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Alain Souchon chante Allo maman bobo

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 19 févr. 1978

Le chanteur Alain Souchon interprète son grand succès Allô maman bobo.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
19 févr. 1978
Production :
INA
Page publiée le :
23 sept. 2008
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001221

Contexte historique

Par Stéphane Ollivier

Né à Casablanca au Maroc le 27 mai 1944, Alain Souchon passe son enfance à Paris. Marqué par la disparition de son père dans un accident de voiture alors qu'il n'a que quinze ans, c'est un adolescent timide et introverti qui progressivement se tourne vers la chanson comme vers un refuge imaginaire pour échapper à une existence morose. Il écrit de la poésie, et découvre simultanément l'irrévérence adolescente de la pop anglo-saxonne ainsi que les grands noms de la chanson française (Barbara, Brassens et surtout Brel, qui le fascine comme son antithèse). Il commence de composer ses premières chansons, se produit dans quelques cabarets de la Rive Gauche et en 1971 décroche un contrat avec les disques Pathé-Marconi pour qui il enregistre ses premiers 45 tours, qui ne remportent aucun succès.

En 1973, Bob Socquet, directeur artistique chez RCA, le remarque et lui fait rencontrer un jeune musicien né en 1948, nourri de rock anglo-saxon, Laurent Voulzy. Les deux hommes se mettent aussitôt à travailler ensemble et se découvrent des qualités complémentaires. Souchon, au contact du sens mélodique de Voulzy, trouve spontanément une nouvelle façon d'agencer ses mots, légère et allusive, et dès leur première collaboration, l'album J'ai dix ans (1974), le chanteur impose un style neuf, mélange de mélancolie légère et de douce autodérision. Les deux homme ne se quitteront plus et dès les disques suivants, Bidon et Jamais content, parus respectivement en 1975 et 1977, le succès est au rendez-vous. Avec leur drôlerie poétique subtilement désenchantée (Allô Maman bobo ), les chansons de Souchon touchent le public en parvenant à capter avec finesse un certain "air du temps" post-soixante-huitard, ainsi qu'une nouvelle sensibilité masculine fragile et touchante dont Souchon devient en quelque sorte le symbole. François Truffaut ne s'y trompe pas, qui lui demande alors de composer la chanson-titre du dernier chapitre des aventures d'Antoine Doisnel (L'Amour en fuite, 1978), titre qui paraît la même année dans un disque plus sombre que les précédents : Toto, 30 ans, rien que du malheur, où Souchon laisse transparaître plus encore qu'auparavant son malaise existentiel.

Au début des années 80, toujours épaulé par Voulzy, Alain Souchon publie deux nouveaux disques, Rame et On avance (1983), et succombe aux avances de quelques cinéastes attirés par son personnage lunaire (Je vous aime de Claude Berri, Tout feu tout flamme de Jean-Paul Rappeneau et L'Eté meurtrier de Jean Becker). En 1985 sort l'album C'est comme vous voulez, œuvre-charnière dans sa carrière, où pour la première fois Souchon, sans rien abandonner de sa tendre ironie, casse en partie son image de doux rêveur (J'veux du cuir ) et intègre à son univers des sonorités digitales propres au rock des années 80. Tout en poursuivant sa carrière d'acteur (Comédie ! de Jacques Doillon en 1987), Souchon sort au tournant des années 90 deux titres-phares de sa discographie (Ultra moderne solitude (1989) et C'est déjà ça (1993)) - albums plus politisés révélant à ceux qui ne s'en étaient pas encore aperçus une veine sociale et contestataire présente depuis l'origine dans son travail (Poulailler song ). Critique subtile et poétique de la marchandisation du monde, Foule sentimentale s'impose comme une des grandes chansons françaises de cette fin de siècle.

Comme en contrepoint de ce nouvel engagement, Souchon commence à cette époque de participer activement aux grands concerts de solidarité organisés en soutien d'associations comme Sol en Si ou les Restaurants du cœur. Désormais reconnu comme l'une des figures majeures de la chanson française d'après-guerre, Souchon continue de promener son regard à la fois aigu et désabusé sur le monde "tel qu'il va". Ses derniers albums (Au ras des pâquerettes (1999), La vie Théodore (2005)), tendres et mélancoliques, prouvent que sa poésie douce-amère n'a rien perdu de son actualité.

Éclairage média

Par Stéphane Ollivier

Apparemment le concept et la mise en scène de l'émission (Musique and Music sur Antenne 2) semblent renvoyer directement aux grandes règles implicites posées dès l'origine au principe du spectacle de variétés télévisé (36 chandelles) : situation de direct dans une salle de spectacle traditionnelle face au public ; orchestre sur scène accompagnant le chanteur lors de sa prestation dans les conditions habituelles du concert.

La télévision, dans son dispositif volontairement "neutre", et conséquemment dans sa façon de filmer principalement frontale, continue globalement de placer le téléspectateur dans la même position que le public, ne transgressant cette illusion "naturaliste" que lors du recours au gros plan. Plusieurs choses pourtant dans ce petit extrait montrent que de nouveaux rapports entre artiste, public et télévision sont en train de naître et de bouleverser les rapports de représentation. C'est d'abord très clairement l'attitude de l'artiste qui change : mains dans les poches, l'air timide et emprunté, dans une tenue vestimentaire volontairement simple et quotidienne, Souchon en toute conscience s'applique à casser l'image idéalisée du chanteur. Cherchant à créer un rapport d'identification plutôt que de fascination, son message est simple : l'artiste et l'"homme de la rue" font partie du même monde.

De façon plus discrète, la réalisation semble accompagner ce mouvement de "démocratisation" : même si elle continue de privilégier le plan frontal et rapproché sur le visage de l'artiste, quelques hardiesses comme ces plans fugaces et surexposés saisissant le chanteur de dos face à son public (et offrant du coup le point de vue du chanteur sur la salle et non l'inverse) remettent implicitement en cause le code qui jusque là donnait au téléspectateur l'illusion d'être dans la salle. En cessant de s'effacer en tant que média devant le spectacle retransmis et en multipliant les points de vue offerts au téléspectateur, la télévision participe à sa façon de ce bouleversement en cours des places instituées.

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