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Haïti six mois après le tremblement de terre

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 12 juil. 2010

Six mois après le tremblement de terre qui a dévasté Haïti le 12 janvier 2010, la reconstruction du pays commence à peine. Les bâtiments de Port-au-Prince sont encore en ruines. De très nombreux habitants sont toujours sans abri et manquent de nourriture. Les sinistrés critiquent l'absence d'aide.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
12 juil. 2010
Production :
INA
Page publiée le :
05 sept. 2011
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001313

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Le 12 janvier 2010, un puissant séisme de magnitude 7,1 dévaste Haïti : la capitale Port-au-Prince et sa région sont totalement ravagées. Cette catastrophe, dont l'épicentre était situé à 15 kilomètres à l'ouest de Port-au-Prince, fait 250 000 morts et 300 000 blessés. 400 000 bâtiments sont détruits ou endommagés, dont le Palais national, résidence officielle du président, la cathédrale Notre-Dame et le Parlement. 1,2 million d'habitants, sur les quelque 10 millions que compte Haïti, se retrouvent dès lors sans-abri. Quelque 1 300 camps de fortune voient le jour, dans un pays dans lequel 70 % de la population urbaine vivait déjà dans des bidonvilles avant le séisme selon l'ONU.

Peu de temps après le tremblement de terre, la communauté internationale et les organisations humanitaires se mobilisent pour venir en aide aux sinistrés d'un des pays les plus pauvres du monde, classé au 149ème rang sur 182 pays du classement du développement humain établi par le Programme des Nations Unies pour le développement en 2009 : deux tiers de la population haïtienne vit sous le seuil de pauvreté et un Haïtien sur quatre est victime de sous-alimentation. Plus de 2 milliards de dollars sont ainsi rapidement réunis par des donateurs privés. 10 milliards de dollars sont également promis par des pays donateurs pour la reconstruction de Port-au-Prince et des nombreuses villes dévastées.

La reconstruction d'Haïti peine toutefois à débuter : un an après le séisme, un millier de bâtiments seulement ont été réparés ou reconstruits. Seulement 5 % des décombres ont en outre été déblayés, si bien que les rues de Port-au-Prince sont encore encombrées de gravats. Un million d'Haïtiens s'entassent dans des camps et des abris de fortune – ils sont encore quelque 650 000 dans ce cas en août 2011 selon l'ONU. La situation des sinistrés s'avère toujours extrêmement précaire : en janvier 2011, la moitié de la population haïtienne ne dispose toujours pas d'un accès à l'eau potable et 41 % des habitants sont privés de latrines à leur domicile. Provoquée par des conditions d'hygiène et de promiscuité désastreuses, une épidémie de choléra s'est ainsi rapidement propagée à partir d'octobre 2010, faisant près de 6 000 morts en dix mois.

Les responsabilités dans l'extrême lenteur de la reconstruction du pays après la catastrophe du 12 janvier 2010 sont partagées. La communauté internationale n'a d'abord pas tenu ses engagements. Si l'aide humanitaire a afflué dans les jours qui ont suivi le séisme, une infime partie de l'argent réuni a finalement été versée à l'État haïtien, en raison notamment de la crainte de la corruption mais aussi d'un manque de coordination. La Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti, co-présidée par l'ancien président des États-Unis Bill Clinton et le Premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive, a par exemple beaucoup tardé à se mettre en place. De par leur indécision, les autorités haïtiennes sont également responsables de la lenteur de la reconstruction. Haïti a du reste subi une crise électorale qui a renforcé l'inaction de l'État. D'abord reporté en raison de soupçon de fraudes, le second tour de l'élection présidentielle, prévu initialement en janvier 2011, a finalement vu la victoire du chanteur Michel Martelly en avril suivant.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé six mois jour pour jour après le séisme qui a ravagé Haïti le 12 janvier 2010, ce reportage réalisé par des envoyés spéciaux de France 2 à Port-au-Prince vise d'abord à montrer l'ampleur des destructions dans la capitale haïtienne. Les images témoignent de la violence du tremblement de terre. L'équipe de France 2 parcourt ainsi une ville en ruines dont les immeubles et les édifices publics, comme la cathédrale Notre-Dame, sont totalement détruits. Les rues sont bordées de leurs gravats. Le plan le plus saisissant est celui du Palais national, résidence officielle du président de la République d'Haïti, complètement dévasté : son dôme et sa partie supérieure ont été brisés par le séisme. Ce sujet s'apparente ainsi à un reportage de guerre. Il présente en effet des images de dévastations urbaines qui rappellent celles des destructions provoquées par les bombardements sur les villes normandes en 1944 ou sur Dresde en 1945. Les images des habitants de Port-au-Prince déblayant les gravats renforcent l'impression d'une ville ravagée par les bombes.

Le reportage met également l'accent sur l'absence quasi totale de reconstruction de la ville et du pays. Tous les plans qui composent ce sujet visent à montrer aux téléspectateurs français que rien n'a encore été entrepris pour commencer à rebâtir les édifices détruits. Ils donnent l'impression que le séisme vient tout juste de dévaster Port-au-Prince. Les efforts des habitants pour tenter d'en effacer les traces paraissent bien dérisoires : la caméra s'attarde ainsi sur des Haïtiens qui déblaient les gravats à mains nues et équipés seulement de pelles et d'une brouette.

Ce sujet donne en outre à voir les conditions très précaires de vie de la population six mois après le séisme. De nombreux habitants vivent encore sous des tentes, comme dans le campement situé face au palais présidentiel. L'envoyé spécial Claude Sempère achève du reste le reportage par un plateau devant ce campement. Plusieurs plans illustrent les difficultés d'alimentation et d'hygiène des sinistrés : une femme est filmée en train de laver son enfant entre deux tentes et un enfant en train de manger des restes de nourriture posés sur un couvercle.

Le reportage ne joue toutefois pas sur le registre du pathos, comme l'avaient fait la plupart des sujets consacrés à Haïti dans les jours suivant le séisme. Seule l'image d'un enfant avec des béquilles rappelle le tribut extrêmement lourd payé par la population haïtienne. Ce sujet se montre surtout critique. En laissant la parole à des habitants et à une religieuse, il insiste ainsi sur la colère des Haïtiens contre leur gouvernement et la communauté internationale, devant l'absence de mesures de reconstruction et d'aide. Outre le fait qu'elles témoignent de la profonde religiosité de la population haïtienne, les images d'habitants en prière illustrent l'idée que les Haïtiens s'en remettent à l'aide du ciel puisque celle des hommes fait défaut.

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