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Alger accueille le président Gaston Doumergue

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 14 juin 1930

1930 marque le centenaire de la prise d'Alger. Des célébrations sont organisées à l'occasion de cet anniversaire : après une revue navale dans la rade d'Alger, Gaston Doumergue est accueilli par une foule enthousiaste et défile dans les rues de la ville.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Pathé
Date de diffusion du média :
14 juin 1930
Production :
Gaumont Pathé Archives
Page publiée le :
23 juil. 2008
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001205

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Ce qui n'était au départ qu'une simple opération militaire destinée à combattre la piraterie en Méditerranée, la prise d'Alger, le 5 juillet 1830, s'est progressivement transformée en une véritable politique de colonisation au cours des années suivantes : conquête de la région d'Alger puis des principales villes (Bône en 1832, Bougie et Blida en 1833, Constantine en 1837), réduction de la révolte menée par l'émir Abdelkader (qui abdique en 1847), mise en valeur des marais de la Mitidja au cours des années 1850, développement de la colonisation officielle sous la IIIe République.

Au sein de l'Empire colonial français, l'Algérie occupe indéniablement une place à part : il s'agit de la seule véritable colonie de peuplement (la population européenne triple de 1872 à 1914, passant de 245 000 à 750 000) et de celle où la politique d'assimilation et d'intégration est la plus poussée, puisque le territoire algérien reçoit le statut de département français (l'Algérie se divise en trois départements : Alger, Oran et Constantine). Il s'agit également de la colonie la plus développée et la plus riche : les villes se développent, les ports se modernisent, de grands barrages sont édifiés. En 1930, l'Algérie compte 4000 kilomètres de voies ferrées et sa capitale, Alger, fait partie des grandes villes françaises, avec son université, sa Bibliothèque nationale, son musée national, son Institut Pasteur... C'est enfin la colonie avec laquelle la métropole entretient les liens les plus importants : à la fin du XIXe siècle, tous les départements français sont encouragés à créer un village en Algérie, tandis qu'à l'école de la République, tous les enfants apprennent que la France s'étend de Dunkerque à Tamanrasset.

Les célébrations du centenaire de la prise d'Alger en 1930 sont l'occasion pour la France de célébrer l'œuvre accomplie en Algérie et les réussites de la colonisation. Le 3 mai 1930, le président de la République Gaston Doumergue s'embarque à Toulon sur un vaisseau de la marine nationale pour, selon les termes de son discours, "aller, au nom de toute la France, saluer l'Algérie et s'associer aux fêtes organisées pour célébrer l'œuvre admirable de colonisation et de civilisation réalisée entre ces deux dates, 1830-1930". Après une grande revue navale dans la baie d'Alger, d'importants défilés sont organisés dans la capitale algérienne. Les cérémonies font revivre les grandes phases de la conquête et des troupes défilent vêtues de l'uniforme de 1830. A Sidi-Ferruch, Gaston Doumergue inaugure une colonne commémorant le débarquement de l'armée française en juin 1830. Il se rend ensuite dans les principales villes algériennes. A Constantine, le président déclare : "Il n'y a plus en Algérie de vainqueurs et de vaincus mais seulement des concitoyens". Les cérémonies organisées à l'occasion du centenaire de la prise d'Alger sont relayées en métropole par une imposante campagne de propagande pour célébrer l'œuvre accomplie par la France en Algérie : affiches, cinéma (cf. le film de Jean Renoir, Le Bled, réalisé pour cette occasion), radio, livres et presse vantent les mérites de l'Algérie française.

Mais si ces cérémonies de 1930 constituent une sorte d'âge d'or pour l'Algérie française, elles occultent largement un certain nombre de difficultés et l'émergence de mouvements contestataires qui commencent à se développer. Le développement de l'Algérie ne profite en effet qu'à une minorité d'Européens, tandis que la grande majorité des ruraux indigènes s'appauvrissent. La politique de l'assujettissement par le code de l'indigénat ajoute à la paupérisation de la population musulmane. Des mouvements nationalistes commencent à se développer, remettant en cause la présence française (Messali Hadj crée en 1926 L'Etoile nord africaine). Pour beaucoup de musulmans, les cérémonies de 1930 sont vécues comme une humiliation (à travers notamment les mises en scènes rappelant la défaite des tribus face à l'armée française), d'autant plus qu'aucun geste politique ne vient illustrer l'affirmation rituelle des grands principes républicains.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Tout est fait dans ce reportage pour souligner le faste des cérémonies, mais également l'accueil très enthousiaste réservé par Alger au président Doumergue. Les extraits proposés permettent d'insister sur la pacification de l'Algérie et sa loyauté envers la métropole. On remarquera toutefois que la population venue acclamer le président dans les rues d'Alger est essentiellement européenne (comme le démontre leurs vêtements et chapeaux).

Particulièrement intéressante est la séquence au cours de laquelle les chefs de tribus, en habits traditionnels, sont présentés au président Doumergue. Il s'agit en fait de rappeler la soumission des principaux chefs indigènes à la France au cours des années 1830 et 1840 et de démontrer que la souveraineté française en Algérie ne fait l'objet d'aucune contestation. Cette souveraineté française est également affirmée par les rues pavoisées de drapeaux bleu blanc rouge.

Ce genre de cérémonies et la répétition de gestes trop symboliques de soumission sont toutefois mal vécus par la communauté musulmane. Et les mouvements nationalistes, remettant en cause la présence française, voient leur audience s'accroître de manière importante au cours des années qui suivent.

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