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Barbara

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 17 janv. 1964

Dans le cadre de l'émission Chanson pour une caméra, présentée par Jacqueline Joubert, Barbara interprète sa chanson Nantes.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
17 janv. 1964
Production :
INA
Page publiée le :
23 sept. 2008
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001214

Contexte historique

Par Stéphane Ollivier

Interprète d'exception à la voix troublante et savamment articulée, tour à tour fragile et mordante, mutine et acide, théâtrale et sensuelle, Barbara est entrée dans l'histoire de la chanson française comme l'un des plus grands auteurs compositeurs du XXe siècle. Comme nulle autre avant elle, elle a su exprimer à travers la grâce énigmatique de ses ritournelles atypiques toute la délicatesse et l'ambiguïté de sa sensibilité de femme. Née à Paris le 9 juin 1930, Monique Serf, dite Barbara, connaît pourtant des débuts difficiles. Elle ne s'impose que tardivement à la fin des années 1950 en chantant chaque soir à L'Écluse, petit cabaret parisien typique du style « rive-gauche » alors à la mode, un répertoire éclectique mêlant humour caustique 1900, réalisme poétique et chanson « existentialiste ».

En 1960, ses deux premiers disques consacrés aux univers de Jacques Brel et Georges Brassens suscitent l'attention de la critique, mais ce n'est qu'en 1964, avec la sortie de l'album Barbara chante Barbara que la chanteuse révèle soudain ses extraordinaires talents d'auteur et la richesse de son inspiration. Une écriture elliptique et précise, très imagée, abordant avec une élégance exquise des thèmes difficiles et personnels : l'amour interdit, l'enfance et la mort, la jeunesse enfuie, la solitude... Un ton inimitable surtout – mélange de nostalgie embuée, de réalisme poétique, de fragilité impudique et d'humour tout à la fois tendre, noir, douloureux et féroce. Tout est là, offert d'emblée, d'un univers poétique d'une cohérence esthétique totale, que la chanteuse va s'appliquer dés lors à décliner en mille et une variations.

Multipliant les prestations scéniques où elle excelle dans l'art d'envoûter littéralement son public, livrant régulièrement des albums aux tonalités toujours plus noires et désespérées Le Mal de vivre (1965), Ma plus belle histoire d'amour (1967), Le soleil noir (1968) – comme autant de pages arrachées à son journal intime, Barbara va accumuler les succès jusqu'au début des années 1970 et l'apothéose de L'Aigle noir, chanson lyrique et onirique, qui s'impose d'emblée comme l'un des sommets de son répertoire. Après quelques années un peu en demi-teinte, Barbara fera un retour gagnant au tournant des années 1980 avec des spectacles musicaux en forme de grand-messes (les concerts de l'hippodrome de Pantin en 1981 ; Lily Passion en 1986), profitant par ailleurs de sa notoriété pour s'engager publiquement dans le champ politique et social, se révélant notamment une militante ardente dans la lutte contre le sida. Elle enregistre un dernier disque en 1996 sobrement intitulé Barbara et meurt le 24 novembre 1997, à l'âge de 67  ans.

Éclairage média

Par Stéphane Ollivier

Chanson époustouflante d'émotion, Nantes se présente à bien des égards à la fois comme la matrice et la pierre de touche de l'ensemble de l'œuvre de Barbara. Confession autobiographique à la fois très intime et d'une grande pudeur dans l'expression des sentiments, elle raconte avec un sens narratif imparable les retrouvailles manquées de la chanteuse avec son père, après des années de séparation. Créée en 1963 elle figure sur le mythique « album à la rose », Barbara chante Barbara, disque essentiel dans l'éclosion artistique de la chanteuse.

Enregistrée le 17 janvier 1964 dans l'émission Chanson pour une caméra, présentée par Jacqueline Joubert, cette version somnambulique résume toute la magie de l'univers de Barbara. Ce qui frappe ici c'est, pour reprendre le titre de l'émission, à quel point la caméra se met au service de la chanson, la réalisation extrêmement précise dans son ascétisme volontaire, cherchant en évitant soigneusement tout effet de style ostentatoire, à donner à voir et entendre l'interprète dans toute sa vérité. La mise en scène est minimale : un plan large de Barbara au piano, de profil, le regard dans le vague avec, en arrière-plan, son contrebassiste pris dans un réseau d'ombres stylisé jouant sur toute la gamme des gris, se resserre imperceptiblement en un très lent travelling pour ne plus cadrer que son visage où se concentrent grâce à ses extraordinaires talents d'interprète toutes les nuances d'humeur de la chanson. Tout est dit.

À tel point que lorsque, à la fin de la chanson, la caméra se recule et laisse la parole à Jacqueline Joubert qui, avec une brusquerie journalistique un peu maladroite, demande aussitôt quelques précisions supplémentaire sur la genèse de cette chanson, le refus pudique de Barbara d'aller au-delà dans l'explication apparaît effectivement comme la seule réponse possible.

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