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La crise de la dette grecque

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 11 déc. 2009

Le 4 octobre 2009, le parti socialiste grec remporte les élections législatives. Dès le 21 octobre, le nouveau gouvernement annonce que les chiffres du déficit budgétaire avancés par le gouvernement précédent sont inexacts. Au lieu des 3,7% prévus, le déficit budgétaire s'élèverait à 12,5% du Produit Intérieur Brut. Cette rectification provoque une suspicion des marchés financiers sur la solidité de l'économie grecque.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
11 déc. 2009
Production :
INA
Page publiée le :
18 oct. 2011
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001301

Contexte historique

Par Victor Pereira

Le premier ministre conservateur grec Kostas Karamanlis, en poste depuis mars 2004, connaît de nombreuses épreuves. L'année 2007 est marquée par d'importants incendies qui dévastent les forêts du pays. Ces feux prouvent l'incurie de l'administration et la corruption d'une partie des élites locales qui profitent de ces incendies pour vendre les anciennes terres boisées à des spéculateurs immobiliers. L'année suivante, c'est une partie de la jeunesse qui se révolte après le décès d'un jeune de 15 ans, tué par un policier. De véritables émeutes ont lieu à Athènes et dans les grandes villes du pays. Des universités sont occupées de longues semaines. Les jeunes protestent contre la précarité dont ils souffrent, les salaires dérisoires qu'ils reçoivent (on parle de la génération des 700 euros, montant du salaire que touchent beaucoup de jeunes travailleurs) et l'impossibilité pour eux d'avoir des emplois décents. Les syndicats viennent se joindre à la contestation de la jeunesse. Ils organisant une grève générale le 10 décembre dont le mot d'ordre est le rejet des mesures d'austérité mises en place par le gouvernement depuis 2004 afin de lutter contre les déficits budgétaires. Enfin, de nombreuses affaires de corruption touchent la classe politique et des ministres sont contraints à la démission.

A la veille des élections anticipées d'octobre 2009, le gouvernement conservateur est donc accusé d'incurie, de corruption, d'inefficacité par une grande partie de la population qui refuse les mesures d'austérité imposées. Les résultats constituent une défaite cinglante pour le parti Conservateur Nouvelle Démocratie qui obtient son plus mauvais score depuis sa création en 1974.

Le parti socialiste grec (le PASOK) dirigé par George Papandreou remporte largement les élections. Papandreou devient, comme son grand-père et son père avant lui, Premier ministre. Dès le 21 octobre, le ministre des Finances du nouveau gouvernement déclare que le déficit budgétaire pour l'année 2009 n'est pas de 3,7% comme l'avait annoncé le précédent gouvernement conservateur, mais de 12,5% du Produit Intérieur Brut. Le nouveau gouvernement indique à la fois que les comptes du pays sont en mauvaise posture et que le précédent gouvernement a falsifié les comptes publics. La falsification de la comptabilité nationale est, il est vrai, une pratique courante en Grèce. Les autorités grecques avaient été accusées d'avoir falsifié leurs comptes à la fin des années 1990 et au début des années 2000 afin de pouvoir entrer dans l'Euro en 2001.

L'annonce du nouveau gouvernement socialiste provoque la défiance des autres pays de l'Union Européenne mais aussi des marchés financiers. En effet, le déficit grec dépasse largement les 3%, limite convenue dans le traité de Maastricht. En 2009, la dette grecque s'élève à 113%, bien au-delà des 60% admis par le traité de Maastricht. La Grèce est-elle capable de rembourser ses dettes ? Quels effets peut avoir la crise de la dette grecque sur l'Euro ? Que se passerait-il en cas de faillite de la Grèce ? Ce sont les questions que se posent les gouvernements européens, l'Union Européenne mais aussi les marchés financiers. Les solutions semblent difficiles à trouver, tant le déficit budgétaire trouve ses racines dans des habitudes nationales. Le déficit budgétaire est en effet causé par une forte évasion fiscale, par l'existence d'une importante économie souterraine estimée à près de 40% du Produit Intérieur Brut, par le poids important de la fonction publique dans l'économie du pays, par une corruption endémique.

