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Le renouveau syndical : l'émergence du syndicat SUD

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 16 oct. 1996

Issu de la CFDT, le syndicat SUD, membre du Groupe des 10, incarne une nouvelle forme de syndicalisme. Fidèle aux valeurs des luttes sociales ouvrières, il souhaite s'inscrire dans les réalités économiques contemporaines.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
16 oct. 1996
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000867

Contexte historique

Par Julie Le Gac

A l'automne 1988, les grèves de La Poste, notamment le mouvement des "camions jaunes" en région parisienne, ainsi que d'autres mouvements sociaux dans le Nord de la France creusent les clivages internes à la CFDT, qui connaît un second recentrage. Cette évolution heurte des militants attachés aux promesses du mouvement ouvrier, et sensibles au développement des coordinations. Ces militants sont alors dénoncés par Edmond Maire, secrétaire général de la CFDT comme des "moutons noirs" qui n'ont plus rien à faire dans la confédération.

Ces Cédétistes, démis de leurs mandats ou poussés à la démission, créent aussitôt une structure nouvelle: SUD-PTT. En quelques années, Solidaire Unitaire Démocratique s'impose à La Poste et France Telecom. Cette réussite lui permet d'essaimer dans divers secteurs, principalement dans le secteur public. Associée au groupe des 10 dès 1989, la fédération SUD-PTT l'intègre pleinement en 1992. Cette arrivée de SUD dans le G-10 lui donne un nouveau souffle et contribue à l'ancrer dans le syndicalisme contestataire. Les nouveaux syndicats SUD qui émergent après le mouvement social de l'automne 1995 rejoignent à leur tour le G-10 et consolident ce "pôle de radicalité". Plus récemment, quelques sections CGT, rejetant le réformisme de l'époque Thibault de la CGT, sont passées chez SUD. Issu du secteur public, le G-10 tente de convaincre dans le secteur privé.

Depuis la fin des années 1990, des syndicats SUD se sont implantés dans des entreprises industrielles telles que Renault ou Thomson ou tertiaires comme la FNAC, le BHV, La Redoute. Cependant, ces implantations demeurent encore faibles et dispersées, ce qui explique qu'aux élections prud'hommales de 2002, le G-10 ne remporte qu'1,5% au niveau national. Fin 2002, le G-10 revendique 80 000 adhérents dont 15 000 dans le secteur des PTT. Depuis 1998, la constitution d'une union syndicale confère un véritable cadre statutaire à l'ensemble. Toutefois, cette structuration récuse le modèle confédéral traditionnel, synonyme de centralisation. Le groupe des 10 veut rompre avec l'institutionnalisation et la professionnalisation qui caractérisent les organisations traditionnelles. SUD met au contraire l'accent sur le militantisme de proximité, les actions locales, l'écoute directe des revendications des salariés, et leur prise en compte, quelles qu'elles soient. Animés par des "intellectuels déclassés" selon l'expression d'Annick Coupé, porte parole du Groupe des Dix, les syndicats SUD développent également un travail d'expertise, notamment juridique. Ils affichent parallèlement un discours utopiste et altermondialiste qui veut démontrer la fidélité aux valeurs du mouvement ouvrier et s'inscrire dans les réalités économiques du monde contemporain. Ils s'impliquent dans la création et le fonctionnement de nombreuses associations, traduction de nouveaux mouvements sociaux. Ce sont ainsi des militants de SUD PTT qui créent l'association "Agir contre le chômage" (AC!) en 1993.

Cette ouverture à d'autres causes (les sans papiers, les sans logis, les sans emploi), le développement de nouvelles formes d'actions permettent de sensibiliser plus largement l'opinion publique. Le succès rencontré par SUD traduit, dans un contexte de désenchantement politique, les limites du modèle confédéral et la résurgence d'un syndicalisme plus centré sur les pratiques et identités professionnelles. Il séduit également le néogauchisme.

Éclairage média

Par Julie Le Gac

Ce reportage diffusé au cours du journal télévisé de France 3 souligne l'émergence du syndicat SUD et insiste sur son caractère novateur dans le paysage syndical français. Des images d'archives rappellent, l'histoire de la création de SUD de l'affaire des camions jaunes en 1988 et sa médiatisation au cours des mouvements sociaux de 1995. Tous les témoignages de délégués syndicaux sont par ailleurs très critiques vis-à-vis des organisations syndicales traditionnelles telles que la CGT, FO ou la CFDT. Ils stigmatisent le non respect des revendications des syndiqués par les confédérations. Ce sentiment de trahison est précisément à l'origine de la création de SUD qui revendique à l'inverse une proximité avec les salariés.

Ce document rappelle enfin la singularité de SUD dans le paysage syndical français. Les images rappellent la présence de SUD lors de tous les grands mouvements sociaux, tandis qu'un gros plan sur une pancarte témoigne du soutien de SUD aux mouvements de défense des Droits de l'Homme. Ce reportage, se révèle ainsi assez complet sur le syndicat SUD. Il ne présente cependant que les opinions de personnes appartenant au syndicat et s'abstient de donner la parole aux autres organisations syndicales ou aux responsables des entreprises.

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