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Les Malgré-Nous

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 17 déc. 1981

En 1940, l’Alsace et la Moselle, annexées par l’Allemagne nazie, sont soumises à la conscription obligatoire. 130 000 jeunes hommes sont dès lors enrôlés dans l’Armée allemande. 60 ans après, la mémoire de cet épisode demeure douloureuse.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
17 déc. 1981
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001000

Contexte historique

Par Julie Le Gac

La situation des Malgré-nous illustre la singularité de l’Alsace Lorraine au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ces territoires ne sont pas seulement occupés mais annexés par l’Allemagne nazie.

A cet égard, les Gauleiter Bürckel pour la Moselle et Wagner pour l'Alsace promulguent le 19 août pour la Moselle et le 28 août 1942 pour l'Alsace, la conscription obligatoire. Au total, 21 classes d'âge sont mobilisées en Alsace et 14 en Moselle (soit 130 000 jeunes), 2 d'entre elles en Moselle et 3 en Alsace fournissant, toujours sous la contrainte, des contingents aux Waffen SS. Les conscrits se désignent eux-mêmes comme des "Malgré nous", reprenant ainsi une expression forgée en Lorraine sous le patronage de Barrès à l'issue du premier conflit mondial. Sous la contrainte, ils sont engagés dans une guerre qu’ils ne reconnaissent pas comme la leur. Ce désaccord profond se manifeste par les réactions très négatives de la population: tentatives de fuite, manifestations patriotiques, multiplication des demandes de réforme.

La plupart de ces soldats sont envoyés sur le front de l'Est mais 10 à 20% se retrouvent dans les Balkans, en Scandinavie, en Italie et en France. A partir de l'été 1943, ils sont dispersés afin d'éviter toute concentration subversive d'Alsaciens ou de Mosellans.

Les Soviétiques sont prévenus par la France Libre de la présence des Malgré Nous sur le front de l'Est. Des appels à la désertion sont dès lors lancés par des tracts, et haut-parleurs. Plus de la moitié des Malgré-nous qui se trouvent dans les lignes soviétiques se rendent ou se laissent prendre. La majorité est dirigée au camp 188 de Tambov, à 450 km au sud est de Moscou. Ils sont entre 1500 et 2000 en juillet 1944 quand part pour Alger le premier contingent libéré. En septembre 1945, leur nombre s’élève à 11 000.

Au total sur les 130 000 incorporés de force, plus de 90 000 rentrent, 22 000 meurent au combat et les autres meurent en détention ou sont portés disparus.

La mémoire des Malgré-nous s’avère immédiatement très problématique. Se considérant comme les premières victimes de la guerre, ils souffrent d’un profond sentiment d’incompréhension. Ce dernier se transforme en sentiment d’injustice au cours du procès de Bordeaux de janvier 1953, qui juge les membres identifiés de la division Waffen SS "Das Reich" ayant participé au massacre d’Oradour sur Glane du 10 juin 1944. Parmi eux figurent 14 Malgré-nous, dont un volontaire condamné à mort, les autres étant condamnés le 11 février 1953 à des peines de travaux forcés. L’opinion publique française se divise alors, et face aux demandes de réhabilitation, le Parlement vote en urgence, le 21 février, une loi amnistiant les Malgré-nous de la division "Das Reich". Soixante ans après la guerre, la mémoire des Malgré-nous demeure très douloureuse.

Éclairage média

Par Julie Le Gac

Ce reportage révèle la douleur inhérente à la mémoire des Malgré-nous. Ces derniers, en effet, confrontés à l’incompréhension de leurs contemporains, se sont souvent réfugiés dans le silence et n’ont pas transmis cette mémoire aux jeunes générations, comme en témoigne l’ignorance, voire la gêne des jeunes gens interviewés en début de reportage.

Les images d’archives sélectionnées illustrent la dureté des combats sur le front de l’Est : à des scènes de combats de rue ou sur un front parsemé de ruines fumantes, succèdent des gros plans sur des feux nocturnes. L’accent est porté sur la violence des combats et le parallèle avec les flammes dévorantes de l’enfer ne peut être ignoré. Puis, sur une musique étonnamment décalée, défilent des images de camp de concentration, des miradors, des barbelés filmés en gros plan, rappelant l’enfermement des Malgré-nous au sein du camp de Tambov en URSS, qui dure pour certains jusqu’en 1955. Ces images soulignent par ailleurs avec une acuité particulière la tendance des Malgré-Nous à s’assimiler aux déportés dans les camps de concentration nazis. Le vocabulaire utilisé par certains Malgré-Nous dans ce document en témoigne.

En définitive, ce document, explique avec justesse quelle fut la situation des Malgré-nous pendant la Seconde Guerre mondiale, mais n’échappe pas à la tentation de la victimisation.

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