Manifestation de soutien à la Corée du Nord à Pékin

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 20 juil. 1950

Mao-Tsé-Toung assiste à un immense défilé officiel réunissant 300 000 Chinois de tous les âges venus soutenir la Corée du Nord engagée dans une guerre contre la Corée du Sud.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
20 juil. 1950
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
20 nov. 2023
Référence :
00000000705

Contexte historique

Par Carole Robert

Après des décennies de guerre civile, Mao Tsé Toung installe la République populaire de Chine en octobre 1949. C'est le modèle soviétique qui est d'abord importé en Chine comme le notifie le pacte d'amitié signé entre la Chine et l'URSS en février 1950. Les portraits de Staline brandis aux côtés de ceux de Mao pendant le défilé illustrent bien le lien de proximité avec l'URSS. Le 25 juin 1950, assurée de l'appui diplomatique soviétique et chinois, la Corée du Nord lance une offensive contre la Corée du Sud, soutenue par les Américains. Les troupes du Nord sont rapidement sur le point de conquérir Séoul. Mais leur intervention est condamnée par l'ONU dès le 27 juin.

Au début de la guerre, l'URSS et la Chine n'envoient pas de troupes. Et c'est le général américain Mac Arthur, dont les soldats stationnent au Japon, qui prend le commandement des soldats américains pour soutenir la Corée du Sud. Au moment du défilé, la Chine apporte son soutien moral à la Corée du Nord et à son chef, Kim II Sung. Mais elle ne fait intervenir des "soldats volontaires" qu'à partir du 25 novembre 1950, après l'intervention américaine qui repousse les Nord-Coréens hors de Séoul (25 septembre 1950). La Chine s'engage vraiment dans la bataille lorsque les troupes américaines partent à l'assaut de la Corée du Nord.

C'est le début d'une guerre qui dure trois ans, au cours de laquelle 595 000 Coréens et 50 000 Américains sont tués. Après la mort de Staline, les négociations engagées depuis juillet 1951 débouchent enfin sur l'armistice de Pan Mum Jon signée le 27 juillet 1953 : c'est la fin du conflit et la reconnaissance de deux Etats.

Éclairage média

Par Carole Robert

Le reportage est construit à partir d'images officielles qui mettent en valeur l'aspect grandiose de la manifestation organisée par le gouvernement chinois. La dernière scène est ainsi filmée en plan fixe très large et construite à partir d'une amorce sur les chefs vus de dos. La vue en plongée met en valeur l'immensité architecturale de la place de Pekin, en symbiose avec le rythme du défilé proche d'un défilé militaire. Cette composition symbolise la puissance de la Chine : les représentants du Pouvoir sont en effet au premier plan, en hauteur, et ils dominent le peuple qui défile. Leur regard semble se porter vers l'horizon, vers la ville en troisième plan, qui apparaît dans une profondeur de champ étonnante.

La composition en profondeur reflète l'idée communiste de "propagande pour le bonheur" : l'avenir radieux vous attend si vous suivez vos chefs. D'autres séquences antérieures insistent ainsi sur la détermination des manifestants : la façon de les filmer veut mettre en avant la spontanéité de leurs engagements. En effet, le cadre (toujours en plongée) est alors plus serré - visages, poings levés. Et le son est également important : on entend leurs cris d'enthousiasme. Les manifestants semblent avoir conscience de la présence de la caméra puisqu'un homme saute de joie juste devant une caméra, à moins que cela ne soit préparé. Ces plans sur la foule sont entrecoupés de plans en contre-plongée sur Mao, donnant ainsi l'impression que les manifestants le saluent et que le chef domine la foule. Le va-et-vient est presque construit comme un dialogue à deux voix entre le peuple et Mao en champ/contre-champ. C'est une façon de montrer visuellement que Mao guide le peuple. Enfin, notons comment les portraits de Staline sont présentés aux côtés de ceux de Mao dès le départ et comment les drapeaux rouges sont mis en valeur, dans un plan où ils occupent plus de la moitié du cadre.

Ce reportage est très découpé (15 plans en 33 secondes) et joue sur une grande variété de points de vue et d'angles d'approche (toujours fixes) : l'image en elle-même constitue un véritable outil de propagande, efficace et bien maîtrisé. Le commentaire français peut paraître étonnamment neutre en période guerre froide car il n'est pas hostile au gouvernement chinois. En fait, ce discours est cohérent avec la politique de la France en 1950, qui est de de pas s'engager dans la guerre de Corée.

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