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Avec le dalaï-lama en exil lors de la répression des émeutes au Tibet en 2008

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 29 mars 2008 | Date d'évènement : 14 mars 2008

Le dalaï-lama se recueille sur le lieu de crémation de Gandhi à New Dehli, en Inde, puis s'exprime lors d'une conférence de presse sur les émeutes antichinoises qui ont éclaté au Tibet en mars 2008.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Collection :
Date de l'évènement :
14 mars 2008
Date de diffusion du média :
29 mars 2008
Production :
INA
Page publiée le :
09 oct. 2009
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001268

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

La question de l'indépendance du Tibet, occupé par la Chine depuis 1950, resurgit régulièrement sur le devant de la scène internationale. En effet, si la Chine considère le Tibet comme partie intégrante de son territoire, les Tibétains ont à plusieurs reprises tenté de briser cette domination. Dès octobre 1950, soit un an après la proclamation de la République populaire de Chine, l'armée chinoise envahit le Tibet. Le quatorzième dalaï-lama, chef spirituel des moines mais aussi du gouvernement tibétain, Tenzin Gyatso, âgé seulement de quinze ans, doit accepter en 1951 de reconnaître à la Chine le droit d'occuper militairement le Tibet tout en obtenant le respect de son autonomie.

Puis, un soulèvement contre l'occupation chinoise éclate le 10 mars 1959 à Lhassa, la capitale tibétaine. La répression qui s'ensuit est sanglante : l'Armée populaire de libération écrase les insurgés après une semaine de combats. Des temples et monastères bouddhistes tibétains sont détruits et la présence de fonctionnaires et soldats chinois au Tibet est nettement accrue. Le dalaï-lama fuit alors le Tibet et s'exile avec son gouvernement en Inde, à Dharamsala, suivi par des dizaines de milliers de Tibétains. Cinquante années plus tard, il y réside toujours. Entretemps, devenu une figure mondialement connue et un des principaux représentants de la non-violence, il obtient le Prix Nobel de la Paix en 1989. Si la sinisation du Tibet n'a cessé de s'accroître, le sentiment national tibétain ne s'est pas pour autant éteint. Lhassa est ainsi le théâtre de plusieurs émeutes à partir de 1987. Les plus importantes ont lieu en 1989, entraînant une nouvelle répression de la part de l'armée chinoise et la proclamation de loi martiale jusqu'en 1990.

Le 10 mars 2008, jour anniversaire du soulèvement de 1959, des moines manifestent à Lhassa afin de demander la libération de bonzes emprisonnés en 2007. Quatre jours plus tard, le 14 mars 2008, une émeute populaire de grande ampleur y éclate : les émeutiers s'en prennent d'abord aux magasins tenus par des Han, ethnie principale de Chine, et des Hui, une minorité musulmane. Puis ils attaquent tous les symboles de l'occupation chinoise et affrontent les forces de l'ordre. Ces violentes émeutes antichinoises se poursuivent jusqu'au lendemain 15 mars en milieu de journée, tandis que le mouvement gagne d'autres parties du Tibet. La répression chinoise se met alors en place. Selon des témoins, l'armée tire sur les manifestants. Lhassa est placée sous couvre-feu, de nombreuses arrestations ont lieu et les touristes se voient interdits de séjour au Tibet.

Cette émeute survient à moins de cinq mois des Jeux Olympiques de Pékin, dont le Parti communiste chinois souhaite faire une vitrine des succès du pays et du régime. Le pouvoir chinois redoutait précisément toute manifestation susceptible d'attirer l'attention de l'opinion internationale sur la situation des droits de l'homme dans le pays. Aussi met-il l'accent sur le caractère ethnique des émeutes et accuse-t-il le dalaï-lama, en exil à Dharamsala, d'en être à l'origine dans le but de "saboter les Jeux Olympiques". L'opinion occidentale s'émeut en effet de la répression exercée contre les Tibétains. Quelques dirigeants menacent même la Chine de boycotter la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques. Du côté français, Nicolas Sarkozy évite d'abord de critiquer directement la répression chinoise au Tibet de peur que les liens économiques avec la Chine ne soient remis en cause avant d'exhorter Pékin au dialogue avec le dalaï-lama. Des opposants au régime chinois saisissent l'occasion du passage de la flamme olympique à Londres et à Paris, en avril 2008, pour marquer leur opposition contre la répression au Tibet. Si la Chine accepte finalement d'ouvrir un dialogue avec le dalaï-lama, il ne s'agit que d'une concession formelle : il ne peut être question d'indépendance tibétaine pour le pouvoir chinois qui considère le Tibet comme une région chinoise à part entière.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Les émeutes de mars 2008 au Tibet et leur répression par l'armée chinoise n'ont fait l'objet de quasiment aucune couverture médiatique sur place. Les autorités chinoises ont en effet interdit l'entrée du territoire tibétain aux journalistes étrangers, si bien que les médias internationaux n'ont pu y dépêcher d'envoyés spéciaux sur place. Seul un journaliste étranger, correspondant à Pékin de l'hebdomadaire britannique The Economist se trouvait à Lhassa au moment du déclenchement des émeutes, le 14 mars 2008. De la sorte, les informations sur ce mouvement ont été extrêmement partielles et il s'est avéré très difficile pour la presse de déterminer exactement le déroulement des faits. Les rares informations obtenues ont été fournies par des touristes étrangers encore présents sur place ou des Tibétains en exil en Inde en contact avec leurs compatriotes restés dans le pays. Aucune image de la répression chinoise n'a ainsi pu être disponible. En revanche, le régime chinois n'a eu de cesse de mettre en valeur à l'écran le caractère ethnique anti-han et anti-hui des violences perpétrées par les Tibétains : la chaîne de télévision officielle chinoise CCTV a alors diffusé des images de violentes agressions raciales de façon à discréditer la révolte tibétaine et à susciter l'adhésion de l'opinion chinoise.

Pour contourner l'absence d'images ainsi que la propagande de la Chine, les médias internationaux, comme dans le présent cas France 2, ont le plus souvent choisi de relater les émeutes au Tibet en traitant des réactions des Tibétains en exil en Inde, essentiellement à Dharamsala. Parmi eux c'est bien évidemment le dalaï-lama, chef spirituel des Tibétains et figure mondialement respectée, qui a fait l'objet de la plus intense couverture médiatique. L'équipe de France 2 suit donc le dalaï-lama lors d'un de ses déplacements dans son pays d'exil, à New Dehli. Il s'agit à la fois de montrer ses gestes éminemment symboliques, comme sa prière devant le lieu d'incinération d'une autre grande figure de la non-violence, Gandhi, et de donner à entendre sa réaction sur la situation au Tibet.

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