La Grèce commence à être entraînée dans une spirale infernale car les doutes sur sa capacité de remboursement amènent les investisseurs étrangers à exiger d'elle des taux d'intérêts plus élevés pour racheter les obligations d'Etat. L'Union Européenne doit alors, en articulation avec le gouvernement socialiste grec, trouver des solutions pour rembourser la dette grecque à des taux supportables, favoriser la croissance en berne (moins 2% en 2009), éviter que les mesures de rigueur ne produisent la ruine et la colère des grecs, empêcher une contagion de la crise dans les autres pays européens et notamment ceux de l'Europe du Sud (Italie, Espagne, Portugal) et protéger l'Euro. Tâches qui seront à l'ordre du jour en 2010 et en 2011.

Éclairage média

Par Victor Pereira

Alors que la crise de la dette grecque n'a débuté que depuis quelques semaines, France 2 dépêche des envoyés spéciaux à Athènes. Ce sujet montre les différents acteurs de la crise de la dette. Face à un problème économique et financier, le reportage évite l'aridité des chiffres et les logiques de la finance. Il humanise la crise, lui donne des visages. Aucune infographie, aucun chiffre, seulement des personnes et leur subjectivité. Ces acteurs sont présentés à tour de rôle, chacun donnant son avis sur les causes de cette crise. Il y a d'abord ceux qui souffrent de la crise économique qui s'est installée depuis quelques années et dont la crise de la dette est l'un des résultats : les jeunes qui constituent la génération des 700 euros. Lorsqu'ils arrivent à trouver un emploi, les jeunes doivent se contenter d'un salaire leur permettant difficilement de survivre et de quitter le logement familial. Une partie de ces jeunes a participé aux émeutes de décembre 2008, signifiant leur refus d'une société qui ne leur laisse qu'une situation précaire. Le chauffeur de taxi fait également partie des victimes, les incertitudes économiques et financières limitant la consommation de certains biens de production et de services. Le chauffeur pointe l'une des causes de la crise : l'habitude prise par les Grecs, notamment depuis leur entrée dans la Communauté Economique Européenne en 1981 et l'appui financier offert par le Fonds Européen de Développement Régional, de vivre au dessus de leurs moyens. Ensuite le reportage donne la parole à l'un de ceux qui sont censés juguler la crise de la dette : le vice-gouverneur de la Banque nationale grecque. Ce dernier affirme la volonté des autorités grecques de lutter contre la dette. Il pointe l'une des principales causes des difficultés budgétaires grecques : l'évasion fiscale. La fuite au fisc est souvent présentée en Grèce comme un sport national. L'Etat-Providence étant peu développé, la corruption gangrénant la fonction publique et l'élite dirigeante, le clientélisme primant dans les relations entre gouvernants et gouvernés, beaucoup de grecs considèrent qu'ils n'ont pas à payer des impôts qui n'améliorent pas les conditions de vie de la collectivité. Enfin, le reportage rencontre ceux qui, indirectement, ont contribué à la crise de la dette : des traders qui participent à l'emprise de la finance dans l'économie du pays. Une financiarisation de l'économie qui a notamment dégradé les conditions de l'emploi des plus jeunes, la rentabilité des investissements primant d'autres considérations. Et l'exemple de l'agence de voyage qui accepte les paiements en liquide révèle comment l'économie informelle est largement admise par tous les acteurs économiques. Représentant autour de 40% du PIB, cette économie souterraine n'est cependant pas seulement une dysfonction. Elle permet à de nombreux grecs de survivre, étant donné la modicité de leurs revenus. Cette économie informelle permet également de compenser les importantes inefficiences de l'Etat grec.

S'il s'attache à rencontrer différents athéniens, issus de milieux sociaux et professionnels variés, le reportage n'en utilise pas moins quelques stéréotypes ancrés dans les perceptions françaises de la Grèce. Le commentaire fait à plusieurs reprises référence à l'antiquité grecque (« travaux d'Hercule », « colère des Dieux »). Le plan final, sur lequel l'envoyé spécial conclut le reportage, a significativement pour toile de fond le Parthénon.

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