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L'arrivée en France d'un train d'émigrants portugais en 1973

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 31 août 1973

Un train emprunté par des émigrants portugais arrive en gare d'Hendaye en 1973. Ils viennent chercher du travail en France.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
31 août 1973
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000835

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Jusqu'au début des années 1960, peu de Portugais avaient quitté leur pays pour venir s'installer en France : environ 20 000 en 1954, soit 1% de la population étrangère, ils n'étaient encore que 50 000 en 1962. A cette date, ils ne représentaient que 2,3% des étrangers en France contre 29% pour les Italiens et 20,4% pour les Espagnols. Les Portugais vont pourtant affluer en masse au cours des années 1960 et de la première moitié des années 1970. Leur nombre atteint ainsi 300 000 en 1968 et s'élève ensuite jusqu'en 1975 : avec 760 000 personnes, les Portugais dépassent la communauté espagnole et deviennent la première nationalité étrangère en France - ils forment 22% des étrangers.

Plusieurs raisons conduisent les Portugais à quitter en masse leur pays: en premier lieu la pauvreté et l'espoir de trouver un emploi en France, mais aussi la volonté de fuir la dictature de Salazar et d'échapper aux guerres coloniales menées par l'Estado Novo en Afrique. Un accord, signé entre la France et le Portugal le 31 décembre 1963, donne un cadre juridique au flux migratoire entre les deux pays. Toutefois, le régime salazariste limite la portée de cet accord et restreint fortement l'émigration légale, sans pour autant chercher à freiner l'émigration clandestine. Aussi de nombreux Portugais pénètrent-ils en France de manière irrégulière : plus de 450 000 personnes ont sans doute quitté clandestinement le Portugal pour la France entre 1958 et 1974. Leur installation s'y est effectuée dans des conditions très délicates, en particulier dans des bidonvilles en banlieue parisienne, comme à Champigny-sur-Marne.

Par la suite, si au recensement de 1982, les Portugais perdent de peu leur place de nationalité étrangère la plus nombreuse au profit des Algériens, ils la retrouvent dès 1990 - ils sont alors 650 000 - et la conservent en 1999, formant 16,5% de la population étrangère totale. L'intégration des Portugais à la société française est considérée comme un modèle. Ils ont néanmoins la particularité de maintenir d'importantes pratiques communautaires, notamment à travers de nombreuses associations. En outre, leurs taux de naturalisation et de mariages mixtes sont relativement faibles.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé dans le cadre du "Magazine 52", ce sujet diffère beaucoup dans son traitement et sa composition d'un reportage de journal télévisé. L'insertion dans un magazine lui offre davantage de temps et lui permet de traiter plus minutieusement le thème retenu. Le présent sujet n'est d'ailleurs qu'un extrait d'un reportage plus long consacré aux immigrés. Le rythme apparaît ainsi assez lent. En témoignent le premier plan fixe d'une trentaine de secondes sur l'entrée du train en gare d'Hendaye, tout comme les images finales de Portugais à l'intérieur du train. Du reste, ces deux passages sont vierges de tout commentaire. L'interview de deux émigrants est également plus approfondie que dans la plupart des reportages réalisés pour un journal télévisé. Elle donne même à entendre les Portugais s'exprimer dans leur langue maternelle. Le commentaire est aussi très différent. Dit d'un ton assez monocorde, il se veut moins neutre que celui des journaux télévisés. Le journaliste s'attache à décrire la condition de ces immigrés ainsi que les raisons de leur venue dans un pays étranger, et il dénonce à mots couverts l'hypocrisie de la société française à leur égard ("clandestins à vrai dire connus de tout le monde, mais si utiles"). Les images présentées dans le reportage ne servent en fait qu'à illustrer ses propos : les plans de l'arrivée du train ou du passage des émigrants par la douane sont utilisées comme prétexte pour traiter du thème général de l'immigration en France. A aucun moment, le journaliste ne commente ces images.

Enfin, ce sujet est également remarquable parce qu'il offre un aperçu sur les conditions d'arrivée des immigrés en France en 1973. Les images révèlent ainsi la forte proportion d'hommes. Peu de femmes sont visibles à l'écran: cela confirme qu'il s'agit très majoritairement d'une immigration de travail. De même, le reportage permet de voir le système mis en place pour accueillir ces émigrants portugais en gare d'Hendaye : informations adressées par mégaphone, contrôle des passeports, présence d'un bureau de l'Office national d'immigration. Ces images montrent bien que l'entrée en France de travailleurs étrangers est alors, un an avant la suspension de l'immigration et la fermeture des frontières décidée en juillet 1974, tout à fait organisée, institutionnalisée. Ce sujet s'apparente donc aussi à un véritable documentaire.

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