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Christo emballe le pont Neuf

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 27 juil. 1985

En 1985, l'artiste Christo emballe pendant quinze jours le pont Neuf à Paris. Cette installation éphémère in situ nécessite d'importants moyens financiers et humains pour créer une œuvre monumentale au cœur de la ville. La performance suscite l'enthousiasme des participants pour le projet de l'artiste.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Cycle 3

    L’art in situ

  • Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique

    L’oeuvre et le paysage

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
27 juil. 1985
Production :
INA
Page publiée le :
26 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001496

Contexte historique

Par Alexandre Boza

Le 23 septembre 1985, Christo Javacheff, dit Christo, emballe le pont Neuf à Paris pour quinze jours. Américain d'origine bulgare, Christo est un des plus célèbres artistes in situ avec Daniel Buren – l'un des plus controversés aussi. Il n'en est pas à son coup d'essai et a déjà réalisé des empaquetages monumentaux : à Little Bay (Australie) en 1969, il réalise Wrapped Coast sur 2,5 km de côtes et 26 m de haut avec l'aide de John Kaldor, et de plus d'une centaine de travailleurs ; en 1977, Wrapped Walk Ways est la couverture de 4,5 km de sentiers dans un parc à Kansas City (Etats-Unis) ; en 1995 il poursuit son travail avec un emballage du Reichstag à Berlin.

Il a commencé dans les années 1960 avec les Nouveaux Réalistes à empaqueter de petits objets à la manière de Man Ray quarante ans plus tôt. Il emballe également ses modèles dans le cadre de performances à grand renfort de publicité. Son installation à New York avec sa femme et collaboratrice Jeanne-Claude (Jeanne-Claude Denat de Guillebon, 1935-2009) marque son passage au land art par des interventions sur des paysages qu'ils modifient temporairement en les emballant dans du tissu. Toute l'originalité de leur travail tient dans la volonté de « révéler en cachant ».

Les projets monumentaux appellent un fort sens du contact et de la pédagogie car il faut convaincre les autorités et le public du sérieux du travail entrepris. Cela ne va pas toujours de soi comme il l'expérimente en Australie où son projet d'emballement d'une portion de côte se heurte à de fortes résistances locales. A Paris, Christo rencontre le maire Jacques Chirac qu'il convainc des retombées que son projet peut avoir sur l'image de la ville. Il lui promet de prendre en charge l'intégralité de l'emballement du pont Neuf pour le coût gigantesque de 19 millions de francs (2,9 millions d'euros) afin d'emporter l'affaire.

La présence d'étudiants sur le site pendant toute la durée de l'installation pour aller à la rencontre du public fait partie intégrante du projet. Pour Christo, l'approche conceptuelle de l'art n'est pas essentielle. L'art est un enjeu social et le moyen d'une mise en relation des gens, d'une rencontre autour de l'oeuvre qui soulève des interrogations et des débats.

Éclairage média

Par Alexandre Boza

Le reportage insiste sur deux aspects de cette installation de Christo.

Le premier aspect est la pédagogie que Christo met en œuvre. Il prend le temps d'expliquer et de montrer aux journalistes. Il va à la rencontre de ceux qui participent au projet et leur explique. Les ouvriers de l'usine Walrave d'Armentière réalisent la toile polyamide « couleur pierre de Paris » qui enveloppe le pont. Afin de garder une trace, le projet est filmé et les médias largement mis à contribution car l'oeuvre éphémère et le processus créatif tiennent largement à la transmission aux publics.

Un extrait du documentaire Christo's Valley Curtain d'Albert et David Maysles est projeté et replace cet emballement parisien dans l'oeuvre de Christo. Il montre la continuité dans la recherche d'un art in situ monumental entre ce rideau qui au début des années soixante-dix barre toute une vallée du Colorado et le projet du pont Neuf. A chaque fois, l'enthousiasme de l'artiste et de ses nombreux travailleurs triomphe des difficultés de l'entreprise.

Les commentaires des ouvriers rendent compte de ce contact. L'un se réjouit de constater qu'on peut « penser et imaginer autre chose que ce qu'on fait habituellement... Faut être un artiste pour faire ça c'est tout » et de voir que l'artiste en fait « profiter tout le monde ». L'autre estime que « ça change vraiment tout. Habituellement on travaille sur des tentes, des choses très normales... et sur le pont Neuf c'est vraiment quelque chose d'extraordinaire. Je peux pas vous définir mais vraiment toute l'usine y participe ». Dans tous les cas, sans qu'ils se prononcent par un jugement de valeur, la « liberté poétique totale » que revendique Christo est venue questionner leur rapport à l'art comme projet collectif.

Le reportage présente également la performance au cœur d'une œuvre « comme Paris n'en a jamais connue ». Le pont Neuf enveloppé est une œuvre in situ ayant nécessité 40 000 mètres carrés de toile ignifugée et 11 kilomètres de corde. Cette œuvre éphémère ne doit pas altérer la structure du pont ni le fonctionnement habituel des Parisiens piétons, automobilistes et touristes en bateaux-mouche, comme le soulignent Christo et Gérard Moulin, l'ingénieur en chef de l'opération. Cela appelle une compétence architecturale en plus du projet artistique. Pour la réaliser, Christo a mobilisé une importante équipe de plus de deux cents personnes, une dizaine d'entreprises et une centaine d'exécutants dirigés par douze ingénieurs. Le rôle des guides venus de Chamonix pour assurer l'empaquetage en rappel le long du pont et celui des plongeurs pour installer le bas de la structure sur laquelle la toile est fixée est souligné. Une centaine d'étudiants sont embauchés pour expliquer aux passants le projets et les intentions de Christo.

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