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Naissance de l'Académie du spectacle équestre à Versailles

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 24 févr. 2003

Bartabas, personnalité du monde du spectacle équestre, prend la direction de l'Académie du Spectacle Equestre dans les anciennes écuries royales de Versailles. Les écuries et le manège ont été réaménagés afin de constituer un écrin pour un projet novateur qui donne au cheval toute son importance. L'Académie n'accueille que dix écuyers par an pour une formation d'excellence dans l'art équestre.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
24 févr. 2003
Production :
INA
Page publiée le :
26 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001509

Contexte historique

Par Alexandre Boza

La création de l'Académie du Spectacle Equestre en 2003 constitue une nouvelle étape de la tradition équestre française. L'histoire du spectacle équestre remonte à la deuxième moitié du XVIIIe siècle lorsque le cheval devient un élément d'un spectacle aristocratique. L'animal est ensuite au cœur du développement du cirque au XIXe siècle. Mais à mesure qu'il devient une attraction populaire associée aux clowns, l'animal perd de sa noblesse. Une rupture s'opère alors entre équitation académique et spectacle équestre comme représentation poétique (autour de l'image de l'écuyère) et performance circassienne (la voltige à cheval).

L'ouverture de l'Académie du Spectacle Equestre marque la renaissance de l'art équestre à Versailles. L'Académie est abritée dans les écuries du Château de Versailles construites par Jules Hardouin-Mansart en 1683. Ce sont deux bâtiments, la Petite et la Grande Ecurie, qui à l'époque pouvaient accueillir jusqu'à 600 chevaux. En 2002, la direction du Château décide une réhabilitation des écuries et confie à Bartabas la Grande Écurie pour mener à bien un projet novateur. Lui-même charge Patrick Bouchain, l'architecte à l'origine du Théâtre équestre Zingaro au Fort d'Aubervilliers, de réaliser cette réhabilitation.

Il revient à Bartabas d'avoir imaginé la synthèse des deux traditions de l'équitation en rassemblant dans un même lieu deux pratiques et deux conceptions du spectacle équestre. Bartabas a « imaginé une compagnie-école, un laboratoire de création, où la notion de travail collectif est le mot d'ordre. Pour [lui], il n'y a pas de transmission du savoir équestre sans développement d'une sensibilité artistique. C'est pourquoi, ici, l'apprentissage du dressage se conjugue avec la pratique de la danse, du chant, de l'escrime artistique ou du Kyudo... Il s' agit de considérer la discipline équestre comme un art et non comme un sport » (Dossier de presse de présentation de l'Académie). C'est à la fois un lieu de création qui donne à voir des spectacles mis en scène par le directeur Bartabas et une école d'apprentissage exigeante pour dix écuyers – d'où le spectacle La Voie de l'Ecuyer monté par l'Ecole dès 2003. L'ambition y est de renforcer la singularité du spectacle équestre, par rapport au cirque, initiée à l'époque du théâtre Zingaro.

L'Académie du Spectacle Equestre propose de renouveler la perception du cheval et du spectacle vivant. Il se distingue ainsi du Musée Vivant du Cheval abrité depuis 1982 dans les écuries du Château de Chantilly car il n'est pas un conservatoire. Il n'est pas plus dans la tradition de l'exigence militaire de l'équitation académique pratiquée à l'école du Cadre noir de Saumur.

Pourtant, la personnalité de Bartabas pour diriger ce nouveau lieu ne va pas de soi : créateur du Théâtre équestre Zingaro en 1983, qui doit son nom à son cheval frison noir, il n'est pas issu du monde de l'équitation académique. Il revendique plutôt une appartenance au monde des artistes du spectacle vivant. Bartabas peut également être associé au mouvement qui permit dans les années 1980 la reconnaissance des arts du cirque comme art à part entière à côté des cirques Plume, Archaos ou du cirque du Soleil. Il s'en distingue toutefois par des spectacles qui ne sont pas une succession de numéros et de performances mais expriment un projet artistique spécifique, voire une quête quasi mystique. Cette vision se retrouve dans ses mises en scène, à l'origine sous influence tzigane, puis s'ouvrant aux influence du monde (Mexique, Corée) et aux autres disciplines artistiques, invitant enfin des artistes comme le compositeur Philip Glass ou la chorégraphe Carolyn Carlson.

Éclairage média

Par Alexandre Boza

Le reportage insiste sur les images des écuries royales de Versailles et leur vocation historique retrouvée. La noblesse du lieu est mise en avant par les deux plans de la façade des écuries articulés par un raccord dans l'axe sur la sculpture équestre en ronde bosse de chevaux qui galopent furieusement vers le spectateur. Les dessins de chevaux sur les murs à l'intérieur du Grand Manège à l'abandon ne sont pas des graffitis du XVIIe siècle ni le témoignage d'un passé glorieux aujourd'hui en friche. Ce sont en réalité des fresques commandées au peintre Jean-Louis Sauvat pour habiller le lieu.

Enthousiaste pour le projet, le commentateur lâche « et puis vint Bartabas ». Dans un fondu enchaîné, le manège à l'abandon est à nouveau fonctionnel depuis le 25 février 2003. Il est décoré sobrement de planches de bois clouées dont on peut voir derrière Bartabas qu'elles sont des cloisons amovibles qui modulent l'espace - comme dans un théâtre. De grands miroirs, des lustres en verre de Murano ouvrent et éclairent l'espace ; les fresques de Jean-Louis Sauvat complètent la sobriété du lieu à la fois salle de spectacle et lieu de travail où  le plus important est le cheval qui évolue sur la piste.

Le spectateur est plongé dans la réalité de ce qu'est cette école : une académie qui articule un manège et des écuries. « Durant deux ans, la vie [se déroule] à côté des chevaux, avec eux, vers eux » pour dix écuyers qui apprennent par la pratique le spectacle équestre - neufs filles et un garçon. Le mythe de l'écuyère n'est pas très loin pour Bartabas qui l'explique par l'intérêt plus grand porté par les femmes à leur cheval à l'intérieur du spectacle. C'est également une école de rigueur dont les élèves portent l'uniforme : pantalon gris, ceinture en soie rayée, vestes de lin vieilli aux couleurs automnales et manches brodées à l'indienne créés par le belge Dries Van Noten ; les chevaux ont également leur uniforme de sellerie claire.

La visite des écuries « parmi les plus belles du monde avec Vienne et Jerez », en fait découvrir la modernité et le respect du passé. Sur fond de commentaires des matériaux (bois précieux, ferronneries), les images du quotidien défilent, construisant une représentation de l'intimité entre le cavalier et sa monture. Laure Guillaume, écuyère titulaire de l'Académie, reprend l'idée de Bartabas : ce sont les chevaux qui donnent le ton et le rythme des journées, c'est autour d'eux que sont bâtis les lieux et les spectacles, dont ne sont montrés ici que des bribes de répétition. L'ensemble de l'Académie est présentée comme le grand projet d'excellence de Bartabas « maître des lieux omniprésent » qui encadre et supervise, image d'une figure tutélaire renforcée par le plan d'une figure de "reculer" à contrejour.

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