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Des ouvriers annamites au travail dans une usine française d'avions

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 1916

Des ouvriers annamites sont employés dans une usine française de construction d'avions. Ils effectuent différents travaux (assemblage, peinture, usinage des moteurs...) sous la surveillance d'un officier français.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Collection :
Gaumont
Date de diffusion du média :
1916
Production :
Gaumont Pathé Archives
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001030

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Avec l'échec des offensives de l'été 1914 et l'enlisement dans une guerre totale, la mobilisation de la main-d'oeuvre industrielle devient un enjeu essentiel pour les pays en guerre. En France, la loi Dalbiez (4 juin 1915) permit le retour dans les usines des ouvriers qualifiés : environ 500 000 "affectés spéciaux" quitteront ainsi le front pour être répartis dans les différentes usines de l'armement, la métallurgie et la chimie.

Face aux besoins sans cesse croissants de l'armée en armements et équipements, le sous-secrétaire d'Etat à l'Artillerie et aux Munitions Albert Thomas décida toutefois rapidement d'augmenter la main-d'oeuvre industrielle en faisant appel à de nouvelles catégories : les femmes et surtout les populations coloniales. La population de l'Empire colonial ne fut donc pas seulement mobilisée dans l'armée (cf. tirailleurs sénégalais) mais également dans les usines d'armements. Le gouvernement français fit venir des coloniaux dans des conditions qui s'apparentaient à des camps de travail.

Un bureau de transport et de placement des travailleurs coloniaux fut mis en place : les industriels s'adressaient à cet organisme, lui payant 50 centimes par homme et par jour. La main-d'oeuvre coloniale travaillait de manière isolée par rapport à la main-d'oeuvre française. Les travaux qui étaient réservés aux "coloniaux" étaient les plus souvent les plus pénibles et les plus dangereux. L'administration et l'armée s'attachèrent à maintenir les cadres de la vie indigène et à préserver les coloniaux de tout contact avec la population française, jugé démoralisant ou dangereux. Annamites avec leurs mandarins, Algériens avec leurs marabouts furent ainsi parqués dans des cantonnements spéciaux et soumis à une discipline militaire. Beaucoup eurent du mal à s'habituer aux conditions de vie en métropole (au froid, notamment).

D'importants stéréotypes guidèrent l'utilisation des différentes ethnies. Les coloniaux en provenance d'Afrique du Nord étaient jugés plus fainéants et moins disciplinés : ils furent le plus souvent cantonnés dans des tâches de manutention. Les Annamites (c'est ainsi que l'on appelait les habitants de l'Annam en Indochine), experts dans l'utilisation de la laque et considérés comme plus habiles, furent essentiellement utilisés dans la construction aéronautique.

A la fin de la guerre, le nombre de coloniaux utilisés dans l'industrie était de 61 000 (essentiellement en provenance d'Afrique du Nord et d'Indochine) auxquels il faut également ajouter 108 000 étrangers (populations n'appartenant pas à l'Empire français, notamment Chinois, Espagnols...). Cette main-d'oeuvre ne devait au départ venir travailler en France que le temps de la guerre. Mais l'hécatombe démographique et l'énorme besoin de main-d'oeuvre pour la reconstruction firent que certains ne furent pas rapatriés après novembre 1918 et demeurèrent en France (ce fut le cas notamment de nombreux Indochinois travaillant dans l'aéronautique).

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Ce reportage sur les Annamites (habitants de l'Annam en Indochine) travaillant dans un atelier de fabrication d'avion permet de souligner l'importante discipline à laquelle étaient soumis les travailleurs coloniaux. Les ouvriers annamites travaillent d'ailleurs en uniforme, ce qui témoigne bien de leur militarisation. Des contrôleurs (sans doute des officiers français) se livrent à un contrôle permanent de leur travail. La pancarte au début du reportage précise qu'il s'agit d'une main-d'oeuvre "appréciée".

Les Annamites étaient considérés comme habiles, ce qui explique leur utilisation dans les industries les plus modernes comme l'aéronautique. L'utilisation de la main-d'oeuvre coloniale répondit en fait à des critères ethniques lors de la Première Guerre mondiale, les coloniaux étant utilisés dans des secteurs et à des tâches différentes selon les stéréotypes de l'époque.

Les reportages de la Première Guerre mondiale ne sont pas datés avec précision. La date de 1916 indique que le document a été tourné pendant l'année en cours.

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