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Premières élections présidentielles libres au Chili depuis 1973

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 15 déc. 1989 | Date d'évènement : 14 déc. 1989

Après seize années de dictature, le désaveu électoral de Pinochet et la victoire d'un président issu de la coalition d'opposition trace pour la population chilienne une chemin encore incertain vers la démocratie.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
14 déc. 1989
Date de diffusion du média :
15 déc. 1989
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
04 oct. 2023
Référence :
00000000791

Contexte historique

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Le plébiscite présidentiel d'octobre 1988 est un désaveu pour le général Pinochet au pouvoir depuis 1973, qui doit accepter la tenue d'élections libres. Cet échec a été rendu possible grâce à une mobilisation record des électeurs et à l'union des forces d'opposition au régime, réunies au sein d'une vaste coalition (Concertacion) avec le soutien d'une Eglise chilienne très impliquée dans les questions de défense des droits de l'homme. Après 16 années de dictature, les élections présidentielles ont lieu le 14 décembre 1989 et voit triompher le candidat de l'opposition, le démocrate-chrétien, Patricio Aylwin, allié aux forces de gauche. Si Augusto Pinochet garde son titre de commandant en chef de l'Armée, les objectifs du nouveau gouvernement incluent la reconnaissance de certaines exactions commises au cours des années de dictature.

Le pays est alors soumis à plusieurs défis : assurer la démocratisation du Chili et sortir de l'isolement diplomatique, poursuivre sur la voie du développement économique (ce que certains observateurs ont appelé "le miracle chilien") mais aussi réduire les fortes inégalités sociales à l'intérieur de la population. L'impossibilité pour les partis de la Concertacion de réformer sans l'appui des partis de droite font craindre un blocage institutionnel et un nouveau risque de déstabilisation politique. Mais les hommes au pouvoir entreprennent alors une politique de réconciliation qui n'occulte cependant pas les crimes commis par le passé comme en atteste la création dès avril 1990 d'une commission d'enquête pour la Vérité et la Réconciliation et le jugement de certains responsables du putsch.

Dans les années 90, si la situation économique du Chili reste favorable, les réformes constitutionnelles ne peuvent être adoptées faute de majorité stable au Parlement. Ainsi certaines principes autoritaires non abrogées (concernant notamment le pouvoir de décision des militaires) freinent le processus de réformes sociales. Face à cette situation, l'élection d'un président socialiste Ricardo Lagos en 1999 marque une nouvelle étape dans le retour à la normale de la vie démocratique chilienne et donne à la population l'espoir de le voir s'occuper des problèmes sociaux.

En janvier 2006, Michelle Bachelet, qui a entrepris des réformes remarquées au ministère de la Santé et à de la Défense, incarne la modernisation du Chili. Avec une femme divorcée et non croyante à sa tête, le pays réputé conservateur renverse tous les clichés. Son élection s'inscrit également dans un mouvement plus vaste : le renouveau démocratique exprimé dans de nombreux pays d'Amérique latine longtemps dominés par des régimes militaires autoritaires. Pourtant, une question divise encore le pays et a miné les relations entre le Chili et certains pays européens : le jugement de Pinochet, qui a bénéficié de l'immunité juqu'au début des années 2000. Aucune condamnation n'a été prononcée contre l'ancien dictateur, qui est décédé le 10 décembre 2006 à Santiago, âgé de 91 ans.

Éclairage média

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Ce reportage traite, sous un angle très inattendu, des résultats de l'élection présidentielle annoncés au cours de du lancement. En effet, loin de décrire la joie ressentie par les Chiliens, le sujet s'efforce de retranscrire leur perplexité face à une évolution possible du régime. L'impassibilité des badauds et le calme relatif dans les rues de Santiago confortent cette impression. Dans un deuxième temps, le journaliste cherche les raisons de cette réaction : l'interview des militants des droits de l'homme ainsi que les images de la dispersion violente d'une manifestation en faveur d'opposants politiques emprisonnés fournissent à eux seuls quelques éléments de réponse.

Le reportage fait donc ressortir avec une grande clarté les obstacles qui retiennent l'enthousiasme des Chiliens : le maintien de Pinochet à la tête de l'armée, l'impossibilité pour le nouveau gouvernement de réformer sans l'accord de l'opposition conservatrice... Mais malgré cette apparente désillusion, les attentes sont très fortes notamment sur le plan social, comme l'explique le leader syndical interrogé. Le journaliste ne se contente donc pas ici de décrire les résultats mais anticipe sur les futures difficultés que le pouvoir chilien devra surmonter tout au long de la décennie : la réconciliation nationale, les réformes sociales et la démocratisation des institutions.

Le reporter apparaît à la fin du reportage, face caméra, se détachant au milieu des passants de Santiago. Il cherche ainsi, en s'adressant directement aux télespectateurs, à rendre son propos plus efficace. Il s'agit pour lui de faire comprendre aux téléspectateurs un des enjeux primordiaux pour la démocratie chilienne : le traitement du cas Pinochet (décédé en 2006, sans avoir été jugé).

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