A Castellaras le Neuf, une architecture organique intégrée au paysage

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 17 juin 1964

A Castellaras-le-Neuf en 1964, l'architecte sculpteur Jacques Couëlle propose des villas de luxe. Bâties sur un modèle organique qu'autorise l'utilisation du béton, ces maisons se fondent dans le paysage et proposent un nouveau confort à leurs habitants.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique

    L’oeuvre et le paysage

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
17 juin 1964
Production :
INA
Page publiée le :
26 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001490

Contexte historique

Par Alexandre Boza

Les années 1960 sont un moment important de l'essor touristique du midi provençal. Les villas de personnalités et de milliardaires s'y multiplient. Jacques Couëlle (1902-1996) se met à leur service pour leur proposer une architecture originale associant luxe et dépaysement.

Autodidacte, cet architecte propose une vision et un style opposés au néoclassicisme des villas de la Côte d'Azur. Il rejette également l'architecture fonctionnelle moderniste faite de pilotis, de façades libres de béton et d'angles droit. Le projet commandé par la banque Seligman et le promoteur Pierre Berckhart doit s'ajouter à un premier lotissement de 90 villas de luxe à Castellaras-le-Neuf, sur la commune de Mouans-Sartoux dans les Alpes-Maritimes. Mais le nouveau projet de Couëlle, faute de clients et à cause des résistances de la commune devant ses prototypes, se limite finalement à cinq villas- sur la cinquantaine prévues.

Jacques Couëlle développe une architecture « sculptée » dans le béton conçue comme un roc creux et habitable, pareil aux cavernes des troglodytes. Le bâtiment est noyé dans le paysage et la verdure de l'arrière-pays provençal ; ce sont des « maisons paysages » selon l'expression de l'architecte. Il se situe dans la lignée d'une architecture organique qui s'intéresse moins aux surfaces à construire qu'à la façon dont le bâtiment sera utilisé.

C'est une « architecture sans architecte » rendue possible par le béton. Les usagers d'un bâtiment, ses habitants, lui donnent pratiquement une organisation et une destination. Les architectes organiques estiment qu'ils peuvent donc d'instinct participer à la construction du bâtiment. L'architecture organique n'est pourtant pas une école. C'est un courant qui traverse l'architecture toute entière, en réaction au programme classique monumental, rationnel, équilibré des constructions classiques. On retrouve ce style dans les immeubles réalisés à Barcelone par Antoni Gaudi, la « maison sans fin » de Frederick Kiesler et les « modèles grandeur nature » d'André Bloc à Meudon.

Pour une villa, il faut une structure aux dimensions humaines, dont les volumes modestes épousent les caractéristiques du terrain sur lequel elle est bâtie. L'architecte relie les espaces à des hauteurs différentes en aménageant des décrochements par des entresols et des escaliers courts.

Les pièces sont autant de modules d'habitation ayant chacun sa fonction. Ce sont des dômes, voire des cocons sécurisants, des modules qui s'ajustent sur les courbes de niveau pour communiquer. De nombreuses ouvertures permettent de mettre en relation l'intérieur et l'extérieur afin d'assurer la continuité entre l'habitation et l'environnement.

Éclairage média

Par Alexandre Boza

Le document est étonnant car il est partagé en deux parties : la première en noir et blanc montre la construction de l'ensemble architectural, la seconde en couleur montre la villa une fois les propriétaires installés. Le reportage a été tourné à deux moments ; entretemps les moyens techniques on changé. Les Actualités Filmées sont passées du noir et blanc à la couleur. Le faux raccord inévitable est en fait très expressif et sert le commentaire sur l'usage de la lumière.

Jacques Couëlle est sculpteur plus qu'architecte. Le premier plan nous le montre devant une Vénus de Milo, confirmant que l'architecte est un peu artiste. De nombreux plans décrivent le cabinet de l'architecte et sa manière de travailler. Couëlle ne réalise pas des maquettes de carton et de bois, mais utilise de la terre glaise.

Le geste du sculpteur filmé en gros plan témoigne de son importance. Les volumes remplacent la rationalisation des espaces et des proportions par la règle et l'équerre. Il y a au mur des plans mais ils semblent secondaires, l'architecte les rature, repense les équilibres de l'habitation par de larges mouvements. C'est surprenant en matière d'architecture mais révélateur du processus original de création de Couëlle.

Un panoramique dévoile le projet dans toute son ambition : les maisons doivent couvrir les collines de Castellaras de manière continue. Elles ne sont pas des propriétés distinctes mais un ensemble mêlé à la végétation. Les courbes qu'autorise le béton permettent de passer d'un corps de bâtiment à un autre sans rupture. On peut ainsi « glisser d'une villa à l'autre ». La réalité de la construction est fidèle au projet et l'architecte est présent pour en assurer le respect. Une partie des maisons sont enterrées dans la colline. La végétation qui n'a pas encore poussé vient ponctuer l'ensemble, et il y a même un projet de végétalisation des toits qui ne sont pas en ardoise ou en tuile mais en plomb.

Le volet de pierre assure la transition avec la partie en couleur. Dans cette seconde partie le reportage insiste sur le confort, la place accordée à la lumière. Le commentaire off, très riche, rappelle que « dans les sculptures habitées, l'être humain est exactement un volume qui se déplace sur un plan. Il se meut horizontalement dans la salle de séjour qui grâce à son dégagement total, lui permet de profiter de la fraîcheur du patio. Il se meut verticalement sans effort vers les chambres dont les terrasses sont le prolongement naturel ».

Les notes de musique égrenées viennent renforcer l'impression de tranquillité, de facilité qu'il y a à vivre dans cette maison. Les plans se succèdent dans cette villa luxueuse, raccordant avec fluidité le déplacement de l'habitante entre intérieur et extérieur. Les « pièges à soleil », des oculi opérés dans les murs, dont les couleurs méditerranéennes jaune ou rouge font également office de transition pour cette « maison-refuge, [...] coquille où l'on vit ».

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