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La décentralisation culturelle vue de Lens

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 04 déc. 2012

A l'occasion de l'inauguration du Louvre Lens par le président de la République François Hollande, le reportage va à la rencontre des visiteurs pour recueillir leurs impressions. A l'importance de l'événement culturel s'ajoute la fierté du public de voir leur territoire choisi pour cette politique de prestige.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
04 déc. 2012
Production :
INA
Page publiée le :
26 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001527

Contexte historique

Par Alexandre Boza

En 2003, dans un contexte de renforcement de la décentralisation, le gouvernement français invite les grands établissements culturels à ouvrir des antennes en province. Henri Loyrette, président-directeur du Louvre, reçoit la candidature de six villes pour l'installation d'une succursale ; Lens est finalement lauréate. Pour un budget de 150 millions d'euros pris en charge en majorité par les collectivités locales (région, communauté d'agglomérations, commune). L'Etat ne participe que pour 1 % de ce budget, moins que l'Union européenne qui en finance le quart.

Le Louvre-Lens est composé de cinq bâtiments entourés d'un parc de vingt hectares. Le Louvre répond à l'ambition politique d'une politique culturelle démocratique qui mettrait les œuvres à la portée de toute la nation. Le choix de réaliser un nouveau bâtiment marque également la volonté de renouveler la politique muséale. La nouvelle architecture reflète un nouvel esprit qui identifie un « autre Louvre » pour refléter sa source parisienne, plus qu'un « petit Louvre » pour le copier. L'architecte et scénographe Patrick Bouchain définit le projet et propose un schéma directeur, avant que sur les cent-vingt-quatre agences candidates, l'agence japonaise SANAA (distinguée en 2010 par le Pritzker Price) associée à la paysagiste Catherine Mosbach ne soit retenue. Le bâtiment est une structure basse (six mètres) et transparente. Il s'allonge sur trois cent soixante mètres de cinq pavillons articulés, noyés dans la verdure.

L'idée de renouveau est importante dans une région sinistrée par la crise depuis de nombreuses années. Autre nouveauté : les réserves et les ateliers de restauration peuvent être visitées. Le public est appelé à mieux connaître le lieu et se l'approprier davantage. Le musée est construit sur le site de l'ancienne Fosse Saint-Théodore, un des pôles du bassin minier et un symbole pour la population locale. Les vestiges sont visibles par des buttes minières laissées sur le site.

Cette politique ne concerne pas que le Louvre, ni la France seule. En 1988, la Tate Gallery ouvre une succursale à Liverpool, la Tate Liverpool, ville associée à la pauvreté et au chômage. Le musée Guggenheim de New-York fait de même à Bilbao, dans le nord de l'Espagne, en 1997. Enfin en France, le Centre Georges Pompidou met en œuvre la même démarche qui conduit à l'inauguration du Centre Georges Pompidou-Metz en mai 2010. C'est un élément d'une politique d'attractivité et de rayonnement touristique dans un espace frontalier proche du cœur de l'Europe.

Éclairage média

Par Alexandre Boza

« Premiers visiteurs sous le charme ». A peine l'inauguration faite, le succès est déjà là. Le reportage présente le jeu d'échelle. L'inauguration est à la fois un événement de la “marque” Louvre au large rayonnement, et un événement local car l'inauguration a lieu le jour de la fête de la patronne des mineurs, Sainte Barbe, fêtée le quatre décembre.

Le musée est « petite merveille muséographique » dont tout le monde parle. Même si les images montrent les défauts récurrents des inaugurations : les bâtiments sont prêts, mais les espaces paysagers beaucoup moins. Le décalage est saisissant, c'est le lot d'une nature qui ne va pas au rythme du béton. Les banderoles, la passerelle de bois et la palissade, la cabane de chantier et le sol encore terreux, la cohue, tout cela sous l'éclairage public assez violent ne rendent pas justice à un espace épuré pour être propice à l'introspection et à la culture.

Le public se réjouit, « certains sont venus très en avance », bravant le froid pour participer à cet événement culturel rare dans une région marquée par la crise et « visiter leur musée ». La proximité est au coeur du reportage, prenant à témoin ce riverain « né là, rue Paul Bert [...] donc c'est grandiose ». Sa voisine vient « découvrir cette beauté qui est dans notre région ». Xavier Dectot, directeur du musée, accueille les premiers visiteurs par un discours. Il rappelle les éléments qui président à l'ouverture du site lensois du Louvre. « On a deux objectifs : le premier c'est que des habitants du territoire qui ne vont pas d'habitude au musée, viennent au Louvre, prennent le virus et à partir de là reviennent ou aillent dans d'autres musées, et puis que des visiteurs viennent de plus loin, viennent au Louvre Lens, et du coup, en profitent pour découvrir la région. » D'un côté une dimension de politique culturelle fondée sur la démocratisation de la culture, faire venir le public à la culture par une offre culturelle. De l'autre, l'organisation et le développement du territoire par une offre visible et attractive qui peut avoir des retombées sur l'ensemble du tissu économique local, notamment les différentes activités liées au tourisme.

C'est en famille que les visiteurs viennent découvrir les deux parties de l'espace muséal. D'un côté les collections regroupent plus de deux cents œuvres présentées de manière semi-permanente dans la Galerie du Temps, dont l'accrochage est prévu pour être renouvelé tous les cinq ans. La vaste et longue salle de cent-vingt mètres de long en légère déclivité invite à entrer dans le lieu et dans l'histoire des arts. Les murs en aluminium sont laissés libres, une flèche du temps donne sens à l'organisation de l'espace.

Les œuvres, datées depuis 3500 avant notre ère jusqu'au XIXe siècle, y sont présentées sur des piédestaux. Elles sont installées en vis-à-vis, privilégiant les correspondances et les mises en relations. La transparence des vitrines facilite ces mises en correspondance par le public. Le Louvre prête les œuvres issues de ses fonds et au détour d'une image apparaissent La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix (1830) et le Portrait de Baldassare Castiglione réalisé par Raphaël (1514-1515).

Le Louvre Lens n'est pas un sous-Louvre, mais accueille des œuvres de premier plan dans le cadre d'une politique de déconcentration des grands musées parisiens. Des œuvres auxquelles le public a eu accès « sur toutes les télés » (!) selon le commentaire, mais dans le florilège des propos de visiteurs la journaliste retient qu'« avoir accès aux œuvres comme ça de près c'est très impressionnant. [...] c'est la culture à portée de la main. C'est beau ».

Le reportage (sur)joue le grand écart culturel en montrant le même soir la queue des supporters du Racing Club Lens au stade Bollaert devant les friteries. Tournée offerte pour fêter l'ouverture du Louvre Lens et feu d'artifice confirment la dimension identitaire et territoriale du musée car « ce sont bien des frites du Louvre ». Il est pour les Lensois le signe de l'importance qui leur est donnée, de la fierté d'appartenir à un territoire qui essaie de surmonter ses difficultés.

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