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La révolution des œillets

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 29 avr. 1974 | Date d'évènement : 28 avr. 1974

Mário Soares, secrétaire général du parti socialiste portugais, rentre d'exil à Lisbonne après la révolution des œillets du 25 avril 1974. Il exprime aussitôt son soutien à la junte militaire qui doit favoriser un retour rapide à la démocratie.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
28 avr. 1974
Date de diffusion du média :
29 avr. 1974
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 févr. 2024
Référence :
00000000758

Contexte historique

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

La évolution des œillets, au soir du 25 avril 1974, a renversé en un jour le régime salazariste. Cette dictature contrôlait le pays depuis plus de trente ans, d'abord sous la férule d'Oliveira Salazar (mort en 1970), puis sous celle de Marcelo Caetano. Le mécontentement avait grandi au sein de la population et dans l'armée, notamment à cause d'une politique coloniale coûteuse en hommes et en matériel.

Depuis le milieu des années 1960 en effet, le Portugal devait envoyer en masse des troupes pour rétablir l'ordre face aux révoltes des peuples colonisés. Initié par une poignée de jeunes capitaines, le coup d'État largement improvisé du 25 avril est porté par un mouvement populaire inattendu. Sur les ondes, les putschistes donnent le signal de l'insurrection militaire. En occupant les points stratégiques de la capitale, les capitaines contraignent le président du Conseil en exercice, Marcelo Caetano, à la démission. Loin de rester à l'écart des événements, la population lisboète se presse dans les rues et pactise avec les soldats mutins en accrochant au bout de leurs fusils des œillets rouges et blancs, fleurs de saison qui deviennent le symbole de l'événement.

La singularité de cette révolution tient au fait que, bien qu'initiée par des militaires, elle reste pacifique (6 morts seulement parmi les manifestants) et contribue à restaurer la démocratie au Portugal. Dès le 26 avril, le général Spinola, devenu chef d'une junte de salut national, proclame la restauration des libertés publiques. Les prisonniers politiques sont libérés et les exilés rentrent au pays, notamment Mario Soarès, opposant socialiste au régime salazariste. Le général Spinola, nommé président de la République, participe à la constitution d'un gouvernement pluraliste au sein duquel Soarès, ministre des Affaires étrangères, entame le processus de décolonisation des possessions portugaises en Afrique (Angola, Mozambique, Guinée-Bissau, Sao-Tomé et Principe), achevé à la fin de l'année 1975.

Éclairage média

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Ce reportage cherche d'abord à faire ressentir au spectateur l'effervescence et la liesse qui règne au sein de la population lisboète dans l'attente du retour de Mario Soarès, trois jours seulement après le début de la révolution des œillets.

Ainsi, la caméra est placée au milieu de la foule et les slogans scandés rythment le reportage jusqu'à l'apparition au balcon du leader socialiste. Le commentaire très construit, ajouté au montage ne décrit pas l'action. Les images, à elles seules, suffisent à traduire l'atmosphère de liesse : nombreuses mains levées en signe de victoire, œillets brandis par la foule, concert de klaxons.

Le journaliste cherche plutôt à décrypter les dessous de la rencontre entre Mario Soarès et Spinola, qu'il suit en coulisses. On remarque sur les images la présence de nombreuses caméras venues immortaliser l'accolade de circonstance entre les deux hommes. Ce geste repose donc sur une mise en scène très médiatique visant à affirmer l'union des forces politiques du pays afin de consolider le retour à la démocratie.

Le journaliste veut, par le ton employé dans son commentaire, mais aussi par ses questions à Mario Soarès, souligner les difficultés futures que ce mouvement d'union nationale risque de rencontrer : difficile cohabitation entre civils et militaires, exigences politiques divergentes... Par ses réponses, l'ancien opposant socialiste montre que, pour lui, il s'agit avant tout de ne pas créer de divisions qui pourraient entraver le changement radical à l'œuvre dans le pays.

Le ton du reportage paraît ici très juste : il ne se contente pas de faire entendre les cris d'une joie d'une foule libérée de plus de quarante années de dictature, mais amène à réfléchir sur les obstacles éventuels auxquels la jeune démocratie va se trouver confrontée. Cette analyse est d'ailleurs confortée par les événements des mois suivants : Spinola démissionne du poste de président en septembre après la formation d'un gouvernement dirigé par un communiste et échoue dans sa tentative de coup d'État moins d'un an plus tard.

Quant à Soarès, cette alliance politique de circonstance lui permet de sortir de l'opposition pour endosser son costume de futur homme d'État ( nommé ministre des Affaires étrangères puis Premier ministre, il sera réélu deux fois à la présidence de la République en 1986 et 1991).

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