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La profanation du cimetière juif de Carpentras

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 10 mai 1990

La profanation du cimetière juif de Carpentras en 1990 suscite une très vive émotion dans toute la France. Elle témoigne en effet de la progression des idées racistes défendues par le Front national.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
10 mai 1990
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000842

Contexte historique

Par Julie Le Gac

La profanation du cimetière de Carpentras symbolise la résurgence de l'antisémitisme en France et suscite émotion et inquiétudes. Le 10 mai 1990 au matin, le corps de Félix Germon est découvert exhumé dans le cimetière juif de Carpentras, où 34 tombes ont été saccagées, tandis que des inscriptions antisémites, telles que "Jude raus" recouvrent les murs d'une cité ordinairement paisible. Ces actes macabres contreviennent au respect dû aux morts. Plus encore, leur nature antisémite suscite une très vive émotion dans les milieux politiques et dans l'ensemble de la population. Le ministre de l'intérieur, Pierre Joxe, présent sur les lieux, est le premier à dénoncer "le racisme, l'antisémitisme, l'intolérance".

Le lundi 14 mai, une gigantesque manifestation est organisée en protestation à Paris. Elle réunit 200 000 personnes, dont le président de la République, François Mitterrand. L'affaire de la profanation de Carpentras devient alors un enjeu politique et un objet de manipulations sordides de la part du Front National. Lors de la manifestation du 14 mai, le parti d'extrême droite, qui défend des idées racistes, est accusé d'être indirectement responsable de la profanation. Jean-Marie Le Pen contre attaque sur tous les fronts. Il accuse des jeunes maghrébins, puis des agents du Mossad d'être à l'origine du massacre. Il prétend même, par la suite, être victime d'un complot d'Etat : le gouvernement aurait lui même organisé la profanation, afin de faire accuser le Front National. Dans ce climat troublé, l'enquête s'enlise, malgré l'arrestation d'un jeune néo-nazi vite relâché, et la confusion s'accroît. En 1995, cette sordide affaire occupe de nouveau le devant de la scène médiatique. Sur le plateau de "Témoin numéro un", le très médiatique avocat Gilles Collard, sous les regards complaisants du présentateur Jacques Pradel, blanchit le Front National et reprend la nouvelle piste préconisée par ce dernier, celle de la "jeunesse dorée" de la ville de Carpentras. Cette nouvelle accusation, qui sert les intérêts électoraux du Front national, nourrit l'agitation à Carpentras. Le 11 novembre 1995, une manifestation de 7 000 personnes exige des "excuses d'Etat". La juge est alors déssaisie de l'affaire et cette dernière est réorientée vers les pistes indiquées par le Front National.

Toutefois, le 30 juillet 1996, les aveux spontanés d'un des cinq profanateurs du cimetière mettent fin à cette mystification. Les coupables sont en fait des skinheads qui avaient méticuleusement préparé une opération "quasi-militaire". Les cinq accusés reconnaissent avoir agi par antisémitisme et sont condamnés le 24 avril 1997 à des peines allant jusqu'à deux ans d'emprisonnement. La profanation de Carpentras, macabre par nature, a été rendue bien plus sordide encore par les manipulations du Front national. Elle souligne les dangers de la progression des idées racistes et antisémites dans la société française.

Éclairage média

Par Julie Le Gac

Ce document, fait l'ouverture du journal télévisé, ce qui met en exergue l'importance de l'événement. Diffusé le jour même de la découverte de la profanation du cimetière, il ne propose aucune analyse et se contente de souligner le choc et l'incompréhension suscités par de tels actes.

Dans un premier temps, les plans consacrés aux tombes saccagées suscitent horreur et émotion.Dans un second temps, la réaction de Pierre Joxe témoigne de l'indignation des responsables officiels. L'appel à la mobilisation de tous, lancé par le ministre de l'Intérieur, est bien entendu et se traduit par la manifestation du 14 mai. Enfin, la référence aux violences nazies des pogroms nazis de Nüremberg en 1933, rappelle la gravité des actes commis, et constitue à ce titre une invitation à la vigilance.

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