L'Allemagne fédérale devient membre de l'OTAN

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 28 oct. 1954

La signature par l'Allemagne fédérale du traité de l'Atlantique Nord met fin à une longue séquence qui, depuis en 1945, mettait le pays vaincu sous la tutelle des vainqueurs avec interdiction de constituer une armée. Par une série de traités, la RFA obtient le droit de se réarmer dans le cadre de l'OTAN, avec l'accord de ses partenaires européens de l'UEO. En réponse, la RDA signe le pacte de Varsovie.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
28 oct. 1954
Production :
INA
Page publiée le :
21 juin 2013
Modifiée le :
20 nov. 2023
Référence :
00000001407

Contexte historique

Par Claude Robinot

La guerre froide qui s'installe en Europe en juin 1947 remet en cause le statut d'occupation de l'Allemagne décidé par les vainqueurs à la fin de la guerre. La mise en circulation du Deutsch Mark dans les trois zones occidentales provoque en réaction le blocus de Berlin (juin 1948-mai 1949) par les Soviétiques. La rupture et l'affrontement entre les deux blocs se traduit en Allemagne par la formation de deux entités géographiques qui progressivement se dotent d'attributs étatiques. L'ouest commence en mai 1949 en adoptant une constitution démocratique. La République fédérale (RFA) était née. Les Soviétiques répliquent en octobre 1949, en transformant leur zone d'occupation en une République démocratique (RDA).

La RFA, qui dispose d'une large autonomie politique, reste occupée et n'a qu'une souveraineté limitée qui lui interdit, entre autre, de disposer d'une armée. C'est à cette situation que met fin le traité de Paris signé le 23 octobre 1954. Pour y parvenir, il aura fallu vaincre bien des résistances. Les Américains et les Britanniques sont favorables à une forme de réarmement de l'Allemagne fédérale pour maintenir l'équilibre des forces en Europe face à l'armée rouge. L'opinion française y est majoritairement hostile. Les communistes parlent des « revanchards de Bonn » et dénoncent une résurgence du nazisme. Les gaullistes ne veulent pas entendre parler d'une armée dont on ne se sait pas à qui elle obéira. Les relations franco-allemandes sont aussi obscurcies par la volonté des autorités françaises d'annexer la Sarre placée sous leur contrôle. Pour sortir de ce dilemme, les partis français favorables à la coopération européenne, inspirés par la réussite de la CECA, proposent à leurs partenaires, en 1952, la formation d'une Communauté Européenne de Défense (CED). Une sorte d'armée européenne, à laquelle participerait un contingent allemand. En France, le débat fait rage pendant deux ans et se termine en août 1954, par un rejet du traité par l'assemblée nationale - alors que tous les autres pays l'avaient ratifié.

Tout est à refaire. Les Américains – qui assurent la sécurité du continent – sont impatients. Les diplomates négocient et trouvent une solution qui résout les problèmes en trois temps. L'accord est formalisé par le traité de Paris du 23 octobre 1954.

- En premier lieu, les Allemands et les Français règlent leur contentieux à propos de la Sarre. La France met fin au statut d'occupation ; en échange l'organisation d'un référendum doit permettre à la population de décider de son avenir. En 1957, la Sarre intègre définitivement la RFA.

- Dans un deuxième temps, la République fédérale est admise comme membre du traité de l'Union de l'Europe occidentale (UEO). Un traité de coopération et d'assistance militaire est signé à Bruxelles en 1948, entre la France, le Royaume-Uni et le Benelux, au lendemain du coup de Prague. Au terme de ce traité, l'Allemagne est autorisée à constituer une armée, la « Bundeswehr ». Toutefois, l'accès aux armements reste limité et sous le contrôle de ses partenaires.

- Dans un dernier temps, les Etats-Unis admettent le 5 mai 1955 la République fédérale comme membre de l'organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), à égalité de droit avec les14 autres Etats membres. Les restrictions au réarmement disparaissent. L'Allemagne fédérale dispose désormais d'une large souveraineté. Dix jours plus tard, les Soviétiques prennent acte de cette situation et signent avec leurs alliés européens, dont la RDA, le pacte de Varsovie.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Ce sujet des Actualités françaises annonçant la signature des accords de Paris, le 23 octobre 1954, respecte les lois du genre. Rien de spectaculaire dans ces conférences diplomatiques où la caméra enregistre les figures habituelles : l'installation des diplomates et des chefs d'Etat dans une salle d'honneur, la signature des documents pendant que les appareils photos crépitent. Le commentaire et le titre tentent de donner un peu de retentissement à cet événement en le qualifiant de « jour d'histoire ». C'est surtout l'aboutissement d'un long et laborieux processus qui intègre la RFA dans le camp occidental. Le commentaire et les images s'attachent à valoriser le rôle de la France. Les deux premières séances de signatures se déroulent sous les lustres du quai d'Orsay, haut lieu de  la diplomatie française, en présence du président du conseil Mendès-France, du chancelier Adenauer, du secrétaire d'Etat Foster Dulles et du britannique Antony Eden. Les quatre, autrement dit les alliés et l'Allemagne, mettent fin au régime d'occupation. Le commentaire ne fait aucune allusion à l'accord sur la Sarre et le réarmement de fait de l'Allemagne, questions délicates pour l'opinion française. Les « neufs » qui viennent ensuite sont les membres de l'UEO, qui se transforme pour accepter dans ses rangs l'Allemagne mais aussi l'Italie qui était restée à l'écart de ce traité de coopération militaire. La dimension européenne de l'institution qui s'inspire de la CECA n'est pas évoquée. La dernière séance se déroule au palais de Chaillot, à l'ombre de la tour Eiffel. C'est là que l'OTAN a installé son siège officiel. Parmi les délégués des 14 nations, on aperçoit le belge Paul-Henri Spaak qui préside l'organisation. L'admission de la RFA dans le bloc occidental, sous la pression des Américains, permet de contourner le problème du réarmement de la Bundeswehr qui avait fait échouer la CED. Tous ces aspects ne sont pas évoqués dans le commentaire.

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