La Polynésie française à l'heure du premier essai nucléaire

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 05 juil. 1966 | Date d'évènement : 02 juil. 1966

Reportage sur la vie à Tahiti peu avant le premier essai nucléaire sur l'atoll de Mururoa.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de l'évènement :
02 juil. 1966
Date de diffusion du média :
05 juil. 1966
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001057

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

A la suite de l'indépendance de l'Algérie et de l'arrêt des expériences nucléaires françaises menées à Reggane depuis 1960, le gouvernement français décide en 1963 de créer en Polynésie française, dans l'archipel des Tuamotu, le Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP). Les sites d'expérimentations nucléaires sont implantés sur deux atolls éloignés - à environ 1 200 kilomètres de Tahiti - et inhabités, Mururoa et Fangataufa, où de nombreuses infrastructures sont construites. Dans le même temps, le CEP installe son centre de commandement sur l'île de Tahiti et utilise l'atoll de Hao comme base logistique, y faisant construire une longue piste d'aviation.

Le premier essai nucléaire aérien a lieu sur l'atoll de Mururoa le 2 juillet 1966. Par la suite, de 1966 à 1996, 181 essais nucléaires sont effectués, la plupart souterrains, seuls 41 étant aériens, tous réalisés entre 1966 et 1974. L'impact du CEP sur la Polynésie française a été très important. Son implantation a provoqué l'afflux à Tahiti de quelque 10 000 métropolitains, civils et militaires. De nombreux Polynésiens s'y installent également et sont employés par le CEP. En 1968, ce dernier fait travailler plus de 15 000 personnes, et encore 9 000 en 1983. Le CEP devient donc l'employeur principal de la Polynésie française. Les dépenses publiques ne cessent par ailleurs de s'accroître, de même que le niveau de vie moyen des Polynésiens. Après un moratoire pris par François Mitterrand en 1992, Jacques Chirac décide la reprise des essais nucléaires en 1995. Cette dernière campagne prend fin avec l'essai du 27 janvier 1996. A l'issue de ces tests, la France signe les protocoles du traité de Rarotonga, qui avait créé en 1985 une zone dénucléarisée dans le Pacifique Sud, puis le traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Le CEP ferme donc ses portes, ce qui suscite une grande inquiétude en Polynésie en raison de son poids essentiel dans l'économie locale. L'Etat français s'engage ainsi à maintenir pendant dix ans le niveau des flux financiers dûs à l'activité du CEP, soit 152 millions d'euros par an, et un Fonds pour la reconversion de la Polynésie française est mis en place.

Enfin, la question de l'incidence des essais nucléaires sur la santé des Polynésiens est posée avec une plus grande acuité depuis le début des années 2000. Des associations cherchent à montrer que la population a bien été touchée par des retombées radioactives et à obtenir de l'Etat des indemnisations. Une commission d'enquête de l'Assemblée de Polynésie sur les essais nucléaires a quant à elle conclu en 2006 qu'une dizaine d'essais atmosphériques réalisés de 1966 à 1974 avaient été polluants.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé par Les Actualités Françaises le 5 juillet 1966, ce sujet est consacré à la vie à Tahiti alors que le premier essai nucléaire est sur le point de se dérouler à Mururoa. Il ne se préoccupe toutefois guère des expérimentations nucléaires: elles ne sont que rapidement évoquées par le biais d'images des chantiers sur les atolls d'Hao et de Mururoa et au détour de l'interview d'un métropolitain dont on ne sait à quel titre il est interrogé.

Ce sujet prend en fait pour prétexte l'essai nucléaire pour proposer un reportage sur Tahiti et ses habitants qui abonde en clichés. Il ne montre ainsi que des images extrêmement stéréotypées de Tahiti, uniquement folkloriques. C'est par exemple le cas de la cérémonie d'inauguration du nouveau port de Papeete : aucun plan des nouvelles installations n'est proposé au profit d'images de la reine de Tahiti et de rameurs en costume folklorique à bord de pirogues. De même, le commentaire sur l'essor du tourisme étranger à Tahiti est uniquement illustré par l'accueil de touristes par des Tahitiennes leur mettant au cou des colliers de fleurs. Le cliché de la vahiné est ainsi particulièrement présent tout au long du sujet.

Ce dernier n'offre donc de Tahiti qu'une image de carte postale, où il fait bon vivre, sur la plage, accompagné des jeunes filles locales. La musique traditionnelle est d'ailleurs présente en fond sonore quasiment tout au long du reportage. Le commentaire lui-même est à l'aune des images proposées, très stéréotypé, souvent paternaliste, voire colonialiste. Ainsi, selon le commentateur, "le folklore est toujours le roi des îles", à Tahiti "on se baigne perpétuellement au son des guitares" et la vahiné connaît "une motorisation très poussée".

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