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Les procès de Vichy

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 02 avr. 1998

La condamnation de Maurice Papon permet de revenir, depuis le procès de Klaus Barbie, sur la collaboration des fonctionnaires de Vichy.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
02 avr. 1998
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001016

Contexte historique

Par Vincent Casanova

Dès la Libération s’exprime un esprit de vengeance à l’encontre des collaborateurs ou présupposés tels. Estimée à près de 9 000 morts, cette épuration spontanée a rempli une fonction d’exutoire des violences de l’Occupation et exprimé un besoin profond de réparation et de justice. Pour y mettre fin, une épuration par le haut est souhaitée par de Gaulle. Mais entre la sanction brutale et l’indulgence coupable, la justice doit opérer sans marge de manœuvre : sans définir précisément la nature des crimes qui leur sont reprochés, elle évite de poser les questions essentielles, réduisant le crime au délit, la faute politique à la trahison. Contrairement à la promesse du général le pays, un jour, devra connaître qu’il est vengé – un malaise profond subsiste, ancrant un syndrome de Vichy dans les mémoires françaises. Commencent alors de longues années de silence, légitimé par l’amnistie de 1953.

Les souvenirs enfouis ressurgissent au début des années 1970 après que Georges Pompidou signe discrètement la grâce de Paul Touvier, condamné à mort en 1947, mais couvert par la prescription des crimes de guerre depuis 1967. Entré en 1942 au service d’ordre de la Légion française combattante, il a participé aux exactions de la Milice. Cette décision redouble la politique de silence de l’ORTF et vient donner le sentiment que le pouvoir interdit à la vérité de s’exprimer. C’est à partir de ces années, à l’unisson de l’éveil d’une mémoire juive qui cherche son identité, que se formalise le souci de retrouver d’anciens responsables et de les juger devant des tribunaux français.

Klaus Barbie, l’ancien chef de la Gestapo à Lyon, est localisé dès 1972 en Bolivie, mais il fallut attendre 1983 pour qu’il soit inculpé de crimes contre l’humanité, crimes dont la définition a été fixée par le tribunal de Nuremberg en 1945 et qui sont déclarés imprescriptibles à partir de 1964.

Il faut encore attendre 1994 pour que que le Français Paul Touvier, arrêté dans un couvent en 1989, soit jugé pour la première fois. Accusé de complicité de crimes contre l’humanité, il meurt en prison en 1996. Puis vient le tour de Maurice Papon, ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde entre juin 1942 et mai 1944.

Il fait figure de symbole à plusieurs titres : il est le dernier acteur vivant d’une suite d’inculpations retentissantes, il participa à la déportation de 1 590 Juifs. La lenteur de l’instruction, commencée en 1981, mais ralentie par la volonté présidentielle, est devenue l’expression des réticences de la société française à revisiter son passé. Comment assumer le fait que Papon ait été aussi le préfet de police de Paris au moment du massacre de Charonne en 1962, ainsi que ministre du Budget dans les années 1970 ? Enfin, l’affaire Papon met en question les limites de la complicité de collaboration et pose le problème de la responsabilité ou de sa dissolution des pouvoirs publics. Le régime de Vichy a-t-il été une parenthèse dont la République ne serait pas comptable ? Il a fallu attendre Jacques Chirac pour que la responsabilité collective de la France soit reconnue en juillet 1995. Papon, qui ne reconnut jamais ses actes, fut déclaré coupable et condamné à dix ans de prison ferme. Déjà très âgé, il bénéficia d’une libération anticipée en 2002. Il ne mourut toutefois que cinq plus tard, à 96 ans, déclenchant une dernière polémique sur son cas, mais ne réveillant plus les spectres de la culpabilité qui s’étaient manifestés lors de son procès.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Ce sujet est construit comme une leçon d’histoire. Il s’agit avant tout de faire de preuve de pédagogie. Le journaliste tient le rôle d’un professeur, usant d’images d’archives à chaque fois pour illustrer son propos. Les plans sur les nombreux dossiers de justice figurent l’ampleur de la tâche accomplie autant que la complexité et l’importance des procès.

Il n'en reste pas moins que c'est le commentaire qui fait tout. À l'exception d'un très bref entretien avec Denis Pechanski, un historien spécialiste des fonctionnaires sous Vichy, l'ensemble du reportage déroule les faits les uns après les autres, énonce et explicite les notions (pour l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité par exemple), s'adressant le plus clairement possible au téléspectateur.

Il y a là une exception propre à l'information télévisée qui, quand il s'agit d'histoire, tient à prendre un peu de temps. On peut y voir tout à la fois la trace de la formation journalistique qui accorde à cette discipline une place de choix et l'héritage de la fonction primitive de la télévision, inventée après-guerre dans une perspective de démocratisation culturelle et de diffusion des connaissances au plus grand nombre. Ce traitement de l'information vient ainsi rappeler les racines radiophoniques du média télévisé dans la mesure où c'est le commentaire qui fait l'information plus que l'image.

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