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Milton Friedman, les théories monétaristes et le néolibéralisme économique

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 20 sept. 1984

En 1984, Milton Friedman, prix Nobel d'économie 1976, à l'occasion d'une visite à Paris, donne les raisons de la forte hausse du dollar, qui pénalise la monnaie française : la politique libérale conduite par Ronald Reagan, sur le point d'être réélu.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
20 sept. 1984
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000665

Contexte historique

Par Christelle Rabier

En septembre 1984, Ronald Reagan fait campagne pour sa réélection à la présidence des Etats-Unis. Elu en 1980, il a conduit une politique économique libérale. Cette politique est largement inspirée des travaux de Milton Friedman, conseiller personnel des présidents Reagan et Nixon.

Professeur à l'Université de Chicago depuis 1948, Milton Friedman s'inscrit dans une tradition de pensée libérale dont les origines remontent au XVIIIe siècle. Au siècle des Lumières, plusieurs penseurs français et britanniques prennent position contre l'intervention de l'Etat dans la vie économique : ce faisant, ils appliquent à l'économie le principe général de liberté. L'Etat, selon cette idée, doit limiter son intervention à la garantie de la propriété individuelle et de la sécurité. En effet, l'intervention de l'Etat est, selon eux, non seulement illégitime mais également inefficace, entraînant des effets pervers mal contrôlés.

Le libéralisme classique a permis d'élaborer des analyses économiques importantes. Elles sont reprises et développées à partir de la fin du XIXe siècle par l'Ecole autrichienne, selon laquelle les prix de marché constituent une information essentielle au bon fonctionnement de l'économie, information qui risque d'être faussée par l'intervention de l'Etat.

Milton Friedman a en particulier mis en évidence l'importance de la monnaie pour comprendre les cycles économiques et l'inflation (notamment dans son Histoire monétaire des Etats-Unis, 1963, rédigé avec A. Schwartz), et est devenu une figure clef de la pensée économique dans les années 1960.

En matière monétaire, Friedman s'oppose à la fixation de taux de changes entre monnaies, telle qu'elle est mise en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par l'établissement du système de Bretton-Woods. Il conteste le rôle accordé dans ce système aux banques centrales et préconise la libre fluctuation des taux de changes, pour assurer un ajustement automatique de la balance des paiements. Il accorde néanmoins une responsabilité importante aux banques centrales dans la prévention des crises et de l'inflation, qu'elles doivent éviter en assurant une croissance modérée et régulière de la masse monétaire.

Ces thèses voient leur accomplissement avec l'éclatement du système de Bretton-Woods au début des années 1970, puis avec l'arrivée de Paul Volcker à la tête de la banque centrale américaine (le Federal Reserve System) en 1979. L'oeuvre de M. Friedman est d'ailleurs couronnée en 1974 par le prix Nobel d'économie pour l'importance de ses " résultats dans les domaines de l'analyse de la consommation, l'histoire et la théorie monétaire et sa démonstration de la complexité de la politique de stabilisation " économique.

L'économiste en vient progressivement à jouer un rôle de conseiller auprès du Federal Reserve System et à conseiller en matière économique, le parti Républicain ainsi que les présidents Nixon et Reagan. Le libéralisme économique qu'il propose, qui entend limiter les politiques économiques de l'Etat, est développé dans un livre, Capitalisme et liberté (1962), à destination du grand public. Ses idées connaissent une large diffusion, en partie grâce à la formation économique d'experts étrangers à l'Université de Chicago.

Le contexte monétaire des années 1970 permet de comprendre l'interview de Milton Friedman. Pour juguler leur déficit budgétaire et celui de leur balance des paiements, encore accrus par la guerre du Vietnam, les Etats-Unis abandonnent en juillet 1971 la convertibilité du dollar en or, ce qui crée de facto un système de changes flottants entériné en 1973. La chute de la valeur de la monnaie américaine qui en résulte se poursuit jusqu'en 1979, se doublant d'une inflation proche des 10% par an. En 1979, le nouveau gouverneur de la Banque Fédérale américaine, Paul Volcker décide d'augmenter très brutalement les taux d'intérêts, ce qui enraye l'inflation américaine à partir de 1983 et entraîne un grand afflux de capitaux aux Etats-Unis. Cet afflux de capitaux soutient la croissance rapide de la valeur de la monnaie américaine jusqu'au niveau record de 1985, année où les pays les plus industrialisés s'entendent pour organiser le repli du dollar (Accords du Plaza, septembre 1985). Celui-ci connaît alors une chute spectaculaire, qui n'est pas enrayée par la hausse brutale des taux d'intérêts. Au contraire, elle entraîne une crise boursière puis une crise économique, à partir de 1987, qui touche tout particulièrement la zone Asie, autour du Japon.

D'autres Etats ont mené des politiques économiques libérales au cours des années 1980, inspirés par la pensée économique libérale. Formés aux Etats-Unis, les " Chicago Boys ", qui ont conseillé le gouvernement d'Augusto Pinochet, sont à l'origine de la politique déflationniste du régime chilien. Margaret Thatcher, favorable à la limitation de l'activité étatique, s'est inspirée d'un autre penseur économique libéral, l'Autrichien Friedrich A. Hayek (1899-1992), prix Nobel d'Economie en 1974, dont l'ouvrage célèbre, Le Chemin de la liberté (1944), discute des dérives totalitaires de l'intervention étatique en s'appuyant notamment sur les conséquences économiques des dérives staliniennes et nazies.

Éclairage média

Par Christelle Rabier

Le journal d'actualités utilise la forme traditionnelle de l'entretien avec un expert économique, pour illustrer l'actualité monétaire. La journaliste y joue le rôle d'un prompteur, qui met en balance le succès américain et l'échec français. Milton Friedman y utilise un langage simple, clair, à destination d'un large public ; c'est un exercice auquel sa vulgarisation sur le sol américain l'a habitué. Toutefois, il est difficile de faire la part entre l'analyse savante, que l'on attendrait d'un prix Nobel d'économie, et l'idéologie libérale, telle qu'elle ressort dans les " caractéristiques " qu'il attribue à l'Etat américain : la sécurité des biens et de la propriété. Dès lors, l'entretien illustre davantage l'opinion politique de l'économiste qu'il ne cherche à expliquer l'évolution du marché des devises.

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