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Conséquences en Thaïlande du krach financier de 1997

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 17 févr. 1998

La crise asiatique de 1997 n'est pas seulement un épisode dans liste des krachs boursiers liés à la mondialisation. Elle illustre le décalage entre la sphère financière et l'économie réelle. L'explosion de la bulle fait ressortir tous les déséquilibres engendrés par une croissance désordonnée.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
17 févr. 1998
Production :
INA
Page publiée le :
21 juin 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001343

Contexte historique

Par Claude Robinot

La globalisation financière qui se met en place à l'aube des années 90 engendre l'explosion d'une série de bulles spéculatives dont les contemporains ont mal évalué le caractère systémique. La crise asiatique qui part de Thaïlande en 1997 s'inscrit dans un continuum chronologique. Elle a été précédée d'une crise mexicaine en 1994, suivie par une crise russe en 1998 puis argentine en 2000. A chaque fois, les pays émergents en sont la cause et les victimes. La Thaïlande, comme le reste de la région, connaît sur une décennie une croissance soutenue du PIB, au rythme annuel de 8 %, basée sur une industrie d'exportation à bas coûts. En 1991-92, le gouvernement facilite l'arrivée de capitaux étrangers par des mesures de libéralisation bancaire (+ 87 milliards de dollars entre 1990 et 1995). Les prêts bancaires augmentent au rythme de 26 % par an. Cet afflux massif et disproportionné par rapport aux besoins réels entraîne deux conséquences négatives. Les prêts se placent sur des projets à la rentabilité discutable (immobilier de bureau, infrastructures). Sur le marché des changes, la monnaie locale entre en tension avec le dollar. Une hausse du bath diminue la compétitivité, une baisse augmente le poids de la dette.

La crise éclate le 2 juillet 1997, à la suite d'une dévaluation du bath, et se propage à toute la région. En Thaïlande, la crise financière se transforme rapidement en crise économique et sociale. La dévaluation entraîne une baisse du crédit, des faillites, une récession. En 1998, la croissance du PIB est nulle. Le taux de chômage triple mais reste à un taux modéré de 3,4 %. Les prix augmentent en relation avec la dépréciation monétaire. Le gouvernement accaparé par la dette coupe dans les dépenses sociales. Ces mécanismes classiques touchent les nouvelles classes urbaines attirées à Bangkok par le boom économique. Quant aux travailleurs non qualifiés venus des périphéries rurales, ils se retrouvent sans emploi. Le secteur de la construction perd 1/3 de ses emplois dans les deux années qui suivent la crise. L'industrie est moins touchée, bien qu'elle soit concurrencée par la Chine qui a dévalué sa monnaie en 1994. Le commerce au contraire se développe en absorbant une partie de la main d'œuvre dans des activités plus ou moins informelles. La crise touche inégalement les régions ; Bangkok est plus touchée que les régions touristiques du sud. Autre signe manifeste de la crise, le nombre de ménages endettés s'est accru et dépasse 60 % du total. Le prix du riz double dans les zones urbaines et augmente de 50 % en zone rurale.

A l'aube du nouveau siècle, les effets néfastes de la crise s'estompent. La croissance a repris sur un rythme modéré - 5 % d'après la banque mondiale. La crise thaïlandaise a aussi eu des répercussions indirectes sur la stabilité politique d'un royaume où l'armée a des tentations putschistes bien établies. Le boom économique s'était produit sous la direction de gouvernements civils. Le premier ministre Thaksin qui gouverne de 2001 à 2006 est le premier à assurer deux mandats consécutifs ! Il est renversé par un coup d'Etat et exilé. Il s'ensuit une période d'anarchie politique où s'opposent deux factions, les « chemises rouges » et les « chemises jaunes », dans un climat violent. Les premiers réclament un respect des droits démocratiques, les seconds sont plus favorables à la monarchie. Autre source de difficultés, la crise a exacerbé les relations avec les minorités musulmanes du sud. Depuis 2004, ces régions adossées à la Malaisie alternent les phases de révolte et de répression.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Ce reportage du journal télévisé d'une durée supérieure à trois minutes présente d'une manière variée les aspects de la crise thaïlandaise, plus de six mois après ses premières manifestations. L'image introductive est une carte de localisation du pays et de sa capitale. La ville est ensuite présentée par un montage de plans contrastés alors que le commentaire annonce une population de 15 millions d'habitants, soit un thaïlandais sur quatre. L'ordre de grandeur est exact mais on peut préciser qu'il s'agit de l'agglomération dans son ensemble. Comme dans beaucoup de pays du sud, la capitale est macrocéphale et absorbe 75 % de la population urbaine. La province de Samut Prakan qui est présentée dans le sujet comme une zone rurale au sud de la capitale fait partie des cinq provinces qui forment le district métropolitain, sur un rayon de 50 à 80 km autour de Bangkok.

La croissance de la ville s'est faite de manière anarchique, ce qui pose des problèmes de pollution et de transport montrés ici par les masques, les embouteillages et les nuées de motos, ces dernières étant utilisées comme taxis par la population. Les images montrent ensuite les projets d'infrastructure stoppés net par la crise. Parmi eux, l'autoroute et le métro aérien (le Bangkok Skytrain) qui depuis a été achevé et mis en service en 1999. Le reportage se poursuit par une série d'interviews qui montrent les stratégies d'adaptation à la crise. La famille de Pae Sae-Kow appartient aux petites classes moyennes urbanisées. Ils ont adapté leurs dépenses à la hausse des prix, tout comme les patrons qui réduisent le volume de l'emploi. On notera que la fille unique de la famille est scolarisée dans une école privée chinoise. La minorité chinoise de Bangkok est réputée très active dans le secteur du commerce et de l'industrie.

Le cas des familles qui retournent (provisoirement) à la campagne est aussi intéressant puisqu'il s'agit d'une initiative des autorités locales pour atténuer le choc de la crise, comme l'atteste la présence du gouverneur et du propriétaire. On imagine facilement que ce dernier, dans l'impossibilité d'obtenir un prêt pour ses projets immobiliers, s'est laissé convaincre par les autorités de céder quelques parcelles aux familles d'exilés urbains. C'est l'intérêt de ce reportage qui met l'accent sur l'adaptation d'un pays en développement à un contexte de crise.

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