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André Malraux et Nadia Léger au musée Fernand Léger de Biot

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 04 févr. 1969

Visite officielle d'André Malraux, ministre d'Etat chargé des Affaires culturelles, au musée Fernand Léger à Biot. L'occasion est donnée par la dation de la collection de Nadia Khodossievitch Léger, peintre et veuve du peintre et sculpteur Fernand Léger. André Malraux visite les collections et échange avec Nadia Léger et Georges Bauquier, ancien assistant de Fernand Léger.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
04 févr. 1969
Production :
INA
Page publiée le :
26 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001528

Contexte historique

Par Alexandre Boza

L'idée de faire un musée sur le terrain acquis par Fernand Léger (1881-1955) en 1955 à proximité de Biot, dans les Alpes-Maritimes, vient de sa femme Nadia Léger, et de Georges Bauquier, son assistant et ami. L'artiste souhaitait faire du mas Saint-André un lieu d'installation de ses sculptures polychromes en céramique.

A sa mort il laisse de nombreuses œuvres dans son atelier de Gif-sur-Yvette, des travaux abandonnés, des travaux en cours d'exécution ainsi que des œuvres dont il ne voulait pas se séparer. Ce musée devient alors le plus grand rassemblement d'oeuvres de Léger au monde : peintures, dessins, céramiques, bronzes, vitraux et tapisseries forment les collections permanentes du musée. Au total 348 œuvres en constituent les fonds.

Conçu par l'architecte Andreï Svetchine, et inauguré par Gaëtan Picon, directeur général des Arts et Lettres, le 13 mai 1960, le musée Fernand-Léger n'est pas un musée national mais un musée privé. Il ne devient musée national qu'en 1967, lorsque les propriétaires décident de le céder à l'Etat, lui-même détenteur de nombreuses œuvres de Fernand Léger. Les collections privées de Nadia Léger et Georges Bauquier y sont ajoutées et ils gèrent l'édifice, la première jusqu'à sa mort en 1982, le second jusqu'en 1993. André Malraux, ministre des Affaires Culturelles, s'y rend le 4 février 1969.

Le bâtiment est d'une grande sobriété formelle. Comprenant deux ailes à angle droit, il intègre sur sa façade sud, qui est également l'entrée, une grande mosaïque réalisée d'après des études de Léger pour le stade vélodrome de la ville de Hanovre. La muséographie en est très classique, proposant des cimaises sur lesquelles les œuvres de Léger sont accrochées par période.

En 1990 et en 2008, le bâtiment du musée fait l'objet d'un agrandissement et de nouvelles installations sont inaugurées afin de faciliter la visite. Il est intégré dans un ensemble muséal comprenant le Musée Matisse et le Musée Chagall de Nice.

Éclairage média

Par Alexandre Boza

Le reportage commence comme un voyage officiel du ministre des Affaires Culturelles André Malraux. Le 4 février 1969, il se rend au Musée National Fernand Léger, pour l'anniversaire de la naissance du plasticien et pour rencontrer Nadia Léger qui a fait don au musée de sa collection. Malraux est depuis dix ans à ce poste, un ministère qui n'existait pas avant que Charles de Gaulle ne lui demande de l'exercer.

Malraux est alors en train d'inventer un modèle et de légitimer une fonction. Cela l'oblige à se rendre très visible, donc à beaucoup se déplacer. Il mène une politique culturelle active, marquée par de nombreuses inaugurations de bâtiments publics à vocation culturelle. Ce sont autant de jalons du projet de démocratisation culturelle qui vise à apporter la culture aux Français. Le musée Léger incarne le développement culturel hors de la région parisienne et complète les inaugurations de Maisons de la Culture tout au long des années 1960. Le reportage propose dans ce sens des images de la maquette du Musée National Marc Chagall inauguré en 1973 à Nice.

Le contexte politique est délicat. Après le mouvement de mai 68 et les élections de juin 1968 qu'il remporte, le gouvernement gaulliste demeure fragile. Les visites officielles sont autant de moments pour montrer son activité. Le ministre des Affaires culturelles en est un rouage car Malraux est un fidèle de de Gaulle. Le protocole rendu visible est un élément de l'Etat en représentation : l'arrivée à l'aéroport de Nice, les déplacements à bord des mythiques Citroen DS, l'accueil par les officiels locaux (le préfet, le maire de Nice Jacques Médecin).

L'inauguration est un événement mondain qui attire les photographes. Un public de curieux gravite autour du ministre qui n'a d'yeux que pour son hôte, Nadia Léger, pour le directeur du musée qui lui en fait les commentaires et pour les œuvres. Nadia Léger signale sa « lutte contre l'impressionnisme, contre les techniques impressionnistes ». Malraux est un amateur très éclairé en matière d'art, auteur de plusieurs essais critiques sur la question (Le musée imaginaire). Il commente l'unité dans l'oeuvre de Léger et l'évolution de son utilisation de la couleur : « il y a un rapport du rouge et du bleu qu'après il a abandonné et qui me paraît quelque chose de sans comparaison ailleurs ». Il esquisse avec Georges Bauquier une comparaison avec Robert Delaunay qui a fait le choix des couleurs complémentaires quand Léger fait celui des “contrastes”, de la “dissociation”. Les œuvres retracent les évolutions du style Léger, depuis l'abstraction et le cubisme des années vingt aux œuvres figuratives engagées dans une représentation des classes populaires et du travail dans les années cinquante.

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