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La commémoration du 8 mai 1945

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 08 mai 1982

François Mitterrand célèbre, pour la première fois depuis sa suppression en 1975, la capitulation de l’Allemagne le 8 mai 1945.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Générique :
Charnelet Patricia (Journaliste)
Date de diffusion du média :
08 mai 1982
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001013

Contexte historique

Par Vincent Casanova

La commémoration de la victoire s’impose laborieusement à la fin de la Seconde Guerre mondiale et vient révéler la difficulté d’élaborer une mémoire spécifique à ce conflit. Contrairement au 11 novembre immédiatement reconnu par tous les Français et déclaré férié dès 1922, la mémoire de la Seconde Guerre mondiale a peiné à se trouver un événement commémorable et un calendrier.

Le 11 novembre a tout d’abord capté les souvenirs de 1939-45, lorsque de Gaulle organise ce jour-là de 1945 le transfert de 15 cercueils de combattants et victimes de la guerre, de l’Arc de triomphe au Mont-Valérien, haut-lieu du martyre résistant. La cérémonie associe les morts des deux guerres mondiales en un seul geste et ancre la guerre dans la France éternelle. Le choix du 11 novembre met alors en valeur le concept gaullien de la guerre de trente ans. De Gaulle escamote ainsi le souvenir du second conflit afin de célébrer une France victorieuse et unie.

L’anniversaire de la capitulation allemande du 8 mai est bien célébré en 1946, institué fête nationale, sous la pression des milieux résistants ; mais il n’est fêté que le dimanche suivant puisque le jour n’est pas férié. Dès lors la commémoration est concurrencée par la fête de Jeanne d’Arc. Communistes et gaullistes finissent par imposer que le jour soit férié au Parlement en 1953 mais de Gaulle le supprime en 1959, sauf pour le 20e anniversaire en 1965. Si les résistants de gauche continuent à célébrer ce jour, sa suppression en 1975 par le président Valéry Giscard d’Estaing, provoque une levée de bouclier.

Présentée comme un geste de réconciliation avec l’Allemagne, par esprit européen, cette décision est fortement contestée. Les associations de résistants crient au contresens : le 11 novembre est par essence nationaliste et anti-allemand alors que le 8 mai peut revêtir une dimension européenne puisque dans le combat antinazi se reconnaissent des Allemands comme le chancelier Willy Brandt. Mitterrand promet son retour, effectivement réalisé en 1981. Il s’est fait le défenseur de la spécificité du 8 mai par rapport au 11 novembre et a révélé le clivage entre mémoire de droite et mémoire de gauche. La première tend à gommer la spécificité du conflit, la seconde préférant la souligner.

Bien que l’anniversaire de 1945 finisse par s’imposer, il n’a pas le succès populaire du 11 novembre. Il suscite moins de ferveur que les commémorations locales d’événements qui donnent lieu à des fêtes entre résistants, chaleureuses mais marginalisées. L’hétérogénéité de l’événement et la multiplicité des acteurs et des victimes rendent difficile l’unanimisme. Celui-ci apparaît comme artificiel, dans la mesure où les déchirements nationaux entre 1940 et 1944 restent présents dans la mémoire diffuse des Français. Derrière le souvenir de 1945, pointe celui de la défaite de 1940, bien plus cuisant. Or il est difficile de commémorer ce qui est tristement mémorable.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

L’ensemble du reportage est construit comme si la télévision rendait elle-même hommage. Après un lancement (où l’on voit que le prompteur ne s’est pas encore imposé) qui rappelle le sens du 8 mai 1945 et la suppression par Giscard d’Estaing de la célébration de la victoire, la journaliste suit pas à pas la mise en scène réglée de la cérémonie. Les longs plans sans commentaires peuvent être une façon pour la télévision de participer à l’hommage aux résistants.

Dans la continuité des grands généraux victorieux de la Seconde Guerre mondiale, François Mitterrand semble inscrire ses pas, et l'hommage rendu aux résistants inconnus vient incarner le lien direct que le nouveau président veut instaurer avec les Français, ici téléspectateurs. On perçoit donc ici l'usage très politique de l'image fait par Mitterrand ainsi que la volonté de la télévision de participer à une cérémonie fédératrice, ce média cherchant avant tout à créer du consensus. Façonnée par d'anciens résistants, la télévision semble dès lors célébrer un peu de sa victoire.

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