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Inauguration du journal télévisé régional à Lille

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 15 nov. 1963

Alain Peyrefitte, Ministre de l'Information, inaugure le premier journal télévisé régional à Lille. La création de Centres d'Actualités Télévisées régionaux est une nouvelle étape de la décentralisation cathodique entamée depuis les années 50.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Collection :
Date de diffusion du média :
15 nov. 1963
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000921

Contexte historique

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Le 25 avril 1950, Télé Lille devient la première télévision régionale française. Cet événement s'inscrit dans une politique gouvernementale plus large de décentralisation culturelle. Il ne s'agit alors plus d'émettre à partir de la seule Tour Eiffel mais de doter les régions des moyens techniques nécessaires pour réaliser leur propre programmation. Dans les années 50, les stations régionales de télévision se multiplient dans les grandes métropoles de province : Lille, Marseille, Strasbourg, Lyon...

Lille est un exemple du passage d'un stade artisanal de la fabrication d'images à une progressive professionnalisation des équipes. Une douzaine de personnes participent à l' aventure à ses débuts, depuis un petit studio de 20 mètres carrés situé en haut du beffroi de Lille. Les programmes s'orientent d'abord vers les productions culturelles : diffusion de pièces de théâtres, d'émissions de variétés, d'opéras... Le premier journal télévisé baptisé "Images du Nord" dispose de moyens extrêmement réduits, et les délais d'acheminement vers Paris ne permettent qu'une diffusion en différé (le lendemain). A partir de 1954, les programmes régionaux sont diffusés en décrochage sur la première chaîne pendant une heure et demie en fin de journée. Peu à peu, les moyens de diffusion se perfectionnent, les nouveaux locaux sont plus vastes et les équipes techniques se professionnalisent. En 1963, le ministre de l'Information Alain Peyrefitte décide de donner aux régions les moyens de réaliser leurs propres journaux télévisés grâce à la création de Centres d'Actualités Télévisés (CAT). Cette décision est motivée par des objectifs politiques : l'information télévisuelle diffusée au niveau national est alors très contrôlée par le gouvernement.

L'autonomie des nouveaux centres (CAT) est limitée: ils doivent faire concurrence à la presse écrite régionale, jugée hostile au gouvernement. Cette mesure marque un changement radical dans l'orientation des stations régionales. Faute de moyens financiers supplémentaires, l'effort est concentré sur l'information (au détriment des productions culturelles). Les journalistes deviennent alors les nouveaux piliers de ces relais régionaux. Aujourd'hui encore, les grandes chaînes hertziennes (à l'exemple de France 3 ou M6) s'appuient sur ces reporters locaux dont certains intègrent ensuite les rédactions nationales.

Éclairage média

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Alain Peyrefitte, ministre de l'Information, a choisi de présenter lui-même les objectifs du journal télévisé régional. Il entend ainsi démontrer qu'il poursuit une véritable politique de décentralisation. Il montre sa volonté de rupture avec une politique télévisuelle jugée trop parisienne (utilisation de l'opposition traditionnelle Paris/province). Il s'adresse directement aux télespectateurs lillois ( il fait de même ensuite dans chaque station régionale). Il peut regarder constamment la caméra grâce à la nouvelle technique du prompteur. Le cadre est de plus en plus resserré sur son visage. Il crée ainsi une proximité avec le nouveau public régional: son discours est animé et ses gestes prennent directement le télespectateur à partie.

Il cherche également à montrer aux téléspectateurs sa bonne connaissance de leurs préoccupations locales. Il met en avant les particularismes régionaux: il évoque les lainiers de Roubaix, les pêcheurs de Boulogne. Il utilise même quelques clichés sur le folklore du Nord qui prêtent aujourd'hui à sourire (le toit des corons, la chanson du petit quinquin). Cette présentation du journal télévisé par le ministre semblerait inconcevable aujourd'hui. Elle illustre le contrôle de l'information exercé à l'époque par le gouvernement.

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