ©s dans la recherche sur le transistor dès 1936. Leur succès immĂ©diat s'explique non seulement par leurs qualitĂ©s techniques, mais Ă©galement par l'absence de transformation des circuits utilisĂ©s : les transistors remplacent terme Ă  terme les tubes Ă©lectroniques.

BientĂ´t prĂ©sents jusque dans les appareils de la vie quotidienne, les "transistors" en viennent Ă  dĂ©signer les appareils radiophoniques, signe de leur popularitĂ©. Cette rĂ©volution Ă©lectronique laisse entière le problème de la "tyrannie des nombres", problème de connectivitĂ© que les ingĂ©nieurs rencontrent alors qu'ils conçoivent des circuits Ă©lectroniques de plus en plus complexes. Leurs composants, de matĂ©riaux diffĂ©rents, sont connectĂ©s Ă  la main. C'est un ingĂ©nieur de Texas Instruments, Jack Kilby, qui a l'idĂ©e en 1958 d'utiliser le germanium comme composant principal d'un circuit, qui s'avère conducteur Ă  l'expĂ©rience : il dĂ©pose en 1959 un brevet pour un "circuit solide constituĂ© de germanium". Cette idĂ©e, rĂ©compensĂ©e par le Prix Nobel de physique en 2000, conduit Ă  l'Ă©laboration de la puce Ă©lectronique, circuit miniature dessinĂ© Ă  l'encre conductrice, sur lequel sont dĂ©posĂ©s les diffĂ©rents composants du circuit - d'oĂą le nom de circuit "intĂ©grĂ©". Robert Noyce, fondateur d'Intel, conçoit Ă  la mĂŞme Ă©poque le procĂ©dĂ© de fabrication "planar ", qui utilise la silice comme masque de fabrication.

Le premier stade du processus est l'obtention de monocristaux de grande pureté cristalline. Le cristal est ensuite découpé en plaquettes, sur lesquelles on réalise des circuits grâce la technique de photogravure. On intègre alors les composants sur ces plaques minuscules par brasure, sorte de soudure. L'adoption du circuit intégré a suscité de nombreuses résistances. Autant le remplacement des tubes par des transistors "composant par composant " n'avait guère posé de problème aux fabricants, autant ceux-ci ont montré une grande réticence à utiliser un procédé peu flexible, dont les composants avaient un rendement inférieur aux composants pré-existant. Contre toute attente, l'adoption du circuit imprimé a permis de dépasser les problèmes de connectivité et d'accroître le rendement global.

Dernière Ă©tape de la miniaturisation Ă©lectronique : la fabrication d'un microprocesseur, Intel 4004, en 1971, intègre dans un seul circuit intĂ©grĂ© tous les composants nĂ©cessaires pour rĂ©pondre Ă  une programmation universelle. Depuis la miniaturisation des composants se poursuit rapidement. (cf Le transistor de 20 nanomètres)

Bibliographie :

Claude Weisbuch, " Comment les rĂ©volutions de l'information et de la communication ont-elles Ă©tĂ© possibles ? Les semi-conducteurs ", Les Etats de la matière, UniversitĂ© de tous les savoirs, vol. 17, Paris, Ed. Odile Jacob, 2002, pp. 91-119.

Éclairage média

Par Christelle Rabier

Produit par le Service de la recherche (O.R.T.F) sous la direction de Pierre Schaeffer, " Un Certain regard " est un magazine mensuel traitant de sujets très divers. Le documentaire de Michel Treguer fait partie d'une sĂ©rie sur l'ordinateur. La libertĂ© de ton, combinĂ©e avec un souci esthĂ©tique de l'image, contraste avec les reportages de l'Ă©poque. Le rĂ©alisateur apparaĂ®t Ă  la fois fascinĂ© par la beautĂ© de la technique mise en oeuvre, comme le montrent les longs plans fixes sur la chaĂ®ne de fabrication, et par la grande automatisation des chaĂ®nes de fabrication. Il reprend ainsi des thèmes cinĂ©matographiques dĂ©veloppĂ©s dès les annĂ©es 1930 par plusieurs cinĂ©astes, comme Joris Ivens : beautĂ© des chaĂ®nes, rapports entre l'homme et la machine. Avec humour, Michel Treguer conçoit ses plans comme autant de scènes oĂą l'homme fait maladroite impression dans un univers parfaitement ordonnĂ© et beau. Il montre un processus de fabrication, complètement automatisĂ©, d'un objet dont la finalitĂ© est immatĂ©rielle : la fascination conduit Ă  une mise en scène aseptisĂ©e d'un monde du travail en forte Ă©volution, oĂą la place de l'homme est mise en question dans une sociĂ©tĂ© qui connaĂ®t la fin du plein-emploi.

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