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Gazprom le géant de l'énergie

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 09 avr. 2007

Dans le grand nord sibérien à Nadym, Gazprom exploite des gisements qui alimentent une bonne partie de l'Europe. Toute la vie économique et sociale de cette région est réglée par l'entreprise qui est l'employeur principal. Les voisins de la Russie et l'Europe dépendent pour leur approvisionnement de cette entreprise en situation de quasi-monopole.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
09 avr. 2007
Production :
INA
Page publiée le :
25 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001443

Contexte historique

Par Claude Robinot

L'histoire de Gazprom est étroitement liée à celle de la Russie contemporaine. En 1989, Victor Tchernomyrdine, ministre soviétique de l'énergie, crée un conglomérat gazier dont il prend la tête. Sous la présidence de Boris Eltsine, Tchernomyrdine est nommé premier ministre de Russie de 1992 à 1998. Sous son impulsion, Gazprom devient une société par actions dont la Fédération de Russie reste l'actionnaire majoritaire. En 2001, Vladimir Poutine est élu président, il s'appuie sur le secteur gazier et pétrolier pour redresser la situation économique. Il y exerce un contrôle étroit ; entre temps Gazprom est devenu le numéro 1 mondial de l'énergie.

La puissance de Gazprom repose sur une production de gaz à hauteur de 15 % du total mondial et sur sa capacité à maintenir pour plusieurs décennies un haut niveau d'approvisionnement, puisqu'elle possède un tiers des réserves mondiales. Les gisements de gaz sont souvent associés à d'autres ressources comme le pétrole dont 33 millions de tonnes ont été extraites en 2012 par une filiale du groupe. La production d'hydrocarbures n'est pas la seule activité de ce conglomérat qui est aussi un acteur important dans le stockage (20 % de la capacité mondiale), la transformation et le transport du gaz. Ce qui donne à Gazprom une stature internationale et une influence qui dépassent largement les frontières de la fédération de Russie. En 2011, sur 500 milliards de m3 de gaz vendus, la moitié était destinée à la Russie, 30 % à l'Europe occidentale et 16 % aux Etats issus de l'ancienne URSS.

L'ambition de la société est d'être au cœur de la fourniture d'énergie dans un espace qui irait de l'Asie à l'Europe occidentale. Pour atteindre cet objectif stratégique Gazprom s'implique dans les réseaux de distribution tant sur le plan physique (160 000 km de gazoducs) que commercial (accords avec les distributeurs européens comme GDF Suez). Un autre moyen d'assurer la pérennité de l'entreprise est de se diversifier en devenant un producteur d'électricité ou en développant les usines de gaz naturel liquéfié (GNL) exportable par méthanier. Dans ce domaine, Gazprom regarde dans deux directions opposées : vers l'Extrême-Orient russe où le GNL est destiné aux marchés chinois et japonais et vers la région de Mourmansk où le gaz offshore de Chtokman partirait sous forme de GNL vers l'Atlantique. Pour l'approvisionnement de la Russie et de l'Europe occidentale, la région la plus prometteuse reste la péninsule de Yamal au nord de la Sibérie occidentale, elle borde sur 700 km l'embouchure de l'Ob. De nouveaux gisements ont été mis en production depuis 2011, ils sont capables de fournir le double de ce qui était exporté hors de Russie. L'acheminement du gaz vers l'ouest a donné lieu à une intense activité géopolitique. Le gaz sibérien était évacué vers l'Europe par un gazoduc transitant par la Biélorussie ou l'Ukraine. Entre 2005 et 2009, un conflit a opposé ces deux derniers pays à la Russie qui a relevé le prix du gaz livré à ces deux anciennes républiques soviétiques qu'elle accusait de détournement. Une partie de l'Union européenne a été privée du fluide au plus fort de la crise. Pour éviter de dépendre d'un chantage, les Russes ont développé un tracé alternatif, le North Stream, qui aboutit en Allemagne via la mer Baltique ; il fonctionne depuis 2012. Un autre projet, Nabucco, qui devait acheminer le gaz du Caucase et d'Iran via la Turquie a été abandonné au profit d'une autre route Russie-Mer Noire baptisée South Stream ; elle permet à Gazprom de conserver la maîtrise de la fourniture de gaz en Europe.

Comme tous les grands groupes industriels de taille mondiale, le conglomérat russe est très attentif à son image, il consacre une partie de ses bénéfices à des actions de sponsoring, y compris à l'étranger, où il finance des équipes de football comme Schalke 04 en Allemagne ou l'Etoile rouge de Belgrade.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Ce sujet diffusé dans l'édition de la soirée de France 3 a été réalisé par Georges Minangoy, journaliste et reporter que l'on voit apparaître à la fin de la vidéo. La durée de quatre minutes dépasse le cadre habituel. Il est plus proche dans sa structure du reportage que de l'information en images dictée par l'actualité immédiate. Le thème et le lieu de tournage sont originaux mais pas forcément éloignés des préoccupations des téléspectateurs puisqu'il s'agit d'aller voir ce qui se passe à des milliers de kilomètres, à l'autre bout du gazoduc. Le film commence par présenter des plans de Nadym, ville pionnière de Sibérie occidentale, au sud de la péninsule de Yamal. Les images sont celles de toutes les villes de l'époque soviétique avec leurs alignements d'immeubles déposés au cordeau le long de grandes routes. La ville a été construite sur l'emplacement d'un camp du goulag, le premier couple interviewé est probablement arrivé à cette époque. Comme dans toutes les villes pionnières de Sibérie, le peuplement est fluctuant. Il dépend de l'arrivée de volontaires attirés par des primes et des avantages sociaux. La découverte de gaz dans les années 70 a donné un renouveau à Nadym, le puits que l'on voit dans le reportage est un des plus anciens, ceux qui sont mis en exploitation aujourd'hui sont à une distance de plus de 500 km ou en position « offshore ».

Le deuxième couple présenté dans le film appartient à la nouvelle génération de pionniers, celle de l'ère postsoviétique. Il s'agit d'un géologue attiré par le « boom gazier » et bénéficiant d'une rémunération avantageuse. Si l'on aperçoit dans le film des comportements et des traditions qui appartiennent à l'époque soviétique (statue, salle des mariages, école), il ne faut pas se méprendre.

Gazprom s'appuie sur cette culture pour asseoir son rôle social. La société finance les équipements sportifs et culturels, sponsorise les équipes et les activités de ses employés qui apprécient ces avantages et en tirent une certaine fierté. La dernière partie du reportage est consacrée aux aspects économiques. Le directeur montre avec satisfaction les compresseurs et les tubes qui livrent le gaz, il montre l'endroit où le gaz n'appartient plus à Gazprom. Ceci a pour but de rassurer les clients qui ont signé des contrats d'approvisionnement de longue durée, à un prix négocié, alors que le conflit avec l'Ukraine s'était traduit par une fermeture provisoire du gazoduc et des quotas non respectés. On peut aussi admirer la langue de bois du porte-parole de Gazprom qui masque l'augmentation du prix facturé à l'Ukraine par l'accusation de retard d'adaptation au marché. Une langue de bois qui s'est adaptée aux normes européennes de la communication économique et politique.

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