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La Nuit Blanche, un événement décalé

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 01 oct. 2005

La 4e Nuit Blanche est organisée par la Mairie de Paris dans la nuit du 1er au 2 octobre 2005. Dirigée par le scénographe Jean Blaise, elle est un événement culturel proposant gratuitement aux noctambules des concerts, des installations d'art contemporain, des projections, des promenades dans des lieux d'ordinaire fermés à la visite.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
01 oct. 2005
Production :
INA
Page publiée le :
26 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001511

Contexte historique

Par Alexandre Boza

La « nuit blanche » est une manifestation artistique annuelle qui se tient pendant toute une nuit. Elle propose l'accès gratuit à des musées, des institutions culturelles et des espaces publics ou privés. Ces lieux sont utilisés pour présenter des installations et des performances artistiques.

La première « Longue nuit des musées » se déroule à Berlin en 1997, associant une douzaine de musées. Elle se développe ensuite pour atteindre une centaine de musées et institutions culturelles ouverts exceptionnellement de 18h à 2h du matin. Cette opération confirme alors la place de la capitale allemande comme métropole artistique et culturelle dynamique et décalée.

En 2002, sur la proposition de son adjoint à la culture Christophe Girard, le maire de Paris Bertrand Delanoë importe cette manifestation d'art in situ. Il espère dynamiser la vie culturelle et nocturne d'une ville assoupie, « parce que Paris est une ville de création et d'avant-garde, nous avons aussi conçu ce moment comme un parcours artistique. Tous les lieux ouverts ont été offerts à l'imaginaire de jeunes talents ou d'artistes internationalement renommés, qui y proposeront une création propre. De la musique aux arts visuels, de la photographie à la technologie, de la mode à la peinture, le programme est à la fois insolite, inédit et d'une extrême variété » [citation tiré de l'éditorial de Bertrand Delanoë pour la première Nuit Blanche].

Jean Blaise, créateur d'événements comme le Festival des Allumés à Nantes en 1990, en est le directeur artistique. Il réalise la Nuit blanche avec le concours d'Alice Lepers, Virginie Pringuet et Michel Quéré. Chaque édition a une équipe de direction pour sélectionner les installations et préparer l'événement, par exemple Hervé Chandès et Ronald Chammah en 2008, Alexia Fabre en 2009 et 2011 (entre autres), Laurent Le Bon en 2012, Chiara Parisi et Julie Pellegrin en 2013.

La Nuit Blanche se diffuse dans les villes limitrophes de Paris avec des projections, des rencontres artistiques à Joinville-le-Pont, à Clichy ou aux Lilas. La ville de Metz s'est lancée (depuis 2008) dans une manifestation identique ainsi que d'autres villes dans monde (Rome, Montréal, Toronto, Bruxelles, Madrid, Lima et Leeds). La Nuit Blanche est un élément d'une triple politique municipale : politique culturelle car la place donnée aux artistes contemporains permet d'asseoir une réputation de métropole culturelle ; politique sociale car l'événement est perçu comme la création d'un lien social en investissant l'espace public d'une manière différente ; politique économique car l'événement draine les riverains et d'autres visiteurs, offrant une image touristique plus flatteuse.

Éclairage média

Par Alexandre Boza

Jean Blaise, à nouveau directeur artistique de l'édition 2005 de la « Nuit blanche » (il a dirigé celle de 2002), propose cinq parcours, traversant le nord et l'est de Paris, pendant qu'une centaine de bars restent ouverts toute la nuit. Il propose cette quatrième « nuit blanche à Paris pour les noctambules qui ont envie de flâner dans la capitale jusqu'à l'aube » de 19h à 7h du matin dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 octobre. Son projet est celui d'« une invitation au voyage au pas de sa porte, une aventure dans le monde de la ville et de l'art, une déambulation dans un film en trois dimensions sans scénario ni pellicule mais avec des lumières, des sons et un climat cinématographiques ».

Conçus comme « des déambulations dans un film en trois dimensions », les cinq parcours sont ponctués d'installations et d'interventions artistiques : au centre de Paris (entre le Forum des Halles et le Centre Culturel Suédois, de l'Hôtel de Ville à la Bibliothèque Nationale de France), à l'est (de l'Opéra Bastille à la pelouse de Reuilly par la « Coulée verte »), au nord-est (du jardin des Noisetiers jusqu'au Point Ephémère), au nord (de l'église Saint-Jean de Montmartre jusqu'à la Petite Ceinture). Aux parcours parisiens s'ajoute Versailles off, une programmation de Laurent Le Bon dans divers sites du château de Versailles.

Des vélos, des bus, des métros gratuits permettent au public de se rendre sur des sites proposant des concerts, des installations d'art contemporain, des projections inattendues sur les murs de la ville, des promenades dans des lieux d'habitude interdits à la visite comme les voies du train de petite ceinture condamnées.

Christophe Girard, adjoint au Maire Bertrand Delanoé chargé de la culture, insiste sur le caractère insolite des dispositifs et des espaces accessibles au public. Il convoque Les Mystères de Paris, roman feuilleton d'Eugène Sue qui plonge dans les entrailles de la ville au XIXe siècle pour en faire ressortir le folklore et l'étrangeté. Le maire Bertrand Delanoë donne une importance plus sociale à l'événement car il a « souhaité qu'elle soit d'abord un moment festif et propice à la rencontre, à l'échange et au partage des émotions. Aussi, la Nuit Blanche est une nuit pour tous : l'accès aux lieux et aux spectacles qui s'y déroulent sera entièrement gratuit » [citation tirée de la présentation de la Nuit Blanche 2005].

Les installations lumineuses et sonores changent l'image de la ville et la perception que l'on peut en avoir. Le contexte nocturne s'y prête aisément. Gonzalez, pianiste de jazz, interprète des œuvres sur les orgues de Saint-Jean de Montmartre « pour retrouver l'émotion des églises médiévales, la lumière en plus ». Le son est en effet retravaillé par ordinateur et commande un éclairage. Gaël Segalen, documentariste sonore, propose une carte postale sonore du quartier de la goutte d'or, faite de témoignages, de portraits d'habitants, de sonorités exotiques qui permettent d'approcher la variété culturelle du quartier. Le siège du Parti communiste aux volumes conçus par l'architecte Oscar Niemeyer devient laboratoire sonore et visuel pour douze compositeurs scandinaves. D'autres installations poussent l'étrangeté du côté du cinéma fantastique et d'épouvante par des décors disposés dans des espaces singuliers.

Le reportage suit différentes installations pendant les tests préliminaires pour « redécouvrir la capitale autrement, une vision décalée, forcément magnifiée par la nuit ». « Plus d'un million de personnes sont attendues », et au final ce sont 1 300 000 personnes qui ont participé à cette expérience.

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