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Commémoration à Auschwitz-Birkenau du 60e anniversaire de l'ouverture du camp

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 27 janv. 2005

Lors des cérémonies commémorant le 60e anniversaire de l'ouverture du camp d'Auschwitz-Birkenau, les anciens déportés et 44 chefs d'État honorent la mémoire d'un lieu devenu le symbole de la Shoah.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
27 janv. 2005
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
10 janv. 2024
Référence :
00000001110

Contexte historique

Par Julie Le Gac

Des manifestations d'une ampleur sans précédent marquent la commémoration du 60e anniversaire de l'ouverture du camp d'Auschwitz-Birkenau par l'Armée rouge le 27 janvier 1945.

La cérémonie, caractérisée par une représentation diplomatique majeure, relève de la geste politique. 44 chefs d'État ou leurs représentants sont présents, oubliant, à l'occasion, leurs dissensions passées ou actuelles, comme c'est le cas entre les présidents russe et ukrainien Vladimir Poutine et Viktor Ioutchenko. L'Europe affiche alors un visage unifié. Par ailleurs, environ un millier de rescapés et une centaine d'anciens combattants de l'Armée rouge ayant pénétré dans le camp en janvier 1945 assistent à la commémoration. C'est en effet certainement la dernière fois qu'une présence aussi massive de témoins de l'horreur d'Auschwitz-Birkenau est possible.

Cette cérémonie rend hommage à toutes les victimes assassinées dans le camp. Simone Veil, présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah et ancienne ministre française s'exprime au nom des victimes juives ; Romani Rose, au nom des victimes tsiganes et Wladislaw Bartoszewski, ancien ministre des Affaires étrangères polonais, au nom des déportés politiques. Toutefois, cette commémoration révèle qu'Auschwitz-Birkenau est devenu avant tout un lieu de mémoire de la Shoah. Pourtant, jusqu'aux années 1960, l'ancien bloc soviétique insistait sur la lutte contre le fascisme et oblitérait délibérément l'entreprise d'anéantissement des Juifs. Quinze années après la chute du mur de Berlin, malgré la persistance en Pologne de l'occultation de la compromission d'une partie de la population polonaise dans le génocide, la mémoire du camp d'Auschwitz-Birkenau est unifiée. Les interventions du président polonais Alexander Kwasniewski et de Vladimir Poutine témoignent de ce rapprochement. Dans le même sens, il revient au président israélien Moshe Katzav de prononcer le dernier discours. Ce dernier rappelle alors que la communauté internationale avait connaissance du génocide, mais qu'elle n'a rien fait pour l'empêcher.

Dans une atmosphère empreinte d'une vive émotion, les témoignages des anciens déportés honorent la mémoire de leurs camarades disparus en ces lieux. Surtout, Simone Veil et Wladyslaw Bartoszewski invitent la communauté internationale à cultiver la mémoire des atrocités commises et soulignent que le vœu exprimé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le plus jamais ça, n'a pas été suivi d'effet et n'a empêché ni le génocide cambodgien ni le génocide rwandais.

La commémoration s'achève par une cérémonie multiconfessionnelle et le récit du kaddish, la prière des morts juive, par le rabbin de New York, Joseph Malowany qui a perdu 56 membres de sa famille dans le génocide.

Ainsi, dans une très grande solennité, la communauté internationale réunie à Auschwitz pour célébrer le 60e anniversaire de l'ouverture du camp par l'Armée rouge, se souvient, se recueille, et fait le vœu d'un monde meilleur.

Éclairage média

Par Julie Le Gac

En ouverture du journal télévisé de 20 heures, France 2 propose un reportage d'une qualité remarquable sur les cérémonies commémorant le 60e anniversaire de l'ouverture du camp d'Auschwitz-Birkenau par l'Armée rouge le 27 janvier 1945.

Ce document reprend les différentes étapes de la cérémonie : les discours de chefs d'État, les témoignages des rescapés, puis la cérémonie multiconfessionnelle. La dimension politique de la commémoration est soulignée. Évoquant seulement en une phrase la référence de Vladimir Poutine à la nécessité de lutter contre le terrorisme, quelque peu déplacée dans de telles circonstances, le commentaire insiste sur la symbolique de la réunion des chefs d'État européens pour célébrer la mémoire de la Shoah. Toutefois, le reportage accorde une plus grande attention aux témoignages des rescapés des camps. Les mots, émus et bouleversants de Simone Veil, résonnent douloureusement dans le paysage désolé, balayé par la neige du camp d'Auschwitz. Ceux de Wladyslaw Bartoszewski saisissent quant à eux d'effroi l'auditoire.

L'alternance de plans d'ensemble et de gros plans sur les participants à la cérémonie et le recours à la technique du champ/contre-champ permettent de rendre compte de l'intense émotion partagée par l'assemblée réunie dans le camp d'Auschwitz-Birkenau en ce 27 janvier 2005.

La réalisation, par ailleurs, rend hommage à la mise en scène prévue par les organisateurs de la cérémonie. Elle met tout d'abord en avant l'univers sonore terrifiant créé par le sifflement strident d'un train arrivant en gare ou encore les bruits de porte des wagons à bestiaux s'ouvrant sur les déportés. Elle souligne également l'importance jouée par le feu dans cette commémoration. Des flammes ceignent des portes placées près des miradors à l'entrée du camp, tandis que les rails de la Judenrampe, espace sur lequel s'effectuaient les sélections, et restauré à l'initiative de Serge Klarsfeld sont également enflammés. Ce feu symbolise l'enfer créé par les nazis à Auschwitz-Birkenau et la mort qui était promise à ceux qui y pénétraient. Un nuage de fumée noire représente quant à lui les cendres des millions de personnes assassinées, puis brûlées dans les fours crématoires.

Enfin, la cérémonie s'achève sur le clair-obscur saisissant de la Judenrampe enflammée dans la noirceur nocturne d'Auschwitz, alors que le chant pur d'une soprano retentit tel le pleur d'une communauté qui se souvient de l'horreur du crime commis en ces lieux.

